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Politique

Bernard Stiegler : « Reconstruire un horizon pour contrer la montée du FN »

Rédigé par Marc Endeweld | Jeudi 31 Octobre 2013 à 06:00

           

La progression des partis conservateurs en Europe est un indice du désarroi politique et moral de bon nombre d’Occidentaux, face aux ruines de l’ultralibéralisme. Plutôt que de stigmatiser leurs électeurs, eux aussi victimes de la crise, il est urgent d’offrir un nouveau projet à la société.



Pour Bernard Stiegler, auteur de « Pharmacologie du Front national  », « les effets toxiques du néoconservatisme consumériste génèrent une anxiété globale, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par le centre ».
Pour Bernard Stiegler, auteur de « Pharmacologie du Front national », « les effets toxiques du néoconservatisme consumériste génèrent une anxiété globale, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par le centre ».

Dans « Pharmacologie du Front national »*, vous écrivez : « La logique du bouc émissaire mise en œuvre par le Front national aura donc été fonctionnellement indispensable, comme inversion de causalité, à des idées ultralibérales en France – et à leur fonctionnement comme idéologie. » Pouvez-vous expliciter ce point de départ de votre livre ?

Bernard Stiegler : Au départ, le FN est ultralibéral. C’est utile de le répéter : Jean-Marie Le Pen, le père de Marine, disait qu’il était le Reagan français. Ce n’est pas un fasciste au sens classique. Parler des fascistes du FN est une erreur historique. Les fascistes s’en prennent aux puissances de l’argent, et défendent l’État. Le FN ne défend absolument pas l’État. Il s’inscrit au contraire dans le sillage de ce qu’on a appelé la révolution conservatrice qui veut liquider l’État. Et ce n’est pas du tout la tradition de l’extrême droite française habituelle.

Ce point a été sous-analysé par les partis de droite comme de gauche. Ils n’ont pas vu le caractère spécifique de cette extrême droite-là, qui la rend structurellement proche de la droite dure. Les ultralibéraux français Madelin et Longuet étaient eux-mêmes des anciens membres d’Occident, l’un des mouvements à l’origine du FN et issu de l’OAS…

Depuis que Jean-Marie Le Pen a laissé sa place à sa fille, le FN a évolué vers quelque chose qui se rapproche du fascisme classique : la défense d’un État fort. C’est contradictoire avec le fonds de commerce de départ et les idéologies du FN. En revanche, ce qui est continu de Jean-Marie à Marine Le Pen, c’est la dénonciation de boucs émissaires comme causes de tous les problèmes.

Jean-Marie Le Pen a défendu la révolution conservatrice et l’application d’un nouveau modèle économique en Occident, qui ne passe pas par l’appropriation des moyens de production et des matières premières, mais par celle des circuits financiers et leur contrôle. C’est ce qu’on appelle la financiarisation du capitalisme : il suffit d’être actionnaires, de contrôler les conseils d’administration, à travers l’actionnariat.

Le Pen adhère totalement à ce programme-là, et il en exploite « pulsionnellement » les effets catastrophiques, qui sont l’augmentation du taux de chômage, la déshérence généralisée provoquée par le marketing qui détruit, par exemple, les structures familiales en rendant les enfants quasiment inéducables. Tout cela produit une très grande souffrance, économique, symbolique, affective, sexuelle et crée un grand malaise qui n’épargne personne, pas même les grands patrons qui, en privé, se disent extrêmement inquiets.

Pour quelles raisons ?

Bernard Stiegler : Tout le monde a l’impression que l’histoire de l’Occident est terminée, qu’il n’y a pas de pilote dans l’avion. Cela provoque une immense anxiété, et une grande misère objective : il suffit de voir les innombrables personnes qui font la manche à Paris… Cette exaspération sociale finira par s’exprimer un jour de manière très problématique. C’est ce que le FN exploite depuis le début.

Au départ, le FN pointait essentiellement les immigrés ; aujourd’hui, il désigne beaucoup d’autres boucs émissaires. Le FN défend cette évolution et l’a toujours défendue, même si Marine Le Pen s’en défend et prétend aujourd’hui le contraire. Les cadres du FN, eux, sont toujours les mêmes, et son père est toujours derrière, ce qui explique aussi le rapprochement, qui n’est pas seulement opportuniste, entre une certaine droite et l’extrême droite. C’est une trajectoire idéologique fondamen­tale. Et une partie de la gauche est étrangement proche de cette trajectoire néolibérale presque autant que des responsables de l’UMP.

Sur les inversions de causalité, par exemple, le FN dit que tout va mal à cause de tous ces immigrés qui ne parlent pas français, qui n’ont pas les mêmes valeurs que nous : c’est à cause d’eux que ça ne marche pas. En réalité, ils sont des victimes. Ils ne sont pas les causes de la situation mais en subissent les conséquences.

Nous sommes dans une période de grande crise, qui n’est pas seulement économique. Je soutiens que la crise actuelle est beaucoup plus violente que celle de 1929, beaucoup plus dangereuse. Or, celle de 1929 a abouti aux millions de morts de la Seconde Guerre mondiale et des camps.

Nous sommes dans une telle situation de désarroi, de désenchantement, de désespoir, et pas simplement en France. 81 % des Américains disent ne plus croire au consumérisme. Si 19 % croient encore à leur modèle, ça ne fait pas beaucoup. 15 % des Chinois sont identifiés comme dépressifs par le ministère chinois de la Santé. Aux États-Unis, on enregistre 5h30 de télé par jour chez les adultes, 10h30 par jour chez les ados, tous médias confondus.

C’est ce que Walter Benjamin décrivait comme des phénomènes d’anesthésie pour essayer de lutter contre l’angoisse. Cinq jours avant l’élection de François Hollande, 37 % des Français disaient partager les idées du FN. En valeur relative, le FN est largement dominant. Marine le Pen sera bientôt au gouvernement.

Les effets toxiques du néoconservatisme consumériste génèrent une anxiété globale, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par le centre. Quand on entend les propos scandaleux du maire de Cholet sur les Roms, on se dit que les gens sont devenus complètement dingues car, pour dire ça, il faut vraiment ne plus se contrôler.

Les gens souffrent sans savoir de quoi ils souffrent. Car les processus de transformation se produisent à une vitesse extrêmement rapide. La critique de cette transformation n’a été faite ni par les appareils des partis politiques, ni par le monde académique, ni par les associations, ni par les Églises, car tout va très vite. On est dans la stupéfaction, la stupefaction en anglais qui donne stupidity, traduit en français par « bêtise ».

Vous citez Paul Valéry au début du livre qui pointe la future « crise de l’esprit », et vous expliquez que c’est le symptôme de la déstructuration particulière de l’Europe, et même de l’Occident…

Bernard Stiegler : L’Occident est un mot qui mérite d’être critiqué et analysé. Moi, je pense que l’islam fait partie de l’Occident. Pour moi, c’est le monothéisme, y compris dans des sociétés laïques. L’Occident européen, à un moment donné – notamment la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne –, est le berceau des Lumières : une nouvelle conception de la raison, reprise du projet gréco-judéo-romain, qui porte le discours de la raison. C’est Descartes, Leibniz, Kant, Hegel…

Il s’y construit un nouveau projet, qu’on appelle la modernité, qui est la base de la conquête du monde par l’Occident. Pas un territoire n’a échappé à la puissance de l’Occident, même l’Empire du Milieu, qui ne s’est jamais totalement soumis, a été quand même contenu par l’Occident, et humilié d’ailleurs – espérons qu’ils ne nous feront pas payer cette humiliation trop durement.

Le développement des Lumières a conduit au capitalisme, ce que Max Weber a décrit, et a amené à un discrédit des Lumières, ce qu’Adorno, et plus généralement l’École de Francfort dans sa première époque, ont fort bien observé. Ce projet de l’Occident a été extrêmement conquérant jusqu’à la fin des années 1960. Il s’est interrompu pour plusieurs raisons. D’une part, les luttes anticoloniales ont finalement mis à bas tous les empires coloniaux, français, anglais et espagnol. D’autre part, ce processus s’est développé à travers un capitalisme que j’appelle consumériste et planétarisé.

Ce modèle est né il y a un siècle aux États-Unis, hors du berceau européen du capitalisme industriel, productiviste, anglo-germanique et français. Tout se déplace aux Etats-Unis sous la forme d’un capitalisme consumériste. La Grande-Bretagne, qui a perdu son Empire, s’aligne sur le modèle de l’Amérique du Nord. Celui-ci entre en crise quand les pays anciennement colonisés prennent leur autono­mie et le contrôle des matières premières, en particulier le pétrole.

À ce moment-là, Thatcher et Reagan disent : « Allez, on les laisse s’industrialiser, mais on contrôle le processus. » Là se développe l’hyper-consumérisme, un capitalisme spéculatif. Ce capitalisme va devenir progressivement toxique, et les gens vont commencer à se sentir mal.

Dès 1968, déjà, se développe un mouvement contre la consommation. C’est là que l’Occident va cesser de croire en lui. J’ai parlé de cela il y a huit ans dans Mécréance et Discrédit, en trois volumes, où j’essayais de faire une histoire du capitalisme. Le capitalisme du XVIIIe siècle est révo­lutionnaire, conquérant. Marx l’analyse avec admiration. Nous sommes actuellement dans une troisième période qui se met à tout détruire, notamment toutes les « valeurs ». Ce que les électeurs du FN disent tout le temps : « il n’y a plus de valeurs. »

L’Occident ne croit plus en lui, et il n’y a plus de projet occidental. Il n'y a qu’un projet de capita­lisme financiarisé où il y a des Saoudiens, des Japonais, tout ce que vous voulez, ce qu’on appelle l’oligarchie spéculative qui ne porte aucun autre projet que de gagner le plus d’argent possible, le plus vite possible.

Et cela conduit à ce que Paul Valéry décrivait dès 1919. Il dit que l’Occident exporte ses technologies et qu’elles lui échapperont et se retourneront contre lui, et que c’est ainsi qu’il disparaîtra. Et, en 1939, il écrit un nouveau texte, où il parle de la baisse de la « valeur esprit », où il explique que l’esprit occidental est en train de se dévaluer complètement, de se détruire, et c’est ce qui conduit à une situation de discrédit généralisé.

Discrédit, cela veut dire qu’on ne croit plus. C’est pour cela que des jeunes Français bien blancs deviennent islamistes, par une espèce de dégoût de l’Occident. Je condamne bien sûr ces évolutions, mais condamner cela n’explique pas. Il y a un processus de délitement de l’histoire occidentale.

Oui, je crois que nous sommes parvenus à un terme. Je revendique l’héritage des Lumières. J’ai fréquenté pratiquement tous les post-structuralistes (j’ai fait ma thèse avec Derrida) : ils ont dénoncé les modèles de la modernité, à juste raison, mais parfois avec une certaine légèreté, en ne voyant pas toutes les conséquences politiques de cette déconstruction du sujet moderne. Il manquait à tout ce travail une pensée sociale qui aurait empêché les néolibéraux de s’approprier cette pensée.

Aujourd’hui, par exemple, Michel Foucault est beaucoup cité par les ultralibéraux. Tout ce mouvement était aussi très anti-puissance publique, mais il n’y a eu aucune construction d’une alternative à tout cela.

Qu’entendez-vous par « pharmacologie » du Front national ?

Bernard Stiegler : Malheureusement, je pense que nous sommes au bord d’une crise militaire, d’une guerre. Ce que je crois, c’est qu’il faut reconstruire aujourd’hui, non pas une philosophie des Lumières, mais une philosophie des ombres et des lumières, de ce que j’appelle le pharmakon. C’est une expression que j’emprunte à Socrate, qui en parle dès Protagoras.

Le pharmakon est ce qui constitue le remède à nos maux, mais qui peut aussi devenir notre poison. Dans certaines circonstances, le remède peut être pire que le mal.

Dans la Grèce antique, comme l’a souligné Jean-Pierre Vernant, les Grecs sont les enfants de Prométhée : ils sont confrontés à cette situation pharmacologique, condamnés à développer des techniques pour se développer, sachant que ces techniques peuvent toujours se retourner contre eux s’ils n’y prennent pas garde.

À partir de là naît la philosophie, dont la fonction est de proposer des thérapeutiques, c’est-à-dire des politiques – ce n’est qu’ensuite que la philosophie deviendra spéculative. Socrate est d’abord un citoyen. Il développe une conception citoyenne du savoir, et une façon de vivre les savoirs, savoirs rationnels, savoir-vivre et savoir-faire.

Pendant 2 500 ans, cette situation pharmacologique a été dissimulée. Comme le disait Marx, il y a eu une dissimulation des causes réelles, à travers l’idéologie. Quand, en 1919, Valéry écrit ce texte dont on parlait tout à l’heure, on sort de la Première Guerre mondiale. Il constate que toute cette puissance, les mathématiques, la physique, a été mise au service de la destruction de millions de gens. L’humanité découvre que le savoir peut être la pire des choses.

La question de Valéry, Husserl la pose en Allemagne, Freud en Autriche. Et aussi les dadaïstes en Suisse… Puis les surréalistes… Mais ce sont des intellectuels, des écrivains, des artistes, des scientifiques, l’homme de la rue ne se pose pas cette question. Il profite de la paix, de la prospérité retrouvée, ce sont les Années folles : j’ai survécu, je profite de la vie. Mais les intellectuels s’inquiètent de la perspective de voir quelque chose de terrible être engendré à partir de cette situation. Ils ont raison, ce sera le nazisme.

Mais, en 2008, c’est tout le monde qui découvre le caractère pharmacologique de la situation, et donc aussi les électeurs du FN. Ces électeurs ne sont pas mes ennemis mais, comme moi, des victimes, des victimes de la chose dont je suis moi-même victime. Cependant, je n’ai pas la même interprétation qu’eux du mal qui nous fait souffrir. Nous avons passé notre temps à diaboliser les électeurs du FN.

Éva Joly, le soir du premier tour de l’élection présidentielle, a eu un discours scandaleux, qui consistait à dire que ces personnes étaient une « tache » pour la démocratie. C’est honteux de parler ainsi. Ça ne peut qu’augmenter la haine et pratiquer avec les électeurs du FN ce qu’on leur reproche de pratiquer avec les immigrés, une logique de bouc émissaire. Les électeurs du FN sont des victimes du mal, pas sa cause.

Mais alors, comment faire pour ne pas régresser ?

Bernard Stiegler : Il faut reconstruire un projet, qui ne serait pas « occidental », mais rationnel. L’Occident s’est exporté partout dans le monde à travers ses marchandises, sa consommation, ses modèles marketing, mais aussi à travers sa science, ses modes de savoir…

Ce projet occidental s’est planétarisé notamment à travers les « universités », un mot qui vient de Bologne. Tous les universitaires ne sont pas bons, mais quelques-uns sont très bons. Ce qui les fait vivre, c’est l’amour du savoir. Et il y en a partout dans le monde. C’est un sujet d’espoir. Il y a à reconstruire un projet, pas uniquement avec ces universitaires, mais avec ce que j’appelle les nouveaux mondes académiques : par exemple, ceux qui sont sur des réseaux sociaux, ou les technologies contributives de l’Internet, qui essayent de construire ce qu’Emmanuel Kant désignait au XVIIIe siècle sous le nom de « sociétés savantes ».

Cette République des Lettres produisait de nouvelles formes de savoir. Aujourd’hui, il y a toute la communauté du logiciel libre, les hackers activistes, dont Snowden fait partie d’une certaine manière, qui sont porteurs d’un espoir, mais il leur manque énormément de concepts, parce que les choses vont extrêmement vite, et il est très difficile de penser toutes ces rapides évolutions qui font très peur aux gens, et aux 40 % de Français qui sont sympathisants du FN.

Aujourd’hui, la responsabilité de gens comme vous ou comme moi – vous journaliste, moi universitaire, mais je pense aussi à mes amis artistes, scientifiques, militants –, c’est de reconstruire un horizon. Le FN continue de monter, et je pense qu’il accédera un jour au pouvoir parce qu’il n’y a aucun horizon ouvert rationnel. Les gens le sentent. À partir de là, ils régressent, et quand je dis « ils », je m’inclus dedans, je vois en moi régulièrement des processus régressifs, même si j’essaye de les contrôler.

Quelles sont les pistes pour ce nouvel horizon ?

Bernard Stiegler : Je soutiens que le numérique est un pharmakon, et qu’aujourd’hui, avec l’extrémisme du consumérisme, le numérique est aussi porteur d’une capacité à sortir du consumérisme. C’est ce que j’appelle l’économie de contribution.

Comme l’a montré le Prix Nobel d’économie Amartya Sen, le capitalisme ne marche plus très bien parce qu’il détruit ce qu’il appelle les « capacités ». Marx appelait cette destruction de savoir la prolétarisation. Sen l’appelle l’« incapacitation ». Il montre qu’un habitant du Bangladesh a une espérance de vie plus importante qu’un habitant de Harlem, alors que le Bangladesh est l’un des pays les plus pauvres du monde. Mais les Bengalis ont continué à développer des capacités de savoir, alors qu’un habitant de Harlem est complètement « consumérisé ».

Si on avait une politique du numérique originale en Europe, il donnerait la possibilité d’élaborer une nouvelle économie industrielle, qui reposerait sur la construction, la « capacitation » des partages du savoir, c’est une idée qui progresse partout. J’organise d’ailleurs une grande conférence internationale à Paris en décembre avec tous ces mouvements largement inspirés d’Occupy Wall Street, pour essayer de montrer qu’il existe des alternatives, et qu’elles sont tout à fait constructibles.

Il faut que François Hollande et les socialistes s’appuient dessus, sinon on aura le FN au pouvoir en France. Tout le monde sait qu’on ne peut plus continuer comme ça, même les spéculateurs. Ils le savent mieux que personne. L’un d’entre eux a avoué, il y a un an sur la BBC, dans une interview qui a fait scandale : « Je sais très bien que je suis en train de tout foutre en l’air, mais je suis là pour prendre le fric. » Je le répète, tous, nous savons que tout ça ne peut plus durer. 

Bernard Stiegler : « Reconstruire un horizon pour contrer la montée du FN »
* Bernard Stiegler est philosophe, fondateur et président de l’association Ars Industrialis, créée en 2005. Il est membre du Conseil national du numérique depuis 2013. Il a publié Mécréance et Discrédit (trois tomes, éd. Galilée, 2004 et 2006) et Pharmacologie du Front national (éd. Flammarion, « Bibliothèque des savoirs », 2013, 456 p., 23 €).





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