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Finance éthique

10e WIEF : partenariats et développement social, clés de l'économie islamique

Rédigé par | Mercredi 29 Octobre 2014 à 22:28

           


Tun Musa Hitam, président de la fondation WIEF, organisatrice du 10e Forum mondial de l’économie islamique.
Tun Musa Hitam, président de la fondation WIEF, organisatrice du 10e Forum mondial de l’économie islamique.
Le Forum mondial de l'économie islamique (World Islamic Economic Forum, WIEF) comptait 400 participants lors de sa première édition à Kuala Lumpur (Malaisie) il y a dix ans. Aujourd’hui, ils sont plus de 3 000 à Dubaï (Émirats arabes unis) pour la dixième édition du WIEF qui jouit désormais d’une reconnaissance mondiale sans précédent.

10e WIEF : partenariats et développement social, clés de l'économie islamique
Pour le président de la fondation WIEF, M. The Hon. Tun Musa Hitam, les échanges et la coopération entre les États en vue de favoriser le développement économique restent le meilleur moyen de permettre une meilleure compréhension mutuelle entre les peuples et les cultures.

Le choix de Dubaï comme lieu d’accueil du Forum n’est pas anodin : en effet, la ville la plus peuplée des Émirats arabes unis ne cache pas son ambition de devenir la capitale de l’économie islamique, qui comprend, entre autres, l’industrie pharmaceutique, le tourisme, l’industrie agroalimentaire, les cosmétiques ou encore les services financiers.

Afin d’atteindre cet objectif, des efforts ont été entrepris par Dubaï pour développer sa place financière et plus particulièrement le compartiment de la finance islamique. L’industrie de la finance islamique, qui totalise à ce jour plus de 1 800 milliards de dollars d’actifs, devrait connaître une croissance sans précédent dans les cinq prochaines années pour atteindre 4 000 milliards de dollars à l’horizon 2020. Dubaï se positionne dans le haut du classement, puisqu’elle est déjà la troisième place mondiale pour l’émission de sukuk qui, rappelons-le, sont une innovation majeure dans l’univers de la finance.

Développer des économies fortes par le savoir

Au cours de la cérémonie d’ouverture du Forum, de nombreuses personnalités du monde politique, économique et financier sont intervenues. Premièrement, la gouverneure de la Banque centrale malaisienne, The Hon. Dr Zeti Akhtar Aziz, pour qui « ce Forum est un instrument permettant la coopération entre les entreprises et les États ».

Zeti Akhtar Aziz, gouverneure de la Banque centrale malaisienne.
Zeti Akhtar Aziz, gouverneure de la Banque centrale malaisienne.
Pour le Premier ministre malaisien, The Hon. Dato’ Sri Mohd Najib Tun Abdul Razak, « la question de la sécurité alimentaire et du développement économique est primordiale, la spéculation sur les matières premières ne devant pas être tolérée ». Ces défis majeurs ne pourront être surmontés sans que toute l’attention soit portée vers l’éducation. Après avoir rappelé que les musulmans ont été à la pointe de l’éducation pendant des siècles, il a dressé un constat alarmant concernant le taux d’analphabétisme de certains pays musulmans, qui atteint parfois 40 % chez les hommes et 65 % chez les femmes et les a appelés à se ressaisir.

Le Forum doit permettre de canaliser tous les moyens possibles pour contribuer au développement économique et social des pays musulmans. Il est nécessaire de développer des économies fortes menées par le savoir et d’encourager une culture de l’apprentissage. Le Premier ministre malaisien en a également profité pour rendre hommage à Ladal Yousafzai, Prix Nobel de la paix, obtenu à l’âge de 17 ans en raison de son combat mené pour l’éducation des femmes.

Pour le Premier ministre du Luxembourg, M. Xavier Bettel, qui a fait le déplacement jusque Dubaï, il est nécessaire d’explorer le futur de la finance et de l’économie islamique, c’est une des raisons qui ont poussé la place luxembourgeoise à être la première à coter un sak en Europe dès 2002. « C’est en prônant des valeurs de paix, de tolérance et d’ouverture aux autres cultures qu’il est devenu naturel pour le Luxembourg de diversifier son offre financière. Cela a permis de répondre aux besoins de certains investisseurs désireux de diversifier leurs investissements et de leur offrir des solutions alternatives plus équitables », explique Xavier Bettel. Ce volontarisme affiché envers le développement de la finance islamique contribue à renforcer le dialogue et la compréhension mutuelle permettant une croissance durable.

Plus d’humanisme, d’éducation et de partage

Le président de la Banque islamique de développement (BID), Dr Ahmad Mohamed Ali, a, quant à lui, soulevé quelques problématiques actuelles auxquels les États doivent faire face : Retrouvons-nous nos valeurs dans le monde que nous sommes en train de construire ? Quelle serait la meilleure forme de partenariat à adopter pour surmonter de nouveaux défis tels que les crises économiques ou encore les catastrophes naturelles ?

Ahmad Mohamed Ali, président de la Banque islamique de développement.
Ahmad Mohamed Ali, président de la Banque islamique de développement.
Il a également interrogé l’assistance sur les gains obtenus par des entreprises impliquées dans des opérations de guerre et de destructions comme celles de Gaza, en Irak ou en Lybie et comment reconstruire ce qui a été détruit.

Il a souligné la nécessité de revenir à des objectifs économiques plus louables pour l’humanité : il faut faire en sorte que les échanges commerciaux et industriels puissent conduire à une amélioration significative des processus de développement économique et social engagés dans les pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Il a insisté sur la nécessité de faire parvenir aux pauvres qui vivent en marge de l’économie les fruits de ce développement. « Nous ne devons pas oublier la vision et le rêve qui peuvent permettre de réaliser une œuvre commune. La Banque islamique de développement a prévu de mettre en place un partenariat avec la Banque mondiale afin de favoriser l’éducation et du lutter contre l’illettrisme dans les États membres », a annoncé Ahmad Mohamed Ali. Il est également prévu que la BID coopère avec le gouvernement du Royaume-Uni et crée un fonds spécial d’intégration des femmes dans l’activité économique.

Une des conclusions de la cérémonie d’ouverture de la 10e édition du WIEF fut que le monde a besoin de plus d’humanisme, d’éducation et de partage et qu’il est nécessaire de développer une forte coopération entre les pays musulmans et les pays non musulmans. « Il est urgent de partager les valeurs universelles de solidarité et de prospérité permettant à l’humanité de vivre en paix », clame l’assemblée à l’unisson.




Ezzedine Ghlamallah
Ezzedine GHLAMALLAH est consultant, fondateur de SAAFI, cabinet de conseil en finance islamique et... En savoir plus sur cet auteur


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