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Monde

Au nom de la vie, le Forum mondial de l’eau

Rédigé par | Samedi 21 Mars 2009 à 13:15

           

L’eau non potable tue aujourd’hui trois millions de personnes, ce qui fait d’elle la cause première de mortalité dans le monde. Source de conflits en raison du changement climatique, elle se fait rare au fil des années. Du 16 au 22 mars, Istanbul est la capitale mondiale de l’eau. Le cinquième Forum mondial qui lui est dédiée tire la sonnette d’alarme. Le moment de trouver des solutions durables pour préserver « l’or bleu » et améliorer son approvisionnement comme l’assainissement dans les pays en voie de développement.



Thème du Forum 2009:
Thème du Forum 2009:
La demande en eau n’a jamais été aussi importante. Or, 2,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et à l’assainissement de base, ce qui provoque la mort de trois millions de personnes par an. 67% de la population mondiale n’auront sans doute pas accès à un système d’assainissement décent en 2030. La planète, qui compte 6,6 milliards d’habitants, en comptera plus de 9 en 2050. Dans le même temps, 90% des trois milliards se trouveront dans les zones où l’accès à l’eau potable n’est pas garanti.

Le rapport des Nations Unies, officiellement présenté lundi à l’occasion du Forum mondial de l’eau à Istanbul, est alarmant. C’est dans ce contexte que se réunissent pendant une semaine chefs d’Etats, parlementaires, élus locaux mais aussi ONG, scientifiques, universitaires, écologistes et ingénieurs pour réfléchir ensemble aux solutions et faire face efficacement au problème de l’eau.

A cette occasion, Istanbul attendait près de 20 000 participants pour cette grande manifestation organisée tous les trois ans par le Conseil mondial de l’eau. Depuis lundi, ce ne sont pas moins de 29 000 personnes présentes sur le site comme le confirme Djamel Misraoui, l’un des représentants du Secours Islamique France venu en Turquie dans le cadre d’une délégation formée par le Partenariat français de l’eau (PFE). « Tout le monde a tiré la sonnette d’alarme. Le plus grand défi du XXIème siècle est l’eau. Depuis Mexico (Forum 2006, ndlr), le monde est entré dans une nouvelle phase, de grands enjeux ont été médiatisés comme la crise financière, la crise climatique et la crise alimentaire. L’eau est quasiment au centre de tous ces enjeux planétaires ».

Les regards tournés vers les décideurs politiques

L’absence et la mauvaise qualité de l’eau est la première cause de mortalité dans le monde. Diarrhées et choléra font des ravages dans les pays en voie de développement. « Qui dit non accès à l’eau potable, dit atteinte directe à la dignité de l’homme qui ne peut être négociable », affirme M. Misraoui.

La planète ne dispose que de 3% d’eau douce. L’agriculture en absorbe 70%. Selon le rapport de l’ONU, la demande en eau pour ce secteur passera de 70 à 90% d’ici 2050 en raison de la croissance démographique, l’augmentation du niveau de vie, le changement des habitudes alimentaires et l’utilisation accrue des biocarburants.

De ce fait, il s’avère nécessaire d’améliorer la gestion de l’eau. Les décideurs politiques ont un rôle très important à jouer, souligne le représentant du Secours Islamique. « Ce forum permet de mettre à plat les questions liées au partage de l’eau mais surtout à l’assainissement et à l’hygiène. Il faut mobiliser les autorités locales, les gouvernements dans ce domaine qui reste très négligé. Si on investit peu dans l’assainissement, les dégâts sont plus nombreux ».

« Aujourd’hui, les bailleurs de fonds internationaux ne peuvent se mobiliser pour ce type de programme que lorsqu’il y a un ensemble de garanties. La bonne gouvernance en est la première », fait-il savoir. Comme lui, Koichiro Matsuura, directeur général de l’UNESCO, juge ce critère primordial. « Avec la multiplication des pénuries, la bonne gouvernance est plus que jamais nécessaire dans la gestion de l’eau. Combattre la pauvreté dépend aussi de notre capacité à investir dans cette ressource », a t-il déclaré lundi.

Investir dans l’eau se révèle rentable

Le rapport estime que chaque dollar investi pour améliorer l’accès à l’eau se traduit par des gains allant de 3 à 34 dollars. Mais la crise financière est passée entre-temps, ce qui fait craindre un sérieux désinvestissement dans ce domaine. Lorsqu’elle est faible, le produit intérieur brut (PIB) peut en être affecté notamment en Afrique, continent le plus touché par les pénuries d’eau.

« Les pays africains sont les plus en retard dans ce domaine et la crise financière va encore accentuer ce problème. Cela ne nous empêche pas de continuer à travailler, on a besoin de plus d’innovations. Par exemple, l’IFAD - International Fund for Agricultural Development - ont exposé des solutions innovantes dans le monde arabe pour permettre d’améliorer l’accès à l’eau potable dans les zones arides et marginalisées. Il existe des solutions à condition de faire intégrer la société civile et les politiques dans le processus », affirme M. Misraoui. Parmi d'autres, le traitement des eaux usées et des eaux salées, dont il est largement question au Forum, sont des solutions alternatives qui ont grandement besoin d’être pris en compte.

Mais ces techniques ne remplacent pas non plus les principes de précaution. Principal responsable des pénuries, l’homme se doit d’avoir un comportement responsable et éthique, rappellent les ONG, proscrivant ainsi le gaspillage même en situation d’abondance comme l’exige l’Islam. « On est entré dans une phase de pénurie. On considère l’eau comme un trait d’union entre les peuples, les religions et les cultures car l’islam a parlé d’équité dans la gestion de l’eau. C’est un droit pour tous les hommes. On se doit de la préserver », conclut M. Misraoui.


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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