C’est à Brasilia (Brésil) que s’est tenu le premier sommet entre pays arabes et sud-américains. Ouvert mardi 10 mai 2005, il avait en vue de donner naissance à une alliance nouvelle entre deux régions distantes mais qui veulent coopérer davantage sur les plans économique et politique. Cette rencontre inédite a rassemblé les leaders des 22 membres de la Ligue arabe et des 12 pays de la Communauté sud-américaine.
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« Nous sommes devant une occasion historique de poser les jalons d'une forte coopération entre Amérique du Sud et monde arabe », a déclaré le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, à l'ouverture du sommet. Lula a rappelé que son pays était à l'origine de ce sommet dont l'objectif est de « travailler au rapprochement de deux régions lointaines ».
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Irak, « source de grande préoccupation »
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M. Moussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, a souligné que l'ensemble de la communauté arabe souhaitait « un nouvel avenir basé sur la réconciliation nationale où l'Irak retrouvera sa souveraineté et son indépendance ».
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Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, co-président du sommet en tant que président de la Ligue arabe, a qualifié l'Irak de « source de grande préoccupation dans la région ».
« Ce pays qui a tant souffert doit avoir des organisations démocratiques pour assurer au peuple irakien paix, sécurité et stabilité, et retrouver de manière souveraine son unité nationale et son intégrité territoriale », a-t-il estimé.
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Le ministre tunisien des Affaires étrangères Abdelbaki Hermassi, a confirmé pour sa part que les pays arabes présents ont souhaité que l'Irak « retrouve son intégrité territoriale et fasse évoluer ses institutions dans le sens le plus représentatif possible d'une société qui est une véritable mosaïque ».
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Le président vénézuélien Hugo Chavez a provoqué un peu d'émotion en dénonçant « l'occupation américaine en Irak » juste après une intervention de M. Talabani qui expliquait la situation politique du pays. M. Talabani a redemandé la parole pour souligner que « les troupes étrangères sont présentes en Irak dans le cadre d'une résolution » des Nations unies, affirmant que « l'Irak fera son possible pour récupérer sa souveraineté ». Il a demandé aux pays participants leur aide pour combattre le terrorisme, « un fléau international ». « Pour chaque Américain tué, 300 Irakiens innocents sont tués », a-t-il ajouté.
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Contrecarrer l’hégémonie américaine
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Les chefs de la diplomatie et hauts représentants des pays arabes et sud-américains ont en commun de vouloir contrecarrer l'hégémonie américaine et développer leurs débouchés commerciaux. Le ministre des affaires étrangères brésilien, Celso Amorim, a appelé à une « alliance entre les civilisations » rappelant les liens existant déjà , résultats de 150 ans d'immigration syro-libanaise en Amérique du Sud.
Le ministre d'Etat algérien Abdelaziz Belkhadem a souhaité l'établissement d'une « coalition sur le plan culturel, économique et politique ».
Le sommet devait aussi être l'occasion de faire un bilan des relations internationales, selon M. Belkhadem, qui a déploré les « tensions » au Moyen-Orient, citant la question palestinienne comme un point important abordé à Brasilia.
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La cause palestinienne
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Cette rencontre à vu l’adoption d’une déclaration commune condamnant l'occupation israélienne dans les territoires palestiniens et appelant à l'instauration de mesures de libre-échange permettant aux pays pauvres de se développer.
La Déclaration de Brasilia a été adoptée par les dirigeants de 34 pays d'Amérique du Sud, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Cette déclaration commune condamne par ailleurs le terrorisme, dénonce les sanctions américaines contre la Syrie et souhaite une meilleure représentation des pays en voie de développement sur la scène internationale.
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Le document, adopté à l'issue du premier sommet des pays arabes et sud-américains, réclame le démantèlement des colonies israéliennes et le retrait au niveau de ses frontières d'avant 1967. Le texte dénonce le terrorisme mais proclame le droit des peuples « à résister à l'occupation étrangère conformément aux principes du droit international et aux droits internationaux de l'homme ». La déclaration soutient les initiatives pour la paix au Proche-Orient, dont la feuille de route soutenue par les Etats-Unis, l'Union européenne, la Russie et les Nations unies.
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En marge du sommet, afin d'encourager des échanges bilatéraux encore limités (10 milliards de dollars - 7,8 milliards d'euros - par an), le Brésil a organisé une foire réunissant 1 200 industriels dont 200 arabes. Beaucoup ont confié trouver en Amérique du Sud des produits plus compétitifs qu'en Europe ou aux Etats-Unis et un climat des affaires moins crispé vis-à -vis d'un monde arabe mal perçu depuis les attentats du 11 septembre 2001.