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Points de vue

Ce que la situation des Syriennes dit de notre éducation sexuelle

Par Fatima Adamou*

Rédigé par Fatima Adamou | Lundi 13 Mai 2013 à 14:14

           


Ce que la situation des Syriennes dit de notre éducation sexuelle
Le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés a récemment qualifié la situation des Syriens de « terrifiante ». Bien avant ce constat, le sort des femmes et des fillettes syriennes était traité de manière éparse dans certains journaux et sur la Toile. L’article « Exploit or be exploited » (« Exploiter ou être exploité ») a été relayé par les organisations humanitaires à travers les réseaux sociaux. Cet article relate la fuite pour échapper à la guerre, les agressions sexuelles, puis les camps de refugiés et les demandes accrues en mariage par des hommes venant du Golfe ou, pour certains, d’Europe.

La précarité, la situation de pauvreté dans laquelle se trouvent les familles, la peur de l’exploitation sexuelle poussent celles-ci à donner leurs filles, même prépubères, en mariage. Beaucoup de ces jeunes mariées sont rendus à leurs familles au bout d’une semaine. Des femmes racontent leur honte de la prostitution comme moyen de survie ou agent de liaison pour trouver des épouses aux hommes, qui les rémunèrent très bien pour ces services.

Ces situations sont malheureusement le lot des guerres : les femmes et les enfants en sont toujours les premières victimes. On l’a vu au Kosovo, en Somalie depuis une décennie ; on le voit aujourd’hui au Nord-Kivu, au Congo. En Syrie, la colère n’en est pas moins grande sous prétexte qu’il y a « mariage », puisque le mariage est utilisé pour maquiller les abus sexuels.

Les institutions et organisations humanitaires musulmanes n’en font pas vraiment l’écho. Hommes et femmes des communautés musulmanes semblent également ne pas y voir d’abus. Le manque d’intérêt à la question de l’exploitation sexuelle des femmes est flagrant.

Une vision de l’islam qui rend impossible la notion d’abus sexuel

Ce désintérêt provient sans doute du tabou entourant la sexualité. Dans certaines cultures, la sexualité est un thème interdit .Cet interdit se transmet de génération en génération. En y ajoutant les valeurs de chasteté de l’islam, on obtient « le » sujet interdit. Bien que la chasteté ne se limite pas à l’aspect sexuel : on parle de la chasteté des pensées ou des paroles…

L’absence de mobilisation quant à la situation des femmes et filles syriennes résulte probablement aussi du fait qu’on y a apposé le mariage comme parade institutionnelle et légale destinée à masquer les abus sexuels.

Aujourd’hui, le mariage est surtout expliqué comme un moyen de relation sexuelle licite. Il est un recours lorsque des jeunes gens manifestent leur intérêt pour le sexe opposé, comme il est un moyen de prévenir le « déshonneur » du viol dans des pays en guerre.

Rien, dans cette conception du « mariage », ne donne l’importance à l’idée du partenariat du couple, du projet commun, du bien-être mental des deux personnes concernées… L’éducation sexuelle y est expliquée à travers un choix de hadith et d’interprétations dangereuses, décrivant l’homme comme un animal incapable de restreindre ses instincts sexuels ; instincts devant être à tout prix assouvis.

Il est répété, voire martelé, que l’épouse doit répondre aux ardeurs de son mari même si elle est occupée, ou bien que les anges sont en colère contre l’épouse si celle-ci s’est refusée à son époux.

La femme, selon cette conception du mariage et des relations hommes-femmes, est réduite à répondre uniquement aux envies de l’homme et à le protéger de ses ardeurs en s’assurant d’avoir une conduite et une parure non provocatrice ; la définition de la provocation changeant selon les cultures.

Ce rôle qu’on lui assigne rend de fait le statut de victime d’abus sexuel, de harcèlement impossible puisque la femme est rendue responsable de la conduite de son agresseur.

Pour une nouvelle éducation sexuelle

Ce type d’enseignement ne fait que renforcer les tabous de nombre de familles musulmanes, y compris celles qui résident en Europe. Dans certaines cultures, la chasteté n’incombe qu’à la jeune fille : sa chasteté sexuelle est l’honneur de la famille. Le corps féminin est en quelque sorte la propriété de sa famille. Le poids de cette responsabilité est tel que certaines femmes musulmanes ont recours à l’hymenoplastie, considérée comme l’ultime recours pour préserver l’« honneur ».

En plein XXIe siècle, l’islam apparaît comme une religion qui accepte et favorise les abus sexuels et formes d’esclavage sexuel, au point que les victimes – femmes, hommes, filles ou garçons – dans les communautés musulmanes n’osent dénoncer les abus ou sont incapables de les identifier comme tels.

Une éducation sexuelle sans tabous est nécessaire. Une éducation qui ne contredit ni ne trahit les valeurs de l’islam comme le respect mutuel homme-femme, l’importance du consentement, de l’écoute et de l’amour réciproque dans le lien conjugal mais aussi la protection des plus vulnérables.

Ainsi, nous redonnerons à l’islam et aux musulman-e-s leurs rôles, celui de lutter contre toutes formes d’exploitation, y compris sexuelle, lesquelles touchent toutes les sociétés, toutes les communautés religieuses et non religieuses.


* Tutrice de français en Grande-Bretagne, Fatima Adamou est également researcher bénévole à l'association Christian Muslim Forum.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par yakoute le 14/05/2013 20:15 | Alerter
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1-Ceux des "musulmans" qui abusent des Syriennes dans leur faiblesse et leur situation précaire font HONTE à l'Islam et je doute fort qu'ils soient des musulmans puisqu’un Hadidh Charif du prophète dit dans ce sens qu'un musulman doit au musulman son Honneur et son Argent, ce qui prouve sans aucun doute la gravité de l'acte de Déshonneur ou du Vol d'un autre musulman par un "musulman". C'est un hadith très fort dans le sens et qui devrait réduire le comportement d'un musli m à ces deux choses spécifiquement. Donc gars au musulman qui veut jouer par ces deux règles, c'est du moins ce qu'on comprend. Ce qui un peu logique vu que l'Islam est une religion d'Humanisme, socialisme...Et favorise par définition l'intérêt du groupe aux intérêts individuelles. Ensuite un autre Hadith dit dans le sens qu'un musulman ne doit pas mépriser un autre musulman ni l’humilier et que dans la religion ils sont frères. Donc ces hommes musulmans qui font tant de mal à des femmes, musulmanes ou même pas, sont loin d'être qualifiés par des musulmans d'après les deux hadith et certainement d'autres, puisque dans ce cas il ya atteinte à l'honneur des syriennes, leur humiliation, leur mépris, et peut être même leur vol et saccage de leur biens, car le terrorisme et le saccage de la Syrie est justement financé par des pays riches "musulmans" du Golf" par l'intermédiaire des mercenaires d'autres pays, achetés par tant de barils de pétrole, pour brûler saccager tant de terres en Syrie...

En ce qui concer...  

2.Posté par Tamaksalt le 15/05/2013 11:29 | Alerter
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'le mariage est utilisé pour maquiller les abus sexuels', c'est choquant d'écrire cela car le problème n'est pas dans le rite religieux comme on pourrais l'entendre ici, ou dans la lecture des écriture saintes. Mais bien dans l'éducation en générale et non pas sexuelle, car quand on voit nos propres comportements dans le monde arabo-musulman ou en occident on a pas besoin de guerre pour comprendre le problème. Ce problème en Syrie car il existe vraiment peut être traité sous un angle moins orienté...

Je me demande même si la personne qui a écrit ce pamphlet se considère comme musulmane ? Et si oui que Dieu lui pardonne car l'Islam est la religion universelle et intemporelle et ce qui voudrais la voir "évoluer" pour s'autoriser leurs passions et divertissements, n'ont rien saisie au message ... Que Dieu nous guide tous

3.Posté par Luna le 16/05/2013 09:44 | Alerter
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@Tamaksalt, le propos sur le mariage utliser pour maquiller les abus sexuels est hélas un fait. il se retrouve même en dehors de la Syrie et ne se limite pas à un simple probleme d'éducation. Certains s'achetent une conscience en considérant qu'ils ont agit en respectant la loi religieuse.
Votre réaction démontre bien qu'aborder ce sujet est problématique peu importe l'angle choisi le sujet existe.
Par ailleurs, l'orientation religieuse de l'auteur du sujet n'a pas a orienter votre avis, il ne s'agit pas de voir "evoluer" la religion car elle l'est déjà, tout est dans l'interpretation qu'on veut bien lui accorder.
le post de Yakoute a parfaitement résumé le comportement à suivre et démontrer le thème du sujet abordé dans cet article.
Et que Dieu vous pardonne aussi de remettre en cause la foi de quelqu'un quelque soit son orientation religieuse.

4.Posté par Maria le 02/11/2013 23:02 | Alerter
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Je remercie la personne qui à écrit ceci.
car comme elle le dit, nier au nom de l'Islam s'est faire l'autruche.

sans offenser personne, je voudrais juste expliquer une situation concrète
" si ton oncle, viol sa femme chaque soir, alors qu'elle n'en a pas envie, n'y éprouve aucuns plaisir et pire, souffre de cet abus. Si ton cousin, viol la fille de la voisine et la menace d’étriper son petit frère si elle parle.... et si ces 2 hommes prient régulièrement vont chaque semaine voir leur famille et aide des que l'on leur demande.. Arrivera tu a croire ta tante ou la fille de la voisine??? pourtant ils se disent musulmans et agissent devant les autres comme tels. "

Si personne n'accepte de croire qu'en chaque homme il peu y avoir le pire et que certains ne savent le contenir, c’est accepter qu'il arrive le pire à nos enfants, vos femmes, vos filles, vos sœurs....

Merci et qu'Allah vous protège Amine


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