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Éditorial

Présidentielle 2022 : Macron doit muscler sa jambe gauche !

Rédigé par | Lundi 11 Avril 2022 à 11:13

           

Sans surprise, c’est bien l’affiche Macron - Lepen tant annoncée qui est passée. Pourtant, la gueule de bois ne passe toujours pas. Comment, en effet, se remettre de cette réalité cauchemardesque de voir l’extrême droite passer au premier tour d’une élection présidentielle ? C’est la troisième fois depuis 2002 mais la nausée est toujours là. Nous regrettons vivement la non-qualification de Mélenchon, qui aurait offert un débat démocratique constructif sur des choix vitaux de société. La seule bonne nouvelle, c’est la désintégration des partis politiques historiques de la Ve République qui n’étaient absolument plus à la hauteur des enjeux d’un monde en pleine reconfiguration.



C’est donc sur un champ de ruines qu'Emmanuel Macron a progressé de 3,6 points par rapport à 2017 à l'issue de son premier quinquennat. Mais il doit faire face à une exaspération qui vient du peuple profond. Avec 21,9 % des suffrages, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon deviennent les arbitres du second tour.

Nous ne croyons pas au vote uniforme et de type communautaire, et nous devons le refuser de toutes nos forces car cela ouvrirait une boite de Pandore qui serait un très mauvais signe pour notre démocratie. Mais il semblerait qu'une majorité des électeurs de confession musulmane aient porté massivement leurs voix sur le candidat des Insoumis. En l’absence d’outils et de sondages crédibles pour objectiver ce fait, nous ne pouvons que nous fier aux sources informelles reçues au sein de notre rédaction.* Cela n'a sans doute pas échappé au président sortant au regard de son clin d'oeil aux musulmans de France fait au cours de son discours à Porte de Versailles. Il ne suffira certainement pas.

En réalité, nous ne sommes pas surpris. Cette hypothétique réalité s’interprète aisément, et pas seulement par l’explication qui nous semble la plus simple, à savoir une défiance en rapport avec la loi sur le séparatisme. Non, la raison est avant tout socio-économique.

Bien que les musulmans de France soient à la troisième et à la quatrième génération et qu’il y ait à présent de nombreux représentants de catégories socio-professionnelles supérieures (médecins, avocats, professeurs d’université, ingénieurs…), la majorité des individus qui composent les musulmans de France et qui votent massivement reste constituée d’ouvriers qualifiés, artisans commerçants, employés, enseignants et agents de maîtrise, soit exactement le spectre social des Gilets jaunes. C’est donc bien le pouvoir d’achat et non la question identitaire qui est revendiquée, même s’ils déplorent leur ostracisation dans le débat public.

Remarquons à ce sujet que l’actualité tragique de la guerre en Ukraine a, pour la première fois, mis au dernier plan le débat anxiogène de l’islam de France, ce qui a sans doute fait du bien à tout le monde, excepté les fachos.

Ce sont donc des mesures sociales fortes qu’attendent les électeurs de Mélenchon pour reporter leurs voix sur le président sortant afin de faire barrage à Marine Le Pen. Emmanuel Macron devra impérativement faire du « en même temps » avec un déhanché cette fois-ci plus à gauche.

*Mise à jour : Un sondage Ifop pour La Croix confirme le constat de notre rédaction selon lequel une forte majorité d'electeurs musulmans (7 sur 10) ont voté pour Mélenchon.

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Mohammed Colin
Directeur de la publication En savoir plus sur cet auteur


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