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Société

Crash aérien aux Comores : la colère des familles des 152 victimes

Avion poubelle

Rédigé par Sonia Carrère | Jeudi 2 Juillet 2009 à 20:37

           

Les Comores sont en deuil, la France aussi. Le 30 juin, l’Airbus A310 assurant la liaison entre Sanaa (au Yémen) et Moroni (aux Comores) s'abîme au large des côtes des Comores. A son bord, des Parisiens et des Marseillais, entre autres. De la tristesse, de la colère, de l’incompréhension. Les familles des victimes accusent la compagnie Yemenia d’être responsable de l’accident, à cause de leurs « avions poubelles ». Retour sur ce drame qui n’a laissé qu’une seule survivante.



Des membres de la communauté comorienne tentent de bloquer les départs des vols de la compagnie Yemenia, en signe de protestation. (Photo : Thomas Padilla)
Des membres de la communauté comorienne tentent de bloquer les départs des vols de la compagnie Yemenia, en signe de protestation. (Photo : Thomas Padilla)
Ils étaient 153 à prendre ce vol. Parmi eux, 61 passagers étaient de la région de Marseille et de nombreux autres étaient de La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Certains partaient pour un mariage, d’autres pour aller voir leur famille. A Paris puis à Marseille, ils voyagent en Airbus A330, mais changent d’avion au Yémen, et montent dans un A310 de la compagnie Yemenia, un appareil qui avait été exclu de la France pour cause d’« irrégularités dans ses équipements », selon les propos de Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat français aux Transports.

Alors qu’il arrive tout près de Moroni, où il devait se poser, l’avion se crashe. Il n’y a qu’une seule survivante, c’est une jeune fille de 14 ans, Bahia Bakari, qui a perdu sa maman dans l’accident. La jeune rescapée a été rapatriée à Paris, le 2 juillet. « Tu es pris entre les deux : la joie de ta fille et le chagrin de ta femme », raconte Kassim, le père de Bahia, les larmes aux yeux, sur TF1.

De la tristesse à la colère

A l’aéroport Marseille-Provence, c’est l’indignation. Les familles des victimes sont accueillies et doivent attendre un long moment avant d’avoir la liste des passagers.

C’est Nassurdine Haidari, adjoint au maire du 1er secteur de Marseille, qui annonce les noms. Chaque nom prononcé engendre des pleurs, des cris. Ici, on ne peut pas dire qu’après la pluie vient le beau temps, mais plutôt l’orage.

La colère des proches face à la compagnie Yemenia ne se fait pas attendre. Ils dénoncent des conditions de vol déplorables, au niveau de l’hygiène, du confort mais surtout de la sécurité. Depuis des années, ces « avions poubelles » sont sujets à une polémique grandissante.

On paye moins cher qu’Air France et les bagages peuvent aller jusqu’à 50 Kg, mais à quel prix ? 20 000 euros, c’est ce que devraient toucher les familles en dédommagement, de la part de Yemenia, alors qu’un voyage jusqu’aux Comores coûte près de 2 000 euros.

Un hommage national

A la Mosquée de Paris comme dans la plupart des mosquées de France et des Comores, la prière du vendredi 3 juillet sera spéciale : ce sera la prière de l’absent, en hommage aux victimes.

Le 2 juillet, Nicolas Sarkozy s’est rendu à la Grande Mosquée de Paris pour assister à une cérémonie interreligieuse, et s’est adressé aux familles avant la prière.

A Marseille, rien n’est encore officiel concernant l’hommage pendant la prière du vendredi. Les Marseillais se mobilisent en défilant - notamment le soir du drame - devant le consulat.
Vendredi, une cérémonie d’hommage et de recueillement est organisée à la place Bargemon, à 15 h 30 ; et samedi, une marche silencieuse est prévue à 14 h 30, au départ de la porte d’Aix.

Sur Facebook aussi on clame son indignation et sa tristesse. Des messages de soutien aux familles, mais surtout des prières pour les défunts : « Allah yarahma » ou « Allahou ya rahmou ».

Dans une lettre adressée ce jeudi à Nicolas Sarkozy, des représentants de la communauté comorienne demandent qu'une commission d'enquête soit établie sur les causes de la catastrophe et, surtout, que la France accepte d'affréter un vol pour que les familles endeuillées puissent se rendre aux Comores.




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