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Éditorial

L’extrême droite au plus haut, l’hiver vient !

La France face à elle-même

Rédigé par | Lundi 25 Avril 2022 à 11:00

           


© Flickr / Dinh Tổng Thống Pháp
© Flickr / Dinh Tổng Thống Pháp
Un score historique pour l'extrême droite. Autant dire que l’ombre de Le Pen a déjà franchi les portes de l’Élysée, les drapeaux de chaque côté, celui du cercle étoilé tombé en cendres, le tricolore devenu soudainement monocolore d’un bleu sombre de sang coagulé. Le spectre maurrassien, cette fois-ci, a été repoussé in extremis par un supplément d’âme de ce peuple républicain qui fait encore tenir notre pays. Certes fragilisé, malade, fiévreux, mais encore debout pour tenir son rang auprès des autres nations. Alors quoi de mieux pour bénir ce nouveau quinquennat après cette vision d’horreur que L’Ode à la joie, notre hymne européen !

Exception faite pour le général de Gaulle, c’est la première fois qu’un président de la Ve république est réélu après une période d’exercice de pouvoir hors période de cohabitation. Cette affirmation répétée en boucle par les lieutenants de la Macronie tel un mantra peine à dissiper le malaise. Pour les esprits lucides et éclairés, cette « performance » a des similarités avec la communication ayant suivi la prise de Koufra par le commandant – et futur général – Leclerc en janvier 1941.

Face au chaos et à la désolation, il fallait un symbole puissant pour éviter la cassure irrémédiable de notre corps social après celle de notre corps politique. Si des signaux suffisamment crédibles ne sont pas envoyés au peuple dans les prochains jours, Emmanuel Macron subira la cohabitation comme d’autres présidents avant lui. Jean-Luc Mélenchon a en effet toutes les chances de réussir son troisième tour s’il réussit à rassembler les autres forces de gauche dans la bataille des législatives. En effet, les populations en situation de fragilité veulent du changement immédiat dans leur vie ! Et plus des promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.

Le compte à rebours a déjà commencé

Comme attendu, l’écart s’est réduit. Le second tour de la présidentielle a connu le plus fort taux d’abstention jamais enregistré sous la Ve République si nous ne comptons pas celui de 1969 où le Parti communiste, alors premier parti du pays, avait ordonné à ses membres de ne pas voter. C’était une autre époque, celle des 30 Glorieuses. La France avait pour principal souci de ne pas manquer d’ouvriers prélevés à ses anciennes colonies. Cet import massif de muscles aux origines extra-européennes commença en 1945 pour reconstruire le pays en ruines puis poursuivi afin de soutenir la croissance. L’intégration n’était pas un sujet. Parqués, ghettoïsés, communautarisés, l’essentiel « était la force de travail disponible H24 ». Alors cette fameuse abstention de 1969 relevait, elle, de la stratégie issue d’une colère canalisée face à des candidats républicains jugés « bonnet blanc, blanc bonnet ». Il n’y avait pas d’extrême droite.

L’abstention de ce 24 avril dégage, elle, une odeur putride de désespoir mêlée à la colère. Le président, le gouvernement, les assemblées, de nombreux corps intermédiaires, des élus des associations et des citoyens de moins en moins nombreux n’ont pas encore été mordus par les crocs assoiffés de rancœurs de l’extrême droite.

Ce sera la dernière fois ! Nous avons un répit de cinq ans et le compte à rebours a déjà commencé. Si rien n’est fait d’ici là, notre pays tombera dans les griffes de la bête. Oui, car c’est la force de gravité du moment. Notre pays, vieille nation de plus de 2 000 ans d’histoire, tête de pont de l’Union européenne, se consumera alors sous l’action des acides identitaires et sera réduite au silence par la montée des États totalitaires dans le monde. La guerre en Ukraine en donne déjà un avant-goût. Nous sommes collectivement responsables. Winter is coming.

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Mohammed Colin
Directeur de la publication En savoir plus sur cet auteur


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