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Points de vue

Sheikh Zakaria rend hommage à Jean-Paul II

Rédigé par Seddiki Zakaria | Lundi 4 Avril 2005 à 00:00

           

Au regard de l’islam et des autres religions du Livre, la mort est un passage inéluctable pour atteindre l'au-delà, et si toute créature a un début d'existence, l’âme de l’être humain est éternelle. Cependant, il demeure certain que la disparition des hommes ne laisse pas les vivants indifférents mais c'est le vide post-mortem qui pèse le plus.



Au regard de l’islam et des autres religions du Livre, la mort est un passage inéluctable pour atteindre l'au-delà, et si toute créature a un début d'existence, l’âme de l’être humain est éternelle. Cependant, il demeure certain que la disparition des hommes ne laisse pas les vivants indifférents mais c'est le vide post-mortem qui pèse le plus.

Jean-Paul II n'était pas un homme ordinaire. Il était l’autorité suprême de toute une communauté de croyants. Par sa mort, c’est tout un symbole de la croyance au divin qui s'éteint. Ses oeuvres en témoignent.

Toute sa vie fut jalonnée de combats menés contre la pauvreté, l’injustice… Sans relâche, il a oeuvré pour la rencontre des peuples et des cultures, et ses appels à la paix et à la tolérance sont innombrables. Une telle personnalité ne peut donc partir sans marquer l'histoire et son époque.

Pour les musulmans, la mort est un signe de l'omnipuissance divine, devant laquelle l’humilité s’impose. Le Prophète de l'islam ne s'est-il pas levé pour saluer le cortège funéraire d'un juif ? Par ailleurs, l'islam entrevoit dans la disparition ou la défaite des gens du livre (les chrétiens et les juifs) un affaiblissement des musulmans.

A ce sujet, le Coran dit : « Rome a été vaincue en terre d’en deçà. Mais Rome, après avoir été vaincue, vaincra dans moins de dix ans. Le décret en revient à Dieu pour l'après comme pour l'avant, et les croyants devront se réjouir ce jour-là du secours de Dieu, lequel l'accorde à qui Il veut, Lui, le Tout-Puissant, le Miséricordieux. ». La victoire des Byzantins croyants représente alors le secours de Dieu pour les musulmans.

Cet enseignement révèle la nécessaire proximité à laquelle doivent se tenir les croyants de tous horizons.

Il va sans dire que la réalité historique n’a pas toujours été fidèle à cette volonté oecuménique.

L'histoire a en effet conservé les multiples attaques durant les croisades contre le monde musulman, et si le Vatican sous le pontificat de Jean-Paul II a pu surpasser son histoire avec les juifs, en reconnaissant la responsabilité de l’Église dans sa passivité durant la shoah, nombre de musulmans demeurent en attente d'une reconnaissance similaire concernant la caution de l’Église durant la période coloniale et les dommages causés par les croisades.

C'est le courage et la sagesse de cet homme qui l'ont mené à la voie de la réconciliation avec les ennemis d'hier. Il faut croire que s'il avait eu plus de force et de temps devant lui, une paix bâtie sur la justice et le respect mutuel aurait pu voir le jour entre les différentes communautés de croyants.

D'ailleurs son opposition à la guerre contre l'Irak et sa visite en Palestine s'inscrivent dans cette voie du salut. Cette visite tant attendue était un signe timide vers la reconnaissance des droits palestiniens. Juste avec cela, les musulmans d'aujourd'hui et les générations à venir se rappelleront de cet homme avec respect et amitié. Un grand parcours que celui du père de l’Eglise catholique mais Dieu a décidé de le rappeler. Sans lui, faut-il craindre que des projets vers la paix et la justice risque de disparaître ou d’être détourné pour servir les intérêts des plus favorisés. Plusieurs chantiers attendent la future direction de l’Eglise. Pour se faire, il reste à espérer une succession meilleure pour l'Eglise catholique. Puisse-t-elle accomplir les oeuvres inachevées.

Zakaria SEDDIKI

Ancien professeur à l'IESH (Institut Européen des Sciences Humaines) et diplômé d'Al Azhar





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