Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

La Côte d’Ivoire et ses rebelles

Rédigé par Bamba Amara | Jeudi 23 Janvier 2003 à 00:00

           

Lorsque dans la nuit du 19 septembre 2002, les coups de feu retentissent aux alentours des camps militaires d’Abidjan, le président Gbagbo se trouve en visite officielle à Rome. Il n’aura pas le temps de voir le Pape. La nouvelle de la tentative de « coup d’état » se répand en même temps que celle de l’assassinat du Général Guéi et de la disparition du ministre de l’intérieur Emile Boga Doudou dont on apprendra l’assassinat par la suite.



Lorsque dans la nuit du 19 septembre 2002, les coups de feu retentissent aux alentours des camps militaires d’Abidjan, le président Gbagbo se trouve en visite officielle à Rome. Il n’aura pas le temps de voir le Pape. La nouvelle de la tentative de « coup d’état » se répand en même temps que celle de l’assassinat du Général Guéi et de la disparition du ministre de l’intérieur Emile Boga Doudou dont on apprendra l’assassinat par la suite.

 

Les rebelles ne sont pas désignés. Leurs revendications ne sont pas connues. L’attaque est repoussée par les FANCI (Forces Armées Nationale de Côte d’Ivoire). Les assaillants se retirent dans la moitié Nord. De Bouaké, seconde ville du pays située au Centre, ils se révéleront à la face de la Côte d’Ivoire et du monde. L’on compris alors que la Côte d’Ivoire était entrée en hiver.

 

Gbagbo accuse le Burkina Faso frontalier au Nord qui accueille officiellement de nombreux opposants au régime ivoirien. Les Forces de l’Ordre font des descentes dans les quartiers populaires d’Abidjan (au Sud). Les morts se comptent officiellement par dizaines. L’Imam Idriss Koudouss Koné, président du CNI (Conseil Nationale Islamique) déclare dans une conférence de presse : « Nous regrettons qu’à un moment aussi douloureux de la vie de notre nation, la communauté musulmane continue d’être frappée d’ostracisme et de suspicion ethno-religieuse par les forces de l’ordre… On continue de perquisitionner nos mosquées, on continue d’arrêter nos cadres, on continue d’enlever dans les bas quartiers des musulmans pour des destinations parfois inconnues, on continue de diaboliser les musulmans et leurs dignitaires (...), on profère des accusations faciles dans les organes de press instrumentalisés, qui tendent à faire croire que les événements actuels sont le fait de la communauté musulmane… Des témoignages d’imams et de fidèles musulmans, dont nous n’avons aucune raison de douter, indiquent que certains éléments des Forces de l’Ordre, aidés par des milices composées de civils, se livrent à des chasses aux musulmans qu’ils torturent et même exécutent ». Puis il invite les responsables politiques au calme et au dialogue : « en passant au-dessus des considérations ethniques, religieuses ou régionalistes pour ne prendre en compte que la sauvegarde de l’unité de la nation. Vous avez une lourde responsabilité, devant Dieu et devant les hommes, dans le malheur qui frappe aujourd’hui notre pays. C’est pourquoi nous vous demandons (...) de vous asseoir sur votre orgueil, un manteau trop large pour des humains ».

 

 

Qui sont les Rebelles en Question ?

Le MPCI (Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire) est le plus important des trois groupes de rebelles. Il fait son apparition publique au lendemain du coup de force du 19 septembre. Le MPIGO (Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest) et le MJP (Mouvement pour la Justice et la Paix) apparaissent au mois de novembre. M Soro Kigbafori Guillaume est le secrétaire général de la branche politique du MPCI. Il est connu sur la scène politique ivoirienne pour avoir dirigé la FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) de 1995 et 1998. Cette puissante fédération était proche du FPI qui y puisait sa jeunesse. Elle rassemblait l’opposition estudiantine de gauche contre le MEECI (Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d’Ivoire) rattaché au PDCI-RDA au pouvoir. A cette époque déjà, M Soro adopte des positions très à gauche qui lui valent le surnom de « Che ». Il fut plusieurs fois arrêté et emprisonné pour « subversion » sous le régime de M Bédié. La fin de son mandat à la tête de la FESCI est marquée par des affrontements armés entre étudiants. Ce fut la « guerre des machettes » sur le campus d’Abidjan. M Soro devient alors un proche de Madame Diabaté Henriette, Secrétaire Générale du RDR. On le voit aussi à la tête du « Mouvement de Jeunes du Grand Nord » sous le nom de guerre de « Dr Koumba ».

Le responsable des relations extérieures du MPCI est M Louis André Dacoury-Tabley ex-numéro 2 du FPI. Il est un des compagnons historiques du président Gbagbo. L’annonce de son ralliement au MPCI crée la consternation. Son frère cadet sera arrêté le lendemain par des éléments armés. On retrouvera son corps criblé de balles. Depuis cet événement, certains rebelles préfèrent rester dans la clandestinité en attendant le dénouement de la crise.

Le Sergent Félix Doh représente le MPIGO, secondé par Mohamed Sess tandis que le Commandant Deli Gaspard représentant le MJP est secondé par Banki Roger, homme d’affaire ivoirien.

De légères divergences séparent les revendications de ces différents groupes. Mais ils s’accordent tous avec M Alassane Ouattara pour réclamer une plus grande transparence politique et l’abolition de toutes les lois inspirées de « l’ivoirité ».

 

Depuis le début du soulèvement du 19 septembre, 8 dignitaires religieux musulmans (Imam et prédicateurs) ont subi des perquisitions, des tortures. L’Imam de la Mosquée du Lycée Technique d’Abidjan a été attendu et abattu devant son domicile par des milices armées en civil appelées « Escadrons de la Morts fondés par M Gbagbo » dont l’existence a été révélée par M Dacoury-Tablé après son ralliement à l’opposition armée.





SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !