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Monde

Réélection d'Ahmadinejad : la tension monte en Iran

Rédigé par Anissa Ammoura | Lundi 15 Juin 2009 à 10:24

           

Réélu vendredi 12 juin avec 62,63 % des voix, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a fait l'unanimité dans les urnes mais pas dans la rue. Le candidat malheureux Mir Hossein Moussavi et ses partisans dénoncent en effet une fraude électorale et demandent l'annulation du scrutin. Samedi et dimanche, de violents heurts ont ainsi éclaté dans les rues de Téhéran entre les opposants du président nouvellement réélu et les policiers. Une manifestation pacifique est prévue ce lundi 15 juin, à l'initiative de Moussavi, malgré l'interdiction de celle-ci par les autorités iraniennes.



Depuis la victoire, vendredi 12 juin, du président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, réélu avec 62,63 % des voix contre 33,75 % pour Mir Hossein Moussavi, les réactions de protestation ne s'arrêtent pas et la tension monte.

En effet, le candidat perdant et ses partisans dénoncent des irrégularités dans le scrutin, et ce, alors que le taux de participation avoisinait les 85 % des 46,2 millions d'électeurs. Ainsi, les rues de Téhéran ont été témoins samedi et dimanche de violents heurts entre les policiers et les opposants d'Ahmadinejad, malgré une accalmie dans la nuit de samedi à dimanche.

Samedi 13 juin, les partisans d'Hossein Moussavi et les forces de l'ordre s'affrontent violemment dans les rues de Téhéran, la capitale iranienne.
Samedi 13 juin, les partisans d'Hossein Moussavi et les forces de l'ordre s'affrontent violemment dans les rues de Téhéran, la capitale iranienne.
Dès l'annonce des résultats, Mir Hossein Moussavi a dénoncé « vigoureusement » des irrégularités « visibles et nombreuses ». Il a donc adressé une lettre au Conseil des gardiens de la Révolution pour demander l'annulation du scrutin. Selon Associated Press, il aurait même rencontré le guide suprême, l'ayatollah Ali khameini, pour en discuter et lui demander d'ordonner l'annulation du scrutin. Mais ce dernier a qualifié de « grande fête » la réélection pour quatre ans de Mahmoud Ahmadinejad.

Ce dernier a, quant à lui, rejeté les accusations de fraude et déclaré que les élections en Iran étaient « les plus propres » du monde. Il a qualifié samedi sa réélection de « grande victoire ».

Une opposition qui ne faiblit pas

Alors que Mahmoud Ahmadinejad rassemblait ses partisans le dimanche 14 juin pour un discours, Mir-Hossein Moussavi a appelé les siens à manifester pacifiquement ce lundi 15 juin dans les rues de Téhéran, malgré l'interdiction officielle des autorités iraniennes. Cité par la radio officielle, le ministre iranien de l'Intérieur a averti que toute provocation serait considérée comme « illégale » et que « toutes les actions légales seront engagées contre qui s'aviserait de troubler l'ordre public ».

Mais le candidat perdant aurait menacé de faire un « sit-in » de protestation sur le mausolée de l'ayatollah Ruhollah Khomeini, le père de la Révolution islamique de 1979, si les autorités interdisaient à ses partisans de manifester.

« Les résultats officiels sont assez surprenants », estime Jean-Paul Burdy, maître de conférences à l'Institut d'études politiques de Grenoble, au quotidien en ligne 20minutes.fr. « Traditionnellement, les forts taux de participation sont favorables aux réformateurs : ils témoignent de la mobilisation de ceux qui veulent que ça change, les jeunes et les femmes en particulier », poursuit ce spécialiste de l'Iran, qui considère les irrégularités comme « vraisemblables ».

« On a assisté à une reprise en main brutale du régime dans les heures qui ont suivi le scrutin », explique Jean-Paul Burdy. En effet, plusieurs opposants ont été arrêtés par la police, 170 selon les chiffres officiels.

La communauté internationale reste prudente quant aux résultats. Parmi les réactions, en France, le ministère des Affaires étrangères « prend note » du résultat officiel du scrutin, mais aussi de la « contestation » des adversaires de Mahmoud Ahmadinejad. Ainsi, l'Union européenne s'est dite « préoccupée par les irrégularités présumées », mais espère aussi que le résultat de l'élection permettra une « réouverture du dialogue sur la question nucléaire ». A Washington, le vice-président Joe Biden a exprimé « de vrais doutes ».

L'organisation Reporters sans frontières appelle la communauté internationale à « ne pas reconnaître les résultats du premier tour de l’élection présidentielle iranienne du 12 juin, en raison de la censure et de la répression contre les journalistes, qui ont empêché un déroulement démocratique du processus électoral », signalant la multiplication « des actes de censure de médias et les arrestations de journalistes ».



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