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Sur le vif

Australie: tollé après les propos d'un mufti

| Jeudi 26 Octobre 2006 à 10:41

           


Jeudi, les autorités australiennes ont réclamé l'expulsion du mufti du pays après ses propos comparant les femmes légèrement vêtues à de la "viande à l'air" qui ont suscité un tollé jusqu'au sein de sa communauté.

Cheikh Taj Aldin al-Hilali, plus haut dignitaire musulman du pays, a fait cette remarque dans un prêche prononcé le mois dernier durant le mois de jeûne du ramadan, selon le quotidien The Australian.

"Si vous placez de la viande dans la rue, dans le jardin ou dans un parc sans la couvrir et que les chats viennent la manger... qui doit-on blâmer, les chats ou la viande à l'air?", avait-il lancé devant 500 fidèles, selon la même source. "La viande à l'air, voilà le problème. Si elle (la femme) était restée dans sa chambre, chez elle, portant son voile, aucun problème ne serait arrivé", avait ajouté le mufti.

Ses propos ont aussitôt déclenché une levée de boucliers. La responsable de la Commission gouvernementale de lutte contre la discrimination, Pru Goward, a appelé à démettre le religieux de ses fonctions et à l'expulser du territoire. "C'est une incitation au crime.... De jeunes musulmans qui commettraient des viols pourraient se prévaloir de ces remarques, citer cet homme... leur chef spirituel, devant un tribunal", s'est-elle insurgée.

"Je pense qu'il est temps qu'on lui demande de partir et j'invite les autorités à se demander si l'on doit permettre à un homme qui incite de jeunes musulmans au crime, car c'est ce qu'il a fait, à demeurer sur le territoire", a-t-elle dit. Elle n'a pas précisé si le mufti d'origine égyptienne arrivé en Australie du Liban en 1982 possédait ou non la nationalité australienne.

Le chef religieux a tenté de se défendre en affirmant qu'il faisait spécifiquement référence aux prostituées, mais, selon The Australian, son prêche ne spécifiait pas cette distinction.

Les organisations islamiques se sont rapidement démarqués des déclarations du religieux qu'elles ont condamnées sans ambages. Le Conseil islamique des Nouvelles-Galles-du-Sud, dont Sydney est la capitale, a ainsi qualifié ses remarques de "non islamiques, non-australiennes et inacceptables". Le porte-parole du Conseil islamique de l'Etat de Victoria a dit craindre que cette sortie n'engendre des représailles contre la communauté musulmane d'Australie forte de 300.000 personnes.

"Je m'attends à un déluge de courriels haineux, à ce que des gens soient injuriés dans la rue et au travail", a déploré Waleed Aly. Cheikh Taj Aldin al-Hilali est coutumier des sorties fracassantes. En juillet 2005, il avait déclaré au journal The Australian que les religieux radicaux constituaient "une maladie semblable au sida que l'on ne peut pas soigner avec de l'aspirine". Un mois plus tôt, le mufti soutenait qu'il était parvenu à négocier la libération d'un otage australien, Douglas Wood, kidnappé en Irak en avril 2005.

Cette nouvelle polémique intervient dans un contexte de tension communautaire. Début septembre, le Premier ministre John Howard s'était attiré les foudres des musulmans en les exhortant à mieux s'intégrer dans la société.




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