Connectez-vous S'inscrire

Sur le vif

Albertville : des écoliers de 10 ans arrêtés pour « apologie du terrorisme » dans la tourmente

Rédigé par Lina Farelli | Samedi 7 Novembre 2020 à 12:30

           


Albertville : des écoliers de 10 ans arrêtés pour « apologie du terrorisme » dans la tourmente
Depuis l'attentat de Conflans-Sainte-Honorine, ce ne sont pas moins de 237 enquêtes qui ont été ouvertes en France pour « apologie du terrorisme », « menaces » ou « injures », rapporte BFM TV. Ces enquêtes ont été ouvertes souvent des suites de publications sur les réseaux sociaux mais également des suites de perturbations constatées pendant la rentrée scolaire, marquée dans tous les établissements scolaires de France par une minute de silence en hommage à Samuel Paty.

Selon le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, 400 incidents « dans des formes parfois légères, parfois lourdes », ont perturbé la minute de silence dont une dizaine fait l'objet d'une enquête pénale. Des incidents ont aussi été signalés lors de temps d’échanges entre élèves et professeurs

L’affaire qui fait le plus de bruit depuis jeudi 5 novembre s’est déroulée à Albertville (Savoie). Quatre écoliers âgés de 10 ans ont été arrêtés au petit matin par la police pour des propos relevant de l’apologie du terrorisme.

Des propos choquants dont les enfants se sont excusés

Le procureur de la République de Chambéry, Pierre-Yves Michau, a fait savoir que des propos choquants ont été tenus lors d’une séquence pédagogique avec les élèves en hommage à Samuel Paty. « Le terroriste a bien fait de faire ce qu'il a fait. Toi aussi tu vas mourir », auraient-ils lancé. Un enseignant de l’école a, par la suite, reçu un bout de papier avec l’inscription « T mort » mais aucun lien n’a été établi pour l’heure entre cette missive et les quatre jeunes arrêtés.

Les quatre élèves, trois garçons et une fille, ont été entendus pendant neuf heures après avoir été placés en rétention légale, une retenue qui ne peut excéder douze heures. « Ils étaient assistés d’avocats et les auditions ont été filmées. Au bout de neuf heures, ils ont été remis en liberté », rapporte La Savoie de Pierre-Yves Michau. Selon France Bleu, la jeune fille a été mise hors de cause. Les garçons ont, quant à eux, reconnu avoir tenu ces propos et se sont excusés.

Les familles des écoliers sont musulmanes mais pas radicalisées, a insisté le procureur de la République. Des poursuites au pénal sont en vue pour demander des mesures de réparation. Cela pourrait déboucher sur un rappel à la loi et des actions concrètes telles qu’une lettre d’excuse ou une réflexion sur la notion de respect et de violence verbale.

Une affaire qui suscite des réactions indignées

Un article d’Anadolu, avec pour titre « 4 enfants de 10 ans terrorisés par la police pendant 11 heures pour apologie du terrorisme », a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. Le père de la fillette a témoigné auprès l'agence de presse turque pour dénoncer « la force démesurée employée par la police » pour venir chercher son enfant.

En réponse, le ministère de l’Intérieur a indiqué sur Twitter que la nature des faits qui ont été signalés ont suffit à justifier une opération de police au domicile des enfants. « Les lieux ont été perquisitionnés sans aucun heurt ni aucun trouble à l’ordre public. Les enfants ont été placés en retenue tel que prévu par le Code de procédure pénale », a déclaré une porte-parole du ministère de l’Intérieur dans une vidéo, assurant qu’il est « faux de dire que la police a usé d’une force démesurée » et qu’ils sont intervenus « pour faire peur ».

Eu égard au très jeune âge des enfants, l'opération policière a tout de même généré de très nombreuses réactions d'indignation, la jugeant disproportionnée et de nature à traumatiser des enfants. « Le Code de procédure pénale doit aussi s'appliquer avec discernement », a indiqué sur Twitter l’avocat et essayiste Erwan Le Morhedec en réponse aux explications du ministère de l’Intérieur. « C'est d'ailleurs le cas tous les jours quand le Procureur décide ou non de poursuivre ou que la police décide d'une GAV (garde à vue) ou d'une audition libre. »

Lire aussi :
Attentat de Conflans : Samuel Paty a démenti avoir exclu des élèves musulmans de son cours
Lettre posthume d’un enseignant musulman à Samuel Paty




SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !