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Ramadan

Allaitement et Ramadan : jeûner sans danger pour maman et bébé

Par Dr Hanane Chafik*

Rédigé par Hanane Chafik | Mercredi 3 Août 2011 à 17:22

           


Allaitement et Ramadan : jeûner sans danger pour maman et bébé
Une période d’allaitement peut coïncider avec le mois de Ramadan. La question récurrente chez les femmes qui allaitent est : « Le jeûne met-il mon bébé en danger ? »

Trois règles essentielles sont à observer :
1. Toute femme craignant pour elle ou pour son bébé ne doit pas jeûner.
2. Toute femme qui n’est pas en bonne santé à la veille du Ramadan ne devrait pas jeûner.
3. Toute femme souhaitant jeûner doit prendre l’avis de son référent médical avant de jeûner (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme, conseillère en lactation).

L’article suivant concerne donc celles qui, allaitantes, se sentent bien et aimeraient jeûner, en toute sécurité. Pour chaque cas, nous évaluerons le risque médical pour maman et bébé, et proposerons les conseils appropriés.

Le risque médical

Bébé est-il nourri au sein exclusivement, ou son alimentation a-t-elle été diversifiée et il ne tête que pour dormir par exemple ?

En réalité, la question ne se pose que pour les bébés en allaitement maternel exclusif. Dans les autres cas, le jeûne ne devrait pas affecter l’allaitement, mais la mère devra quand même se surveiller, car l’allaitement lui coûte toujours en eau et en énergie.

Risques pour le bébé

À priori, le jeûne ne semble pas diminuer la quantité de lait produite mais peut être sa qualité : il pourrait être moins gras et, dans ce cas, bébé réclamerait plus souvent la tétée. Aucune étude n’a démontré, à ce jour, un impact négatif du jeûne sur l’allaitement.

Les autres signes que bébé n’est pas rassasié sont :
• la diminution du nombre de couches mouillées (moins de 6 par 24 heures),
• des selles verdâtres (au lieu de jaune or),
• une perte de poids ou une non-prise de poids,
• une irritabilité du bébé ou des pleurs persistants, stridents.

Risques pour la mère

C’est la déshydratation, dont les signes sont : soif intense, urines plus sombres et plus odorantes, vertiges, épisodes de fatigue, voire d’évanouissement, maux de tête, douleurs diffuses.

Le manque d’eau peut également occasionner des épisodes de constipation, des coliques néphrétiques (calculs dans les voies urinaires), etc.

Les conseils

Boire environ 10 verres d’eau, lait, jus de fruits (éviter thé, café, sodas), surtout au petit matin ; on préconise habituellement 1,5 litre par jour pour tous, l’allaitement consomme près de1 litre par jour ! Il faudrait donc boire théoriquement plus de 2 litres par jour, soit 2 litres et demi en 7 heures en cas de jeûne ! En pratique : écouter sa soif reste le meilleur indice pour se réguler.

• Favoriser la consommation d’aliments naturellement galactogènes, c’est-à-dire stimulant la lactation, tels que le fenouil, le cumin, le fenugrec, les dattes, les amandes.

• Pas besoin de manger « plus » que d’habitude, il faut savoir écouter sa faim, et favoriser les féculents le matin pour l’énergie ; une alimentation saine et variée conviendra à la santé de la mère et de bébé.

• Se reposer pendant la journée, au moins une bonne sieste.

• Ne pas trop couvrir bébé s’il fait chaud, il risquerait de réclamer la tétée beaucoup plus souvent.

• Au moindre signe de déshydratation, il faut interrompre le jeûne.

• En cas de non-satiété de bébé, il vaut mieux renoncer au jeûne plutôt que de complémenter bébé avec du lait artificiel. L’introduction du biberon ne semble pas justifiée dans ce cas, s’il s’agit juste de permettre à la mère de jeûner, puisqu’elle court le risque de compromettre l’allaitement exclusif qu’elle avait entrepris. Il est préférable de protéger l’allaitement exclusif, surtout pendant les 6 premiers mois de bébé, la démonstration de la supériorité et des bienfaits du lait maternel pour les bébés étant aujourd’hui clairement établie.

En conclusion, une femme allaitante, en bon état général par ailleurs, et sans souci de santé à la veille du Ramadan, pourrait être autorisée à jeûner par son référent médical. Elle devra tout de même être à l’écoute de son corps et de son bébé, toute mère étant naturellement protectrice, et savoir renoncer au jeûne pour sa santé et celle de son protégé.


* Dr Hanane Chafik, médecin généraliste.





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