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Politique

Ministère de la crise des banlieues : ACLEFEU attend des « actes »

Rédigé par Pauline Compan | Jeudi 23 Février 2012 à 16:05

           

Le ministère de la crise des banlieues s'était installé pendant trois jours au 26 de la rue Geoffroy-Lasnier, dans le Marais, à Paris. Initié par le collectif ACLEFEU (Association, collectif, liberté, égalité, fraternité, ensemble, unis), ce ministère provisoire entendait interpeller les candidats à la présidentielle sur les problèmes spécifiques des quartiers populaires, grands oubliés des débats politiques. Tous les candidats étaient les bienvenus pour échanger avec les membres du collectif et exposer leurs idées.



François Hollande échange avec le collectif ACLEFEU. © collectif ACLEFEU.
François Hollande échange avec le collectif ACLEFEU. © collectif ACLEFEU.
« Dans le discours des politiques qui sont venus, les mots "quartiers populaires" ne seront plus tabous. Mais maintenant nous attendons des actes », c'est le bilan du président du collectif ACELEFEU, Mohamed Mechmache.

Depuis mardi, il accompagne les volontaires du collectif qui se sont relayés dans ce temporaire « ministère de la crise des banlieues ».

Les partis étiquetés à droite sur l'échiquier politique ne se sont pas bousculés devant l'hôtel particulier et, sur la gauche, l'absence de Jean-Luc Mélenchon, qui n'a pas fait le déplacement lui-même, a été remarquée.

Des candidats visitent le ministère temporaire

Elle est venue à la dernière minute, ce jeudi 23 février. Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie Les Verts (EELV) à l'élection présidentielle, avait dans un premier temps sollicité une visite « à Clichy ». Elle a se raviser et s'est rendue vers 17 heures, au fameux ministère. Elle a assuré le collectif de son inquiétude pour les quartiers populaires « au cœur de (s)on programme », en profitant pour souligner qu'elle « n'a pas le monopole des médias ».

Jeudi était aussi le jour de la visite de Clémentine Autain pour le Front de gauche... sans Jean-Luc Mélenchon. Lors d’un échange avec le rappeur Axiom, membre du collectif ACLEFEU, ce dernier a pointé les « insuffisances du programme du Front de gauche face aux bavures policières ou aux contrôles au faciès » et l'encourage à être « être plus clair sur sa volonté (pour les quartiers,ndlr) ».

Un candidat inattendu a également fait son apparition ce jeudi, François Asselineau de l’UPR (Union populaire républicaine). Un mouvement qui veut « rendre à la France son indépendance et sa démocratie », d’après le site Internet du candidat, alors que François Asselineau a longtemps était proche du RPF (Rassemblement pour la France) et de Charles Pasqua. « De nouveaux contacts » avec le collectif sont prévus d’après le compte Facebook du candidat.

François Hollande était là, le mercredi 22 février, dans la matinée. Le candidat PS a été interpellé sur l’absence des banlieues dans son programme. Une non-erreur pour M. Hollande qui dit inclure les banlieues dans son programme pour l’égalité des territoires et dans les mesures à destination des jeunes. « Je regrette qu’il ne cite pas clairement les banlieues alors qu’il n’hésite pas à parler des "classes moyennes", par exemple », commente Mohamed Mechmache.

Philippe Poutou, candidat du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) est passé aussi ce mercredi, accompagné d’Olivier Besancenot. Autour d’une table ronde avec les acteurs du mouvement, il a voulu exprimer son empathie pour la cause défendue par le collectif. L’ancien médiatique candidat du NPA à l'élection présidentielle, Olivier Besancenot, a appelé à « fédérer les luttes », en ces temps de crise économique et sociale. « Nous avons besoin d’un mouvement large et uni », a-t-il insisté.

L'hôtel particulier du 26 rue Geoffroy-Lasnier, a abrité pendant trois jours le ministère de la crise de la banlieue. © collectif ACLEFEU
L'hôtel particulier du 26 rue Geoffroy-Lasnier, a abrité pendant trois jours le ministère de la crise de la banlieue. © collectif ACLEFEU

Un collectif ancré dans un réseau associatif

L’initiative d’ACLEFEU est soutenue par beaucoup d’associations de lutte contre les inégalités et les discriminations ; comme le Collectif contre le contrôle au faciès, les Indivisibles ou le Forum social des quartiers populaires. Et même si la vice-présidente du collectif, Fatima, se dit « déçue que les politiques, en désaccord avec nos analyses, ne viennent pas », elle note que l’absence est déjà « une réponse en soi ».

Le collectif ACLEFEU a vu le jour après les révoltes de novembre 2005 à Clichy-sous-Bois. Depuis, le collectif met en avant deux actions principales au sein des quartiers. Le projet « Oxygène » qui permet à des familles d’être suivies dans leurs démarches administratives et citoyennes, mais aussi le projet « Passeport citoyen » qui propose à des jeunes de découvrir le fonctionnement des institutions de la République, de la mairie aux ministères, jusqu’aux institutions européennes et internationales.

Les membres du collectif ont traversé le périphérique pour trois jours, histoire d’être au centre de la vie politique française. Dans le rez-de-chaussée de l’hôtel particulier qu’ils occupent provisoirement, ils reçoivent les politiques qui font l’effort de venir écouter leurs revendications.





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