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Points de vue

Français ou citoyens de seconde classe ?

Rédigé par Cattori Silvia | Mercredi 26 Janvier 2005 à 00:00

           

Il y avait massées là, au pied de cet immeuble imposant qu’est France Télévisions, en ce samedi 22 janvier, quelques centaines de personnes. Français ou immigrés, venus de tout horizon, habitant la ville de Paris ou ses environs. Il y avait quelque chose de poignant dans la requête de ces personnes qui bravaient le froid, et à qui la France semblait tourner le dos.



Il y avait massées là, au pied de cet immeuble imposant qu’est France Télévisions, en ce samedi 22 janvier, quelques centaines de personnes. Français ou immigrés, venus de tout horizon, habitant la ville de Paris ou ses environs. Il y avait quelque chose de poignant dans la requête de ces personnes qui bravaient le froid, et à qui la France semblait tourner le dos.

 

Ce n’était pas un rassemblement d’essence religieuse ou « communautaire ». C’était l’union fraternelle de citoyens de toute origine, antillaise ou africaine, ou issus de pays anciennement colonisés, notamment du Maghreb - de nationalité française ou pas - qui ressentaient comme une blessure insupportable le fait de se voir quotidiennement l’objet de discrimination raciale. L’union de gens que les revendications du Mouvement pour la Justice et la Dignité (MJD) avaient mis en route.

 

Un mouvement qui se veut laïc, citoyen, républicain et entend « lutter contre toute forme de racisme, sans hiérarchie et sans exclusive. Qui entend soutenir partout la lutte des peuples contre l’oppression coloniale et la discrimination raciale. Et par là même rétablir et maintenir la justice sociale, rétablir dans leurs droits les populations marginalisées et les minorités bafouées, encourager, stimuler et développer les luttes contre les discriminations de toute nature. Car, que l’on soit Tzigane, Musulman, Juif, athée, le racisme est un et indivisible, il ne doit pas y avoir d’exception » nous a confié M. Maata Bagdad, le Président de ce mouvement créé en mars 2004. A une période où certaines dérives médiatiques stigmatisant  des personnes d’origine Africaine, Arabes, de confession Musulmane, ont soulevé l’opinion.

 

Que voulez-vous dire précisément aux responsables des médias, notamment aux responsables des télévisions ?

 

« Nous ne demandons pas de traitement de complaisance ni de faveur : nous voulons simplement une information objective et neutre. Nous avons adressé un message dans ce sens au Président Directeur Général des télévisions publiques, afin qu’il entreprenne ce qui est en son pouvoir pour que les rédactions prennent conscience qu’ils convient d’opérer un changement d’attitude dans la manière de présenter les faits. C’est pourquoi nous voulons faire savoir à ceux des journalistes qui nous assimilent, si facilement, à des éléments porteurs de désordre et d’insécurité, qu’ils ont une grande responsabilité dans la formation de l’opinion en France et dans l’aggravation d’une animosité qui nous met dans une situation d’infériorité. Nous voulons leur dire que nous avons droit à ce respect de la dignité auquel tout être, quel qu’il soit, aspire. Nous voulons leur dire que nous ne comprenons pas pourquoi, chaque fois qu’une personne est mise en cause, on la renvoie à ses origines. Nous voulons leur dire que nous sommes des êtres humains et que nous désirons être traités comme tels. Nous voulons également dire merci aux journalistes qui font bien leur travail. Par contre à ceux qui nous stigmatisent et nous humilient nous tenons à leur rappeler que nous avons droit à la dignité, à un service public égal pour tous. Que quand nous payons notre redevance ils ne regardent pas la couleur de notre peau ».

 

Sur les visages à l’écoute des orateurs, se lisait une amertume mêlée d’espoir. Il suffirait de si peu en effet, pour que chacun puisse se sentir en harmonie avec son environnement. Il dépend de chacun de comprendre que si ceux qui se sentent humiliés dans la République se rebellent aujourd’hui, c’est pour une bonne cause : pour le respect de la dignité et de la justice.

 

« Etes-vous Français ? » avons-nous demandé à un groupe de jeunes. L’un d’eux a sorti de sa poche une carte d’identité française, avant de répondre non sans un peu de ressentiment dans la voix : « Oui Français, mais citoyen de seconde classe ».

 

Nul ne peut nier que les Maghrébins, les Antillais, les Africains sont les premières cibles de la discrimination raciale en France. Une discrimination qui les marginalise durement. Ceci nous amène à nous demander si tout le bruit que certains médias font autour de « l’antisémitisme », ne sert pas à masquer et à minimiser les injustices dont ils sont, en vérité, victimes.

 

Il faisait froid, il faisait triste mais un élément optimiste, est venu d’où nul ne l’attendait : à l’issue de la manifestation, qui a duré deux heures, les policiers, envoyés en force,  ont manifesté leur sympathie pour les thèmes abordés.

 

La preuve qu’il y a toujours, en France, des oreilles prêtes à entendre et que, par delà les différences culturelles, il est possible de se mobiliser pour bâtir ensemble un avenir commun, une société plus juste.

 

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 Toutes les personnes que la discrimination raciale révolte, peuvent désormais faire entendre leurs voix en participant aux rassemblements que le Mouvement pour la Justice et la Dignité programme chaque mois.

 

Prochain rassemblement. Samedi 12 février 2005 à 14 heures.

Devant le siège de France Télévisions, sur l’esplanade Henri de France.

Métro Balard ou RER C (station Bd Victor) ou Bus 42.

Contact :  mjudi2004@yahoo.fr





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