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Cinéma, DVD

« Les Enfants de Belle Ville » ou l’amour dans tous ses états

Rédigé par Mounir Benali | Lundi 16 Juillet 2012 à 15:30

           

Après la consécration internationale de son film « Une séparation » (2011), Asghar Farhadi fait connaître l’un de ses anciens films « Les Enfants de Belle Ville » (2004) : une véritable réussite !



© Memento Films
© Memento Films
Akbar est un Iranien pas comme les autres : c’est un condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami A‘la (Babak Ansari) et sa sœur Firouzeh (Taraneh Alidoosti) vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen, dans ce pays, pour lui d’échapper à son destin.

À travers cette intrigue, Asghar Farhadi capte la jeunesse que la société iranienne rejette. Firouzeh et A‘la incarnent de manière intense ces Roméo et Juliette iraniens, dont l’histoire amoureuse est d’emblée vouée à l’échec du fait du poids des traditions mélangées à la religion, créant ainsi des frustrations au sein d’un Iran où l’amour ne peut s’exprimer librement.

Le père meurtri, M. Alboghassem (Faramarz Gharibian), est, quant à lui, touchant, pris entre le sentiment de venger sa fille décédée (plus par fierté que par amour parfois) et celui, ô combien difficile, de pardonner Akbar en lui exigeant le « prix du sang », appliqué par la justice iranienne. En réalité, le problème n’est pas le Coran, c’est l’interprétation qui en est faite, comme l’évoque cette fameuse scène où l’imam explique au père que le Coran prône le pardon, tandis qu’un homme du gouvernement lui dira que la charia est on ne peut plus claire sur son droit à se venger.

Comme dans son film Une séparation, le cinéaste offre la part belle aux femmes. Ces dernières sont toutes magnifiques : Mme Alboghassem (Ahoo Kheradmand), l’épouse qui a consacré sa vie à l’homme qu’elle aimait ; et surtout la fille de celle-ci, qui est le personnage le plus emblématique de toutes. Handicapée moteur et donc exclue par tous, condamnée à une vie de misère, cette adolescente représente de manière symbolique la condition féminine en Iran.

Une fois de plus, Asghar Farhadi frappe fort en établissant une véritable remise en question de la société iranienne : il nous offre une pépite estivale maintes fois récompensée (Festival de Fajr, Festival du film de Varsovie), à ne surtout pas manquer.


Les Enfants de Belle Ville, d’Asghar Farhadi, sortie en salles le 11 juillet.


« Les Enfants de Belle Ville » ou l’amour dans tous ses états
Première parution de cet article dans Salamnews , n° 39, juillet-août 2012.




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