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Communiqués officiels

le Collectif des Musulmans de France désavoue le CFCM

Rédigé par Imarraine Fouad | Lundi 28 Avril 2003 à 00:00

           

Depuis janvier 2002, le Collectif des Musulmans de France ne cesse de désavouer le processus de la Consultation qui devait aboutir au CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Nous avions dénoncé dans un premier temps l’attitude du ministre de l’intérieur chargé des cultes de l'époque, Jean Pierre Chevènement, qui avait demandé aux musulmans de ratifier le texte relatif au cadre juridique de la laïcité. La ligue des droits de l'homme en a dénoncé autant l'attitude du ministre. D’autre part, nous avions signalé que la place accordée aux chancelleries étrangères dans ce processus n’était pas pertinente pour une institution qui se voulait représentative et transparente.



Depuis janvier 2002, le Collectif des Musulmans de France ne cesse de désavouer le processus de la Consultation qui devait aboutir au CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Nous avions dénoncé dans un premier temps l’attitude du ministre de l’intérieur chargé des cultes de l'époque, Jean Pierre Chevènement, qui avait demandé aux musulmans de ratifier le texte relatif au cadre juridique de la laïcité. La ligue des droits de l'homme en a dénoncé autant l'attitude du ministre. D’autre part, nous avions signalé que la place accordée aux chancelleries étrangères dans ce processus n’était pas pertinente pour une institution qui se voulait représentative et transparente.

 

Notre désaccord sur le projet du CFCM n’est pas un simple rejet du formalisme ou de toute institutionnalisation, ce n’est pas l’expression d’un radicalisme d’une jeunesse musulmane 'excitée' des banlieues qui choisit de vivre dans la marginalité, ce n’est pas une demande de participation à un projet qui n’aurait pas tenu compte de notre particularité socio-politique non plus. Nous clamons fort que le respect des principes régissant notre société doivent être appliqués à tous et doivent être respectés par tous.

 

 

Au fur et à mesure de l’évolution du projet, nos craintes se confirmaient :

-         Irrespect total des principes de la laïcité de la part des pouvoirs publics. Rappelons que le cadre juridique et l’orientation philosophique de la laïcité promeut l’organisation du culte à partir de ses principes endogènes d’organisation.

-         Choix politique de représentants du culte musulman. Ingérence dans l’exercice du culte après la cooptation de personnes censées être représentatives aux yeux des pouvoirs publics.

-         Implication des chancelleries pendant la 'campagne de sensibilisation'. Les pouvoirs publics ont accordé une place particulière aux consulats et aux ambassades de pays étrangers.

-         'Confusion' totale dans la communication du projet accompagné et orienté par les pouvoirs publics.

-         Orientation délibérée ou non dans la présentation des principes de fonctionnement :

§         Personnes choisies pour le bureau directeur en dehors de toute élection

§         Personnes cooptées dans le Conseil d’Administration par les pouvoirs publics

§         Elections pour les instances régionales par les délégués des mosquées

§         Le nombre des délégués défini en fonction de la surface de la mosquée !

§         Confusion dans la définition même du rôle du CFCM; est-ce une instance pour des affaires d'ordre cultuel ou est ce une instance représentative des musulmans de France ?.

La liste est longue des manquements aux règles démocratiques et de transparence pour un projet aussi important que celui d’une instance représentative d’un culte. Cela risque d’être préjudiciable pour l’avenir des musulmans.

 

Les élections du 6 et 13 avril 2003 ont été le seul moment où se manifestait un semblant de transparence et d’élection.

En fin de compte le CFCM aura permis :

-         A certaines mosquées et fédérations de redorer le blason. Ce conseil aura réhabilité des structures en perte de vitesse. Des organisations de plus en plus en déphasage avec la réalité de l'Islam et des musulmans en France.

-         A des personnalités de paraître comme des médiateurs incontournables. A défaut d’être choisies par la base, elles ont été nommées par les pouvoirs publics.

-         Au ministre de l’intérieur de faire un effet d'annonce supplémentaire parmi d'autres à l’approche des élections régionales de 2004.

-         De reconnaître et institutionnaliser la place des pays étrangers dans la gestion de l'Islam en France.

-         Sous la pression des pouvoirs publics, à précipiter l'organisation des musulmans de France. Un processus naturellement lent pour tenir compte de la diversité des musulmans.

 

Le CFCM ne sera pas sans conséquences sur la vie des musulmans en particulier et de la société française en général. Au moment où l’on voit émerger des expériences réussies, la construction d’organisations régionales voire nationales, des organisations spécialisées qui traduisent la normalisation du fait musulman, nous assistons à l’émergence d’un organe non choisi par la base, opaque, prendre une place centrale. L’avenir nous montrera son efficacité et l’intelligence de ses membres à en faire un outil au service des musulmans et de l’ensemble de la société.

De par le passé, nous avons été témoins des limites de certains acteurs du paysage islamique de France : incapables de s’articuler avec les nouvelles réalités de la société et de la communauté musulmane française elle-même.

 

 

C’est parce que nous sommes conscients de la nécessité et de l’importance de la représentativité de l’islam dans notre pays.

C’est parce que nous sommes conscients de la complexité sociale, culturelle, économique et politique des musulmans de France.

C’est parce que nous sommes conscients que le citoyen, a besoin d’outils (éducation, connaissance…) pour agir (s’organiser, choisir ses représentants…).

C’est parce que nous sommes conscients des enjeux, nationaux et internationaux, que représente l’islam,

…que nous sommes convaincus que :

-         l’islam doit être considéré comme un fait de société et non comme un simple enjeu politique. Un processus de représentativité doit être mis en marche, cela demande du temps, un temps social, philosophique et non un temps politique. Si l’Etat doit jouer un rôle, il devrait être celui de rappeler à l’ensemble de la société les principes régissant la pluralité des consciences dans un espace commun. Il devrait confirmer sa neutralité en considérant les expériences des musulmans lorsque le droit et la loi le permettent (arrêt des préemptions de manière abusive, cesser d’exclure les associations des dispositifs où ils peuvent être par principe, permettre aux responsables associatifs de ne pas être à la merci de certains fonctionnaires des renseignements généraux ou d’autres services…). En bref, donner l’exemple par des signes forts en direction de la société.

-         Laisser le temps aux dynamiques émergeant de la volonté des musulmans et les considérer sur la base de leurs compétences et rien d’autre (institutions de formation, associations caritatives, actions sociales…).

-         Considérer la participation sociale et politique des individus dans le cadre citoyen, indépendamment de leurs liens au culte tant qu’ils respectent, le cadre général et commun qui s’impose à tous.

-         Considérer la présence des représentations des chancelleries étrangères (amicales, associations culturelles, dynamiques politiques…) en tant que telles dans l’intérêt de leurs concitoyens et non de les privilégier à être des médiateurs pour les musulmans de France.

 

Ainsi émergeraient des représentations de l’islam de France dans le respect des diversités et du contexte. La communauté musulmane a vécu des transformations extraordinaires depuis une vingtaine d’années. Il est fort à parier et au vue de dynamiques présentes sur le terrain que le paysage islamique de France surprendra plus d’un. Car si les musulmans ont été exclus du projet républicain, ils en sont aujourd’hui acteurs au milieu et avec d’autres. Ce sera une des conséquences de leur révolution silencieuse.





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