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Points de vue

Pourquoi les musulmans aiment la Palestine

Rédigé par Seyfeddine Ben Mansour | Lundi 10 Décembre 2012 à 22:13

           


Pourquoi les musulmans aiment la Palestine
Lors d’un vote historique à l’Assemblée générale de l’ONU, la Palestine est devenue le 27 novembre dernier un Etat observateur aux Nations unies. Sur les 188 voix exprimées, on compte 41 abstentions, 9 contre, et 138 voix pour. L’Albanie et la Bosnie exceptées, qui ont choisi de s’abstenir, l’ensemble des pays musulmans ou à forte proportion de musulmans ont voté pour, parmi lesquels, naturellement, l’ensemble des pays arabes.

Car au-delà de la question politico-morale qui la définit depuis plus de 60 ans – celle d’une terre spoliée et d’un peuple opprimé –, la Palestine est, en tant que telle, chère aux musulmans de quelque origine qu’ils soient, et aux Arabes, quelle que soit leur religion.

Première des deux qibla-s (direction de prière), c’est en effet vers Jérusalem que, pendant 13 ans, les musulmans se sont d’abord tournés pour prier, avant qu’une nouvelle révélation leur enjoigne en 624 de prendre désormais pour qibla la Kaaba (II, 144).

C’est vers cette même Jérusalem que deux ans avant l’Hégire le Prophète fit son Voyage nocturne et son Ascension : chevauchant al-Bouraq et accompagné de l’ange Gabriel, il s’élèvera vers les cieux depuis le Rocher sacré, descendra aux enfers et se rendra au mur du Temple.

Deux ans après sa mort, la Palestine sera gagnée à l’islam : dès mars 634 en effet, ‘Amr Ibn al-‘As et Abou Bakr conquièrent Gaza et marchent sur Césarée (Qaysariyya).

Une terre de prophètes et de convoitises…

En 640, la province arabe de Jund Filastîn recouvre la totalité de la Palestine du temps de l’occupation romaine. Elle sera particulièrement honorée sous la dynastie des Omeyyades : Mu‘âwiya se fera proclamer calife à Jérusalem, et c’est sous le règne de son successeur ‘Abd al-Malik (685-705) que seront édifiés dans la cour de l’ancien Temple, troisième lieu saint de l’islam après La Mecque et Médine, le Dôme du Rocher et la mosquée d’al-Aqsa.

Outre Jérusalem, appelée al-Quds, « la Sainte », par les musulmans comme par les Arabes chrétiens, c’est toute la Palestine qui, dès le XIIIe siècle, est célébrée par les chroniqueurs arabes comme étant une terre de prophètes : Naplouse et Hébron (Madînat al-Khalîl, « la ville d’Abraham ») abritent ainsi de nombreuses reliques vénérées par les autochtones, musulmans ou Gens du Livre, mais aussi ‘Asqalân, où est enterrée la tête d’al-Husayn, fils de Ali ibn Abi Talib, et Gaza, où se trouve la tombe de Hashim, l’arrière-grand-père du Prophète.

Si elle n’est jamais devenue intégralement musulmane, la Palestine est très tôt devenue une terre intégralement arabe. Dans la mémoire des Palestiniens chrétiens aujourd’hui, comme dans la mémoire des musulmans, les Croisades et le siècle de colonisation européenne qu’elles induiront (1099-1187), loin d’avoir « libéré les Lieux saints » relèvent de l’agression, de l’injustice et de la profanation.

Au mépris et à la marginalisation dont auront souffert les chrétiens non catholiques de la part du colonisateur franc, succédera le rétablissement de la politique de tolérance avec la libération des principales villes de Palestine par Saladin (1138-1193), à la tête d’armées qui comptaient également des soldats de confession chrétienne. Il faudra néanmoins attendre 1291 pour que tombent Acre et Césarée, dernières possessions franques.

Aux Mamelouks d’Egypte succéderont à partir de 1516, et jusqu’à la Première Guerre mondiale, les Ottomans. Victorieux, le général français Gouraud s’exclamera en 1917, à Damas, « Nous revoilà, Saladin ! » en frappant du pied la tombe du libérateur de la Palestine.






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