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Religions

Bosnie : le patrimoine religieux en question

Rédigé par Assmaâ Rakho Mom | Mardi 17 Juin 2008 à 12:32

           

En Bosnie, et au sein de l'ex-Yougoslavie en général, le patrimoine religieux, chrétiens comme musulmans, a été partiellement détruit durant la guerre. Parfois, ce sont des joyaux architecturaux et historiques qui ont été rayés du patrimoine. D'autres fois encore, des mosquées détruites ont vu s'édifier à leur emplacement des églises.



'70 à 75 % des destructions ont frappé des bâtiments musulmans

Une mosquée dans le quartier de Bascarsija, à Sarajevo (Bosnie)
Une mosquée dans le quartier de Bascarsija, à Sarajevo (Bosnie)
Ce fut justement le cas dans le petit village de Divic, dans l'est de la Bosnie. Vendredi 13 juin, a en effet débuté la démolition d'une église bâtie là à la place d'une mosquée, détruite elle durant la guerre qui a eu lieu entre 1992 et 1995.

La mosquée du village de Divic avait été détruite au tout début de la guerre par les forces serbes bosniaques qui contrôlaient alors la partie est de la Bosnie et en avaient chassé la majorité des habitants croates et musulmans.

Selon le prêtre orthodoxe local, Rade Tesic, cité par l'Agence France presse, c'est la Communauté islamique bosniaque qui supportera le coût de la démolition puis de la reconstruction de l'église, un kilomètre plus loin, un coût qui s'élève à 200 000 euros.

Durant la guerre, qui a entrainé la mort de près de 100 000 personnes et en a déplacé plus de deux millions, "70 à 75% des destructions ont frappé des bâtiments musulmans", selon Jean-Arnaud Dérens, le rédacteur en chef du Courrier des Balkans et auteur en 2007, avec Laurent Geslin, d'un ouvrage paru aux éditions Non-lieu et intitulé Comprendre les Balkans. Histoire, sociétés, perspectives.

Joint par Saphirnews, Jean-Arnaud Dérens nous a en outre expliqué que les lieux de culte musulmans détruits durant la guerre en Bosnie peuvent être classés en deux catégories. Il existe en effet une "différence" entre "un bâtiment bénéficiant d'un classement au patrimoine de l'UNESCO" : sa destruction engage alors la responsabilité de l'Etat, et par la même la prise en compte par celui-ci de sa reconstruction ou de sa rénovation. Mais si le patrimoine n'est pas classé, c'est alors souvent la "Communauté islamique bosniaque qui finance sa reconstruction".

Procès

Par ailleurs, traînant depuis plusieurs années déjà, un procès opposant la Communauté islamique bosniaque à la Républika Srpska (République serbe), plus précisément à la ville de Banja Luka, et concernant la destruction du patrimoine religieux musulman pendant la guerre, s'est ouvert devant le tribunal de la ville de Banja Luka. "C’est la première fois qu’une une communauté religieuse va chercher à obtenir devant un tribunal réparation pour les dommages subis, ainsi que la punition des personnes responsables de la démolition des bâtiments", pouvait-on lire le 18 mai dernier dans le Courrier des Balkans.

"Certains de ces monuments étaient d’une valeur historique et culturelle inestimable. Parmi eux, la mosquée de Ferhat Pasina, à Banja Luka connue sous le nom de la mosquée de Ferhadija, construite en 1579 et détruite en 1993, qui était inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, ainsi que la mosquée Arnaudija, construite en 1594, inscrite elle aussi au patrimoine de l’Unesco", y lit-on encore.

Communauté islamique bosniaque

Durant "l'époque yougoslave", nous a encore précisé Jean-Arnaud Dérens, c'est la Communauté islamique de Yougoslavie, alors basée à Sarajevo, qui faisait office d'instance représentative des musulmans. "A partir de 1991/1992", alors que débutait le processus d'éclatement de l'ex-Yougoslavie, l'instance s'est retrouvée "en apesenteur", selon les termes employés par le rédacteur en chef du Courrier des Balkans.

Puis "en 1993, est née la Communauté islamique bosniaque, présente dans les principales villes" de Bosnie. "Représentative, puissante et centralisée", Jean-Arnaud Dérens souligne également le fait qu'elle est "extrêmement riche" et qu'elle possède un "poids foncier énorme", disposant aussi bien de bâtiments que de terrains sur lesquels elle fait parfois construire des supermarchés générant beaucoup d'argent. L'argent venant par ailleurs aussi des fidèles eux-mêmes et des waqfs, ainsi que de l'étranger (Moyen-Orient et Turquie en particulier).

La Communauté islamique bosniaque gère par ailleurs "le système d'enseignement" ainsi que l'Université islamique de Bosnie. Et le reis, le Dr Mustapha Ceric, a sous ses ordres 5 ou 6 muftis répartis dans les principales villes du pays et le représentant.





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