Connectez-vous S'inscrire

Culture & Médias

Médine de DIN Records annonce « Djihad »

Rédigé par Médine Entretien avec | Lundi 30 Mai 2005 à 00:00

           

Médine est de retour sur la scène discographique avec « Djihad ». Sorti le 24 mai 2005, Djihad est un nouvel album, une nouvelle mélodie qui s’écoule du minaret du label DIN Records. Après « 11 septembre » et « Le savoir est une arme » avec son groupe La Boussole, le jeune rappeur havrais revient dégoupiller les cerveaux. Entretien avec un rappeur conscient qui prône le dialogue.



Médine de DIN Records annonce « Djihad »

Médine est de retour sur la scène discographique avec « Djihad ». Sorti le 24 mai 2005, Djihad est un nouvel album, une nouvelle mélodie qui s’écoule du minaret du label DIN Records. Après « 11 septembre » et « Le savoir est une arme » avec son groupe La Boussole, le jeune rappeur havrais revient dégoupiller les cerveaux. Entretien avec un rappeur conscient qui prône le dialogue. 

 

SaphirNet.info : Quelles ont été les retombées de l’album « 11 septembre »?

 

Médine : Avant, les gens se demandaient qui était ce barbu, cet intégriste… Mais après écoute, tout a changé. Ils ont compris le message. Certains ont dit que c’était ça le rap, qu’il faut parler des problèmes. Des gens qui n’étaient même pas musulmans, ou qui avaient énormément de préjugés sur l’Islam, ont été réceptifs. D’autres se sont arrêté à l’image, ont vus la grosse barbe et n’ont pas voulu en savoir plus. Heureusement il y a eu plus de gens de la première catégorie. Mais maintenant sortir un album intitulé Djihad c’est pire.

 

Justement pourquoi l’avoir intitulé Djihad ?

 

Médine : Certains diront que c’est parce que j’ai envie de sortir mon épée et de couper les têtes de tous les mécréants. Mais non, pour moi le Djihad c’est d’abord l’effort, le combat contre soi-même. On a un certain nombre de combats à mener dans notre vie. Il y a le combat d’être un homme ou une femme. Le combat spirituel, dans la relation avec Dieu, peu importe la religion. A nous tous de faire notre Djihad c'est-à-dire de nous reformer intérieurement pour pouvoir après construire une société basée sur des fondements sains. Même si c’est un peu idéaliste c’est à ça que je crois. 

 

Quels sont les thèmes abordés dans ce nouvel album ?

 

Dans cet album je parle de la colonisation. De La stigmatisation des musulmans en France. J’en reparle, je tourne encore autour du pot. Mais à force de tourner autour, un jour le pot va finir par se renverser… Il y a le titre « poussière de guerre », en duo avec Lino du groupe d’Ârsenik, qui parle plus ou moins de nos racines de et de l’immigration, on porte ça sur nos épaules et à fortiori sur nos visages parce qu’on est Noirs, Arabes ou musulmans. Dans la chanson « Djihad » je retourne dans l’Histoire pour comprendre pourquoi les hommes aiment faire la guerre. Et aussi une chanson dédiée à Malcolm X et à Massoud « De Panshir à Harlem », où je mets une lumière sur le parcours de ces deux grands hommes oubliés des médias. Dans les quartiers on voit écrit Vive Benladen ! Et pas Vive Massoud, pourquoi ? Parce que les médias ne mettent pas la lumière sur les vrais leaders. On nous parle de Benladen, Al Zarquaoui… mais c’est qui eux ? 

 

Dans « 11 septembre »  vous parlez de l’islamophobie qui a résulté de ces attentats. Ensuite il y a eu «  Le savoir est une arme » avec La Boussole, pour que les gens prennent conscience de cette stigmatisation, mais que c’est par le savoir uniquement qu’ils sauront comment réagir. Et dans « Djihad » c’est là où il faut réagir, sur soi-même d’abord puis face aux autres qui nous entourent… On remarque une logique dans ces albums.

 

Le chemin le plus rapide entre un point et un autre est la ligne droite, il ne faut pas passer par 70 chemins. Vous avez un constat, un outil et une action. C’est ce procédé qu’il faut utiliser dans la vie de tous les jours. Vous partez d’un constat, vous regardez les armes que vous avez, avec lesquelles vous allez pouvoir vous battre et ensuite vous combattez. Voilà comment il faut comprendre le découlement de ces trois albums. 

 

Tu n’as pas peur d’être catalogué prosélyte, rappeur musulman?

 

Ça aurait été pareil, que je sois rockeur, joueur de flûte ou  danseur classique. Il y a le faciès qui reste : celui de musulman. J’utilise leurs outils, l’image qu’ils ne veulent que montrer, pour dire que c’est faux, grattez d’abord et vous verrez. Cet album comme « 11 septembre », en apparence fait très peur : sur la pochette, le mot Djihad et une épée sur un fond ténébreux. Certains ne vont pas chercher à connaître le contenu. Ceux qui feront l’effort se rendront compte que c’est tout autre. Quoi qu’on fasse pour essayer de s’intégrer on restera musulman et immigrés devant les médias.

 

 « Combats de femmes » : pourquoi une chanson pour les femmes ?

 

On a un problème avec les femmes. D’où l’émergence des Ni flûtes Ni soumises, qui se font porte-parole d’une certaine catégorie de femmes. Ce mouvement nous a vulgarisé en tant que musulmans et jeunes des quartiers. Heureusement qu’il y a énormément de femmes qui ne se reconnaissent pas dans ce que dit Fadela Amara. Elle ne comprend rien et dit n’importe quoi. Mais cette chanson c’est pour recentrer notre position de musulmans par rapport à la femme. Pour certains nous frappons nos femmes, les enfermons et les obligeons à porter le voile. On veut nous coller tous les problèmes des femmes sur le dos. Non je ne suis pas d’accord. Nous, depuis le début l’homme et la femme sont égaux. Eux, avec le concept de pêcher originel, ce n’est pas le cas. L’islam est venue préserver les droits des femmes. Ce morceau c’est également pour témoigner de mon affection. Je suis entouré de femmes 24 heures sur 24 : ma mère, ma femme et ma sœur, comment voulez vous que je n’en parle pas ?

 

En tant qu’Algérien comment avez-vous vécu la reconnaissance par le gouvernement français des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, à Sétif notamment ?

 

Je suis un peu un Algérien perdu. Je ne connais pas vraiment l’histoire de mon pays. Aujourd’hui je la découvre, et je me rends compte que c’est un sacré bordel. Pour les Français, être Algérien ça représente beaucoup de choses dures : la fin des colonies, les pieds noirs expulsés, le FIS, les groupuscules islamique, la marseillaise sifflée… Je pourrai en parler plus longuement, ou écrire une chanson mais je n’ai pas assez de connaissances sur le sujet.

 

L’album s’écoute parfois comme un cours sur l’Histoire, les valeurs oubliées…

 

C’est un petit cours pas une leçon. Je ne suis pas un professeur. Le mec dans son quartier peut donner un cours à ses potes, comme un père donne des cours à ses enfants ou un fils peut en donner à son père. Moi je suis le jeune musulman issu de l’immigration qui donne un petit cours à tous ceux qui veulent l’entendre. Mais je ne vais pas obliger les gens à écouter, ce n’est pas possible ce n’est que de la musique ce que je fais.

 

Propos recueillis par Giovanni Gauhy

 

 TEASER VIDEO DE L'ALBUM // A TELECHARGER

 Voici une présentation en 3 minutes de l'album de Médine sur l'élaboration de l'album.






SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !