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Sur le vif

Paris : des postiers refusant les tracts FN risquent des sanctions

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 19 Mars 2014 à 12:26

           


En pleine campagne des élections municipales, les boites aux lettres se remplissent de tracts de candidats à ce scrutin. A Paris, dans le 7e arrondissement, des facteurs ont refusé de distribuer un tract du Front national (FN) figurant dans un lot de publicités non mis sous pli, lundi 10 mars.

Sur la quarantaine de postiers en poste sur l'arrondissement, « au moins une douzaine ont retiré le tract avant de partir faire leur tournée », a indiqué Olivier Rosay, du syndicat SUD, qui avait lancé « un appel à l'objection de conscience et à la désobéissance ». On met dans les mains des postiers « ostensiblement de la propagande politique du Front national », dénonce M. Rosay, jugeant que « La Poste transforme les facteurs en militants du Front national ».

Un danger pour leur intégrité pour la CGT

De son côté, la CGT avait demandé aux postiers « de ne pas toucher aux plis en attendant d’avoir des réponses de la direction ». « Que La Poste distribue ainsi de la propagande politique pose un réel souci. Notre règlement intérieur stipule que nous n'avons pas le droit de faire de la propagande », fait remarquer Emmanuel Cottin de la CGT. « D'ordinaire, la communication politique est masquée sous pli opaque », indique-t-il. Avec des tracts FN bien visibles dans les mains, « les facteurs risquent d'être interpellés au cours de leur tournée », « il y a un danger pour leur intégrité physique et morale », selon lui.

Contacté par l'AFP, la direction de La Poste a expliqué mettre en avant le « principe de neutralité ». « La Poste et Médiapost (filiale du groupe, ndlr) distribuent la propagande électorale des partis politiques lors de chaque élection. Dès l'instant ou le parti qui s'exprime n'est pas interdit, La Poste doit les traiter avec équité », avance le groupe. Un contenu peut-être seulement refusé s'« il est contraire à l'ordre public ou aux bonnes mœurs », précise la direction.

Face au refus d'une partie de ces salariés de refuser des tracts du FN, elle a envoyé à l'aube un huissier au centre de distribution, délocalisé dans le 15e arrondissement, pour contrôler la préparation des documents rapportent la CGT et SUD, qui dénoncent « une très forte pression de l'encadrement ».

Des risques de sanctions

Contacté par Saphirnews mercredi 19 mars, Hervé Hubert, responsable du Syndicat des services postaux affilié à SUD Paris, indique que La Poste a exigé « des demandes d'explications » aux salariés qui ont refusé de distribuer ces tracts. Ils pourraient être sanctionnés par des « avertissements ou des blâmes », indique le syndicaliste.

Pourtant, ces salariés ont simplement estimé qu'ils n'étaient « pas des porte-paroles du FN » commente-t-il, tout en expliquant que le problème ne s'est posé qu'au 7ème arrondissement de Paris, où le tract controversé était « bien visible dans une sorte de sachet ». Ailleurs, La Poste a dû faire attention à le noyer au milieu d'autres publicités. « Jusqu'à présent, la propagande électorale était distribué dans des courriers sous enveloppe, c'est ce que nous demandons », ajoute-t-il. Les tracts ont néanmoins été distribués par les postiers qui le voulaient bien.

En juin 2012, lors des élections législatives, des facteurs du Var avaient déjà refusé de distribuer des tracts du parti d'extrême droite.

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