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Sur le vif

États-Unis : la mort d'un homme diabétique après son expulsion vers l'Irak indigne

Rédigé par Lina Farelli | Samedi 10 Août 2019 à 10:37

           


Il s'appelait Jimmy Al Daoud et est mort mardi 6 août en Irak moins d'un mois après son expulsion des Etats-Unis où il y vivait pourtant depuis l'âge de six mois, rapporte l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU).

La mort de cet habitant de Détroit dans un pays qu'il n'a jamais connu et dont il ne connaissait pas la langue est probablement due au fait qu’il n'a pu obtenir les doses d’insuline qu’il lui fallait puisqu’il était diabétique.

Né en Grèce après que sa famille ait fui l’Irak, Jimmy Al Daoud n’a pas pu bénéficier de la nationalité grecque dans la mesure où ce pays n’applique pas le principe le droit du sol octroyant aux individus nés sur son territoire la citoyenneté. Obtenant l'asile aux États-Unis, sa famille, membre de la communauté catholique chaldéenne, a eménagé à Détroit où Jimmy Aldaoud a grandi et a vécu jusqu’à son expulsion.

Edward Bajoka, avocat à l’immigration américaine, a décrit Jimmy Al Daoud comme un homme de 41 ans souffrant de schizophrénie paranoïaque et de troubles de santé mentale. Ses problèmes psychiques ont eu un rôle dans les problèmes judiciaires auxquels il a été confronté avant son expulsion, a-t-il expliqué. Il avait purgé une peine de 17 mois de prison pour intrusion sur une propriété privée, conduite dangereuse et vol de véhicule à moteur.

N’ayant jamais pu obtenir la citoyenneté américaine, Jimmy Al Daoud, en sa qualité d’étranger qui a des antécédents judiciaires, est alors devenu éligible à l’expulsion, selon les critères de l'ICE, l’agence américaine de police douanière et de contrôle aux frontières. Il a été expulsé vers l'Irak le 2 juin.

Une expulsion synonyme de « peine de mort »

Courant du mois de juin, une vidéo le montrant assis sur un trottoir à Bagdad a été diffusée sur les réseaux sociaux. « Je dors dans la rue. Je suis diabétique. Je reçois des injections d’insuline, je vomissais… je dormais dans la rue en essayant de trouver quelque chose à manger. Vous savez, je n’ai rien ici », se plaignait-il dans la vidéo.

« La mort de Jimmy a dévasté sa famille et nous-mêmes. Nous savions qu’il ne survivrait pas s’il était expulsé. Ce que nous ignorons, c’est combien de personnes de plus ICE enverra à la mort », s’est exprimée Miriam Aukerman, avocate pour l’ACLU.

Le triste sort de Jimmy Al Daoud est une conséquence directe de la politique de l’administration Trump sur l’immigration, déplore l'ACLU. En dépit du fait qu’il n’a jamais vécu en Irak, qu’il ne parlait même pas arabe et qu'il était malade tant sur le plan physique que psychique, l’ICE a décidé de l’expulser. « Repose en paix Jimmy. Votre sang est sur les mains de l’ICE et de cette administration (américaine) », a posté Me Edward Bajoka sur Facebook.

L’ICE affirme avoir donné à Jimmy Al Daoud un « complément de médicaments » avant son expulsion pour « pour assurer la continuité des soins ». Mais pour l'ACLU et ses soutiens, il n'aurait jamais dû être expulsé.

Selon The Detroit News, le corps de Jimmy Al Douad sera renvoyé aux Etats-Unis pour être enterré auprès des membres de sa famille décédés.





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