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Points de vue

Moqtada Al Sadr, leader politique opposé aux forces d’occupation

Rédigé par Pelseny Raphael | Mardi 19 Août 2003 à 00:00

           

Moqtada Al Sadr est devenu depuis quelques temps un phénomène incontournable de la scène politique irakienne. Ce jeune homme charismatique, fils de Mohammad Al Sadr haut dignitaire chiite assassiné par Saddam Hussein, draine dans son sillage des sympathisants de plus en plus nombreux exaspérés par la présence des forces d’occupation.

Nous avons voulu savoir de quoi il en retournait exactement.



Moqtada Al Sadr est devenu depuis quelques temps un phénomène incontournable de la scène politique irakienne. Ce jeune homme charismatique, fils de Mohammad Al Sadr haut dignitaire chiite assassiné par Saddam Hussein, draine dans son sillage des sympathisants de plus en plus nombreux exaspérés par la présence des forces d’occupation.

Nous avons voulu savoir de quoi il en retournait exactement.

 

Najaf, ville sainte chiite. Il est 14H00 il fait plus de 55° à l’ombre et pourtant la foule ne cesse d’augmenter attendant avec espoir d’être reçue par un représentant de MAS. La modestie de la maison abritant le mouvement de Moqtada al Sadr tranche avec les immeubles ostentatoires d’autres partis installés dans la ville. Et pourtant les fidèles sont là attendant qui une aide, qui un rendez-vous. Ainsi des femmes couvertes par le long tchador noir côtoient de nombreux religieux enturbannés.

 

Nous rentrons dans une petite pièce où nous attend Cheikh Jafar Al Yakoubi, un des adjoints de Moqtada Al Sadr. Après nous avoir souhaité la bienvenue, nous nous asseyons et l’interview peut alors commencer.

 

Tout d’abord pourquoi Moqtada Al Sadr a-t-il refusé de rejoindre le gouvernement transitoire ?

 

Le peuple irakien ne veut pas d’une instance qui ne les représente pas et qui n’a pas été élue par eux-mêmes. MAS est irakien et souhaite que les irakiens choisissent eux-mêmes leur régime de façon démocratique. Ce serait donc une contradiction totale s’il avait été membre du conseil transitoire.

 

Quelle est la réaction de Moqtada Al Sadr lorsque d’autres leaders chiites ont rejoint ce conseil ?

 

Pendant un prêche du vendredi, il a déclaré qu’il encourageait tous les volontaires à rejoindre ce conseil s’il était élu par le peuple irakien. Or ce conseil a été crée sans l’assentiment du peuple irakien.

 

Quelles conséquences cela aura-t-il dans l’avenir ?

 

Les responsables seront marqués à jamais par ce qu’ils ont fait.

 

A propos du programme de Moqtada Al Sadr : création de deux états séparés ?

 

Si les américains ont été capables de créer un conseil, nous aussi sommes capables de créer un conseil du point du vue théorique et ce de façon démocratique selon la volonté du peuple irakien. Nous pensons à un système de fédération qui favoriserait nos frères kurdes.

 

Mais allez-vous le faire ?

 

Si les circonstances nous sont favorables et si il y a une réponse des autres partis.

 

Quels seraient les autres partis prêts à vous rejoindre ?

 

Nous sommes prêts à coopérer avec tous les partis qui refusent à coopérer avec ce conseil, par exemple les partis islamiques chiites et sunnites, les chefs de tribus, même d’autres religions. Aujourd’hui, nous sommes en pourparler avec des chefs de tribus sunnites.

 

Quel va être le rôle de ce conseil ?

 

Ce conseil donnera l’indépendance au peuple irakien et empêchera quiconque de le contrôler. Comme ce conseil sera élu par la majorité des irakiens, il placera les forces américaines dans une position très embarrassante.

 

Moqtada Al Sadr sera-t-il le chef de ce conseil ?

 

C’est le peuple irakien qui décidera de choisir ou non Moqtada Al Sadr pour ce poste.

 

 

Avez-vous envisagé une sorte de date limite à la situation actuelle ?

 

Non une date limite n’a pas été fixée. Mais la majorité de la population est excédée par cette situation qui ne va pas s’éterniser indéfiniment. Cela ne veut pas dire forcément qu’elle recourra à une résistance armée, il y a de nombreuses autres voies pour régler ce problème

 

L’appel au djihad est-il quand même possible ?

 

L’appel au djihad est une chose très grave et Moqtada Al Sadr ne prendra jamais l’initiative de le faire. Seul un marja peut lancer cet appel. Jamais Moqtada Al Sadr ne prendra ce droit. Cette décision ne proviendrait que d’un haut dignitaire chiite.

 

A propos de l’établissement théorique du conseil, sera-t-il placé sous la charia ?

 

La majorité des irakiens sont musulmans. Ce n’est pas notre volonté d’instaurer une république islamique, mais ce sera selon celle du peuple irakien qui est musulman.

Notre volonté est non pas comme en Iran de placer un religieux à la tête du pays, mais de placer la constitution sous la charia. Les autres confessions et nationalités auront tous leur place au sein de ce conseil. Elles auront les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autres irakiens.

 

Quelles sont les bases communes au dialogue inter-chiite ?

 

Nous espérons que le premier but commun est l’intérêt du peuple irakien.

 

En résumé, le but premier de votre mouvement est de rendre l’indépendance au peuple irakien ?

 

Oui, notre premier but est l’indépendance des irakiens face aux forces coalisées. Celaveut dire que les forces d’occupation devront quitter le sol irakien.

 

 

Propos recueillis par Raphael Pelseny





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