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Finance éthique

Finance, quelles solutions innovantes au service de l’économie réelle ?

Rédigé par Sâmi Hazoug | Mercredi 31 Décembre 2014 à 16:55

           


C’est sous le sceau de l’ouverture que s’est déroulé le 17 décembre à Paris un colloque ayant pour thème « Finance, des solutions innovantes au service de l’économie réelle », organisé par l’IFSO, la chaire éthique de Paris 1, l’Université de Strasbourg, et la Paris School of Business.

Avec Mehmet Asutay (professeur à Durham University), Nasser Hideur (secrétaire général d’Al Baraka, Algérie), et Faizal Manjoo (enseignant à Markfield Institute), l’ouverture à l’international était manifeste.

La journée a connu des interventions relevant tant :

• du droit, telles les interventions de Michel Storck (« Le crowdfunding ») et de Jérôme Lasserre Capdeville (« Finance islamique, chasser les fantasmes : la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ») ;

• de l’économie, avec les exposés de Mehmet Asutay (« The real economy in Islamic economics), de Nasser Hideur (« Le financement de l’économie réelle dans la tradition économique musulmane ») et Laurent Weill (« Do the Type of Sukuk and Choice of Sharia’a Scholar Matter ? », étude coécrite avec Christoph J. Godlewski et Rima Turk-Ariss qui a reçu le prix du meilleur article à la 4th Islamic Banking and Finance Conference) ;

• que de la finance, dont relevaient notamment les exposés de Mouâd Boutaour Kandil (« Les sukuk : outil méconnu (en France) de financement des infrastructures ») et Hicham Boughanem (« La finance islamique comme source de financement de la transition énergétique »).

Cette journée a permis de mettre en exergue des « convergences », selon la formule de Michel Roux, doyen honoraire à l’université Paris-13 (« Du modèle des banques coopératives : quelles convergences en matière de valeurs, de quête de sens pour une finance autrement, quelles convergences avec les banques islamiques »), mais aussi une logique partagée qui, en somme, ne serait que du « bon sens », comme l’a relevé Jean-Aymon Massie (« Économie réelle et gouvernance d’entreprise, une question de RSE ? »).

Cette approche transdisciplinaire a conduit Ezzedine Ghlamallah et Mohamed Selmaoui (« L’assurance mutuelle à la française et takaful, convergences et similitudes »), à proposer des pistes de développement en France du takaful, conformes au droit musulman des affaires et au droit français des assurances.

L’innovation ressortit également de la proposition de Mouâd Boutaour Kandil, qui a mis en lumière l’absence d’obstacles à l’émission et au développement des sukuk en France. Ce qu’a confirmé Hicham Boughanem, qui en a proposé une utilisation concrète pour le financement de la transition énergétique française.

Des questions intéressantes ont pu être soulevées, telle la nature de l’engagement du souscripteur à un fonds Takaful, ou celle du réassurance takaful, sur lesquelles Faizal Manjoo (« An evaluation of the Takaful and Retakaful Industry : prospects and challenges ») a exposé, notamment, les solutions retenues en Malaisie et en Grande Bretagne ; et les nombreux échanges avec le public ont nourri la réflexion.

Le volet pratique n’a pas été omis et les représentants des trois acteurs de la place française (Chaabi Banque, représentée par M. Ibn Abdeljalil, Swiss Life représentée par Me Baudouin, et Vitis Life, représentée par M. Perrine) ont pu faire état de l’évolution du marché.

Le texte des interventions sera compris dans un ouvrage à paraître prochainement (chez L’Harmattan, collection dirigée par Michel Storck et Jérôme Lasserre Capdeville, qui sera le 3e à traiter de finance islamique) pour permettre au plus grand nombre d’en profiter.

L’intérêt porté par la centaine de personnes présentes a conforté l’utilité, sinon la nécessité, de telles manifestations. D’ores et déjà, un colloque est prévu pour le 30 janvier à Strasbourg au cours duquel les travaux de certains des diplômés de l’Executive MBA de finance islamique (promotion 2013) et du master 2 finance islamique (promotion 2014) de Strasbourg, seront présentés.

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Sâmi Hazoug, docteur en droit, coresponsable de l’Executive MBA de finance islamique de l’Université de Strasbourg.





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