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Points de vue

La République des lâches ou les lâches de la République ?

Rédigé par Chabbi Abderrahmane | Lundi 10 Novembre 2003 à 00:00

           

On ne compte plus les déclarations ouvertement islamophobes en cette fin d’année agitée. Force est de constater que le climat de haine à l’égard de l’Islam et des Musulmans qui sévit en France actuellement vient de franchir une étape fatidique et inquiétante avec les récentes déclarations de Claude Imbert, pourtant membre du Haut Conseil à l’Intégration, devenu pour l’occasion haut conseil à la désintégration (des Musulmans)…



On ne compte plus les déclarations ouvertement islamophobes en cette fin d’année agitée. Force est de constater que le climat de haine à l’égard de l’Islam et des Musulmans qui sévit en France actuellement vient de franchir une étape fatidique et inquiétante avec les récentes déclarations de Claude Imbert, pourtant membre du Haut Conseil à l’Intégration [1], devenu pour l’occasion haut conseil à la désintégration (des Musulmans)…

 

Bien entendu, il ne s’agit pas ici de jeter l’opprobre sur la France et les Français. Là n’est pas notre propos. Et c’est justement dans ce piège que souhaite nous voir tomber cette poignée d’essentialistes qui n’est en fait représentative que d’une nouvelle extrême droite subtile et sournoise, bien décidée à discréditer ces millions de musulmans qui ne demandent qu’à vivre en paix leur citoyenneté française, dans le respect des droits et de la dignité humaine.

Mais voilà donc qu’un certain nombre d’ « intellectuels », nommons-les ainsi, tente le hold-up inattendu de nous faire avaler l’idée qu’en réalité, l’islamophobie n’existe pas, mais pire encore, qu’elle ne serait qu’une vue de l’esprit voire un chantage [2] habilement développé par une collusion d’intellectuels d’origine arabo-musulmane aidés en cela par des universitaires et acteurs politiques et sociaux soucieux de figurer aux premiers rangs du combat anti-raciste.

Admirons au passage le maniement habile de la fausse dialectique censée briser le cercle de la conscience malheureuse : l’islamophobie, c’est de ta faute !

Ce sont ces mêmes intellectuels qui n’ont pas hésité à saluer les déclarations d’un Houellebecq, d’un Del Valle ou qui voient dans le brûlot fasciste de Fallaci « une entreprise courageuse et lucide » [3] et « l’insigne mérite de ne pas se laisser intimider par le mensonge vertueux » [4].

 

L’ennui est que ces mêmes individus infâmes trouvent dans leur entreprise des alliés de choix transformés pour l’occasion en boucliers qui les protègeraient de toute critique.

On observe ainsi l’émergence de nouveaux protagonistes jouant les marionnettes à la solde des nouveaux islamophobes, se proclamant Musulmans à tout bout de champs pour ceux qui en douteraient, cautionner tous les discours haineux au nom d’un Islam des Lumières dont ils seraient les seuls à détenir les secrets : tous intégristes sauf moi !!!

Avouons que cette alliance douteuse a de quoi en dérouter plus d’un si on ne déchiffrait la stratégie subtile de ces nouveaux « musulmans de service ».

 

Dans l’énorme marché de la représentation politique des musulmans de France qui s’ouvre petit à petit, la tendance est à la surenchère ! C’est à celui qui se montrera le plus virulent à l’égard de ses coreligionnaires que la place est promise.

La concurrence est rude sur ce marché, même si quelques figures acculturées semblent se détacher du lot.

Les ex-beurs de service, profondément frustrés par le fiasco de France Plus et SOS Racisme nous la jouent dorénavant « musulmans de service ».

Et à ce petit jeu-là, tous les coups sont permis : ancrage politique à la droite de la droite (désormais tous les partis politiques, même de droite et d’extrême droite ont leurs musulmans de service), préface d’ouvrages écrits par des journalistes ou intellectuels aux parcours plus qu’équivoques[5], violentes diatribes islamophobes sur des plateaux télévisés où on est censé débattre et, excusez du peu, publications d’ouvrages !

C’est fou ce que les revendications carriéristes de ces lâches opportunistes peuvent les pousser jusqu’à oublier leur histoire, à s’acculturer et écraser leurs coreligionnaires au nom d’un soi-disant combat pour la laïcité : nous ne sommes pas dupes messieurs !

L’Histoire a livré des leçons bien douloureuses à tous vos prédécesseurs dans cette stratégie.

Les déboires de France Plus ne vous ont-ils pas servi de leçon ? Ou faut-il une nouvelle gifle du niveau de celle reçue précédemment à la suite de votre soutien à Pasqua et ses lois pour enfin comprendre que vous ne représentez personne si ce n’est vous-mêmes et vos seuls intérêts ?

 

Cléricaux et laïcards devraient de temps en temps jeter un œil sur le passé, cela leur donnerait de bonnes leçons d’humilité à méditer.

La République des lâches serait-elle en train de servir les lâches de la République ?



[1] Sur LCI, le 24 octobre 2003. Propos confirmés à de nombreuses reprises par ailleurs.

[2] Pascal Bruckner, Le chantage à l’islamophobie, Le Figaro, 5 novembre 2003.

[3] Pierre-André Taguieff, actuj.com, 25 juin 2002. Cité par Pascal Boniface (2003), Est-il permis de critiquer Israël ?, Robert Laffont.

[4] Alain Finkelkraut, Le Point, 24 mai 2002.

[5] Voir à ce propos l’article de René Monzat dans Ras l’Front n°87, intitulé L’étonnant parcours d’Alexandre Del Valle, Paris, avril 2002.





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