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Communiqués officiels

Les Citoyens Musulmans : une marchandise qu’on monnaie

Rédigé par Doghmane Saïd | Vendredi 9 Janvier 2004 à 00:00

           

Ils disent que « Tout signe ostentatoire et ostensible est répréhensible ! » Et ils ajoutent que « Le voile devient une menace pour la République, il met en cause la laïcité ? »

Qui peut croire de telles inepties ! A travers les débats télévisés, nous avons tous pu constater l’absurdité de ces propos. Il est inutile de faire encore des analyses, des constats et de se justifier. Car depuis que nos parents ont mis le pied sur le sol français, nous n’avons cessé de le faire.



Ils disent que « Tout signe ostentatoire et ostensible est répréhensible ! » Et ils ajoutent que « Le voile devient une menace pour la République, il met en cause la laïcité ? »

 

Qui peut croire de telles inepties ! A travers les débats télévisés, nous avons tous pu constater l’absurdité de ces propos. Il est inutile de faire encore des analyses, des constats et de se justifier. Car depuis que nos parents ont mis le pied sur le sol français, nous n’avons cessé de le faire.

De l’élection de la gauche en 1981 à ce jour, on n’a pas cessé de se servir des maghrébins comme alibi pour combler un déficit de projet politique pouvant résorber les problèmes économiques que rencontre le pays dont nous sommes citoyens. Hier c’était l’insécurité, aujourd’hui c’est le voile.

 

Nous, les « Citoyens Musulmans » sommes devenus une marchandise qu’on monnaie d’un parti à un autre. Mais pour la nouveauté sur le voile (l’islam et non l’izlam) tous les partis sont d’accord. A les écouter, nous nous croirions au temps des croisades, « les Maures sont à nos portes, défendons la patrie !…» etc.

 

L’école qui est théoriquement l’outil d’intégration, est, depuis longtemps, pour nous « exclusion et frustration ». Le nombre d’enfants, parmi nous, issus de l’immigration qui atteignent le baccalauréat ne doit guère dépasser les 10% . Que deviennent les 90% ? Voilà notre réalité.

Le nombre d’associations et de personnes qui oeuvrent soit disant pour notre bien être ainsi que pour nos droits foisonnent. Mais, à part quelques cas isolés, il n’en sort rien. Aucun projet, aucune action nous permettant de réagir ne serait-ce que pour défendre notre dignité. Les débats que nous entretenons les uns avec les autres chacun dans son coin ou dans son quartier, ne nous mènent nulle part.

 

Nous attendons le « Messie » qui va nous unifier, faire le travail à notre place, se sacrifier (n’oublions pas notre frère Hani Ramadan et bien d’autres encore) pour qu’enfin on nous respecte. Cette illusion, ce mensonge que nous nous injectons chaque jour nous a conduit à l’impasse, à un vide total : pas d’unité, pas de maire, pas de député, aucune représentation, sinon quelques « arabes ou musulmans de service ». Nietzsche disait : « je cherchais des idéalistes, je n’ai trouvé que des hommes singeant leur idéal ».

 

Pourtant, face à ces insultes et à ces manipulations dont nous sommes victimes, il suffirait d’un seul jour de grève (demain aucun musulman n’ira travailler, aucun de nos enfants n’ira à l’école). Nous sommes des citoyens à part entière et pourtant nous nous conduisons et sommes traités comme des français de 2e catégorie.

 

Beaucoup de musulmans et musulmanes souffrent de cette situation. En attendant donc qu’une action d’une envergure locale ou nationale soit proposée par nos prétendus représentants, nous un petit collectif de Musulmans (appartenant à la majorité silencieuse) habitant Marseille, ne désirant pas être comme ces moutons qui sont sacrifiés chaque année, avons décidé de lutter économiquement contre cette stigmatisation et ces injustices que nous subissons constamment et notamment en période électorale en :

 

« Ne pratiquant pas le sacrifice de l’Aïd el Hadda (sacrifice du mouton) chacun de nous prendra la valeur du mouton et donnera cette somme pour la Palestine, l’Irak, l’Iran là où il pense qu’elle est nécessaire ».

 

Ce ne sont pas des Fatwas envoyées par satellite, émises par des personnes qui ne connaissent rien à notre problématique ni nos conditions de vie qui nous feront changer d’avis. Le frère Tariq Ramadan a fait son devoir, à nous de faire le nôtre.

 

L’Imam Ali que Dieu l’agrée disait : « Le Savoir appelle l’Acte, si le Savoir ne répond pas

l’Acte s’en va ».

 

Nous restons ouverts à toutes propositions constructives.

           

 

                                   Un petit collectif de Musulmans de Marseille

Saïd Doghmane





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