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Sur le vif

Des personnalités juives en défense aux enfants musulmans qu'il faut « protéger comme les autres »

Rédigé par Saphirnews | Jeudi 26 Novembre 2020 à 11:45

           


Des personnalités juives en défense aux enfants musulmans qu'il faut « protéger comme les autres »
Alors que des centaines d'enquêtes ont été ouvertes en France pour apologie au terrorisme, menaces de mort, injures ou provocations à la haine après l’assassinat de Samuel Paty, près de 40 personnalités juives ont signé, mercredi 25 novembre, une tribune afin de marteler que « l’enfance ne relève pas de la suspicion, mais de la protection ». « C’est précisément de cela dont sont dépouillés les centaines d’enfants signalés et/ou poursuivis pour apologie du terrorisme. Pour eux, il ne sera pas question d’écoute et d’accompagnement, mais de judiciarisation et de sanctions pénales et/ou rectorales », déplorent-ils.

Moins d'un mois après la médiatique affaire à Albertville, en Savoie, « il faut protéger les enfants musulmans comme les autres », signifient dans L'Obs les signataires, parmi lesquels l'ex-président de Médecins sans frontières Rony Brauman, la professeure Sonia Dayan Herzbrun, le journaliste Dominique Vidal, le rabbin Gabriel Hagaï ou encore le légendaire Adolfo Kaminsky.

« Les chiffres rapportés par la presse ne permettent aucun doute. La surveillance, de fait ciblée sur les enfants musulmans, voulue par le ministre de l’Education nationale a été suivie par une partie du personnel de l’Education nationale et s’est traduite par un traitement différencié pour des centaines d’enfants », déclarent-ils, regrettant « une ligne de démarcation qui se trace entre les enfants que l’on continue à protéger, et ceux que l’on sacrifie sur l’autel de l’actualité ».

« La mise en place d’un tel dispositif de contrôle – soutenu par des discours répétés mettant en cause les musulmans comme des candidats privilégiés de la radicalisation – procède nécessairement d’une suspicion généralisée portée sur une partie de la population et partagée par suffisamment d’acteurs, par ailleurs plus ou moins convaincus », signalent-ils. De fait, cette mobilisation du personnel de l’Education nationale à des fins politiques « dans cette entreprise politique est terriblement inquiétante ».

« L'histoire doit participer à notre boussole pour le présent »

« Si l’histoire doit participer à notre boussole pour le présent », force est de constater que « s’il a été possible de livrer à la barbarie des milliers d’enfants juifs, c’est que l’antisémitisme était suffisamment ancré dans l’imaginaire collectif français pour que cela ne soulève pas plus de résistance dans la société », affirment-ils encore, tout en précisant qu'« il ne s’agit évidemment pas de comparer des séquences historiques fort différentes ».

« Nous assistons, depuis plus de deux décennies, à une accélération de la stigmatisation des communautés musulmanes en France. Elle prend aujourd’hui une tournure effroyable, dans une période qui n’en finit plus d’accumuler les colères et le ressenti des catégories les plus reléguées socialement », observent les signataires, qui en appellent à la responsabilité du gouvernement afin d'enrayer une « logique funeste » née de positions et de mesures qui relèvent « bien plus d’une logique guerrière que d’une démarche d’apaisement et de protection collective ».

En ce sens, ils saluent les professeurs « qui ont su tenir bon et ont dénoncé les incitations à poursuivre la politique du gouvernement dans leurs établissements » ainsi que l’ensemble des acteurs de l’éducation populaire et de la protection de l’enfance « mobilisés dans l’accompagnement des enfants en ces temps difficiles ».

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