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Monde

Abu Dhabi : une nouvelle base militaire française

Rédigé par Anissa Ammoura (avec AFP) | Mercredi 27 Mai 2009 à 09:00

           

Le temps d'une visite express, le président français Nicolas Sarkozy a inauguré mardi 26 mai la nouvelle base militaire permanente française, à Abu Dhabi. Annoncée en janvier 2008, ce « camp de la paix », qui comprend trois sites, naval, aérien et terrien, accueillera 400 soldats dès cet été. Il s'agit là de se doter d'une position stratégique sur le plan militaire – puisque la base est située face à l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme nucléaire –, mais aussi sur le plan commercial. Plusieurs patrons français faisaient d'ailleurs partie du voyage présidentiel, dans le but de négocier plusieurs gros contrats avec les Émiratis.



Mardi matin, sur la base navale du nouveau site militaire français du port d'Abu Dhabi, Nicolas Sarkozy et le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, cheikh Seïf ben Zayed al-Nahyan.
Mardi matin, sur la base navale du nouveau site militaire français du port d'Abu Dhabi, Nicolas Sarkozy et le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats arabes unis, cheikh Seïf ben Zayed al-Nahyan.
Arrivé lundi aux Émirats arabes unis pour une visite officielle, le président Nicolas Sarkozy a inauguré mardi 26 mai, à Abu Dhabi, une base militaire permanente de la France, située sur les rives du détroit d’Ormuz, face à l’Iran. Il s’agit de la première base militaire, depuis les indépendances africaines.

Un an et demi après l’annonce de la création de ce « camp de la paix », le 15 janvier 2008, le président français a officiellement coupé le ruban, en présence du vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur des Émirats, cheikh Seïf ben Zayed al-Nahyane. Ce nouveau camp hébergera dès cet été plus de 400 soldats français.
Trois sites constituent ce camp : une base navale et de soutien logistique dans le port d’Abu Dhabi ; une base aérienne, où stationnera un détachement de trois avions de combat ; et un camp d'entraînement.

Une région névralgique

À cette occasion, Nicolas Sarkozy a expliqué que le déploiement de l'armée française au Moyen-Orient « illustre les responsabilités que la France, puissance globale, entend assumer aux côtés de ses partenaires privilégiés dans une région névralgique pour le monde entier ».

Installée à la demande des autorités émiraties, cette base militaire constitue aussi « le témoignage concret et fort de notre souhait de nous tenir, quoi qu'il advienne, aux côtés des Émirats arabes unis », a précisé le chef de l’État devant le prince héritier d'Abu Dhabi, cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyane.

Après un dîner privé, lundi, avec ce dernier, Nicolas Sarkozy a déjeuné mardi avec l'émir d'Abu Dhabi et président de la fédération des Émirats, cheikh Khalifa ben Zayed al-Nahyane. Au menu : nouveau partenariat stratégique entre les deux pays et relations économiques. Les deux pays en ont profité pour renouveler leur accord de défense datant de 1995. Selon Nicolas Sarkozy, le nouveau document prévoit que « nous décidions en commun des réponses spécifiques et adaptées, y compris militaires, lorsque la sécurité, la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance des Émirats sont affectées ».

Alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a exclu, ce lundi 25 mai, toute discussion avec ceux qui l'accusent de vouloir se munir de l'arme nucléaire, le chef de l'État français a toutefois précisé que « la présence militaire permanente de la France ne vise personne ». « Tout le monde sait que la France cherche partout à faire prévaloir des solutions pacifiques », a-t-il expliqué.

Intérêts militaires et commerciaux, mais aussi aura culturelle

Mais cette nouvelle base militaire et la visite du président français révèlent aussi des intérêts commerciaux et pas que militaires. Nicolas Sarkozy, accompagné de patrons français a ainsi fait la promotion du consortium français composé d'Areva, de GDF-Suez, de Total et d'EDF, en concurrence avec les États-Unis, pour un gros contrat de réacteurs nucléaires de nouvelle génération. Les Émiratis doivent délibérer à la mi-septembre pour ce contrat.

La France espère décrocher un autre contrat : celui d’une soixantaine de Rafale, vendus par Dassault, pour remplacer les Mirage 2000 de l'armée de l'Air émiratie. Le ministre des Affaires étrangères des Émirats, cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, a fait état mardi de « progrès » sur ce dossier.

Nicolas Sarkozy a également entendu faire de la base française une vitrine de la technologie militaire française. Il a ainsi conclu sa visite express mardi après-midi par une démonstration du Rafale sur la nouvelle emprise française de la base aérienne émiratie d'Al-Dhafra.

Entre-temps, il a aussi donné symboliquement le coup d'envoi aux travaux du futur « Louvre des sables », à Abu Dhabi, qui a vocation à devenir le « premier musée universel du Moyen-Orient ». Projet dirigé par l'architecte français Jean Nouvel, ce musée devrait ouvrir ses portes en 2012-2013, sur l'île artificielle de Saadiyat (« île du Bonheur ») ; il a fait l'objet d'un accord signé en 2007, entre la France et les Émirats, pour trente ans et en contrepartie de 1 milliard d'euros.

Une présence militaire française diversement appréciée

Situé dans le golfe Persique, Abu Dhabi – du nom de la ville – est le plus grand et le plus riche des sept Émirats qui constituent les Émirats arabes unis, puisqu'il dispose, notamment, d'importantes réserves de pétrole et de gaz. Plus de 3 000 expatriés français y résident déjà.

En plus des Émirats, la France est encore présente militairement dans plusieurs autres pays du monde, en soutien ou non de missions européennes et des Nations unies : en Afghanistan (plus de 1 millier d'hommes) ; en Côte d'Ivoire (3 150 hommes) ; dans les Balkans (2 180 hommes) ; au Liban (au moins 2 460 hommes) ; et en République démocratique du Congo (RDC ; 880 hommes). Mais ces ancrages militaires français ne sont pas du goût de tout le monde.




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