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Société

A Metz, le Concordat en question

Rédigé par Fouad Bahri | Jeudi 9 Novembre 2006 à 16:30

           

Les musulmans de l’association Amitié ont organisé une rencontre avec quelques élus pour évoquer l’élargissement du Concordat à l’islam. L’enjeu local est la possibilité de financement d’un futur centre islamique à Metz.



Rien de tel qu’un verre de thé pour construire une amitié. C’est en ces termes que s’est déroulée la dernière rencontre de l’association musulmane Amitié qui a réuni, à l’occasion de la fête de l’aïd, de nombreux élus dont le député-maire François GrosDidier, Nathalie Griesbeck, député européenne, quelques élus du Conseil général tels que Christine Pallez et Alain Hethener, le président du CRCM Lorraine, Amin Nejjdi et les représentants des autres confessions religieuses, à l’exception de la communauté juive qui n’a pas voulu répondre à l’invitation.

Pour les représentants de cette association, l’enjeu de ce débat a été de sensibiliser les élus sur l’extension du Concordat, régime de financement et d’encadrement étatique des religions hérité de Napoléon, au culte musulman.

Président d'Amitié, Raymond Abderhaman Beller revendique un élargissement du Concordat
Président d'Amitié, Raymond Abderhaman Beller revendique un élargissement du Concordat

Une exception à la française

En effet, depuis sa signature en 1801, le Concordat qui est toujours appliqué en Moselle, dans le Haut et le Bas-Rhin, permet aux églises, temples et synagogues d’être financés par la République. Les prêtres, les rabbins et les pasteurs sont salariés et les écoles privées perçoivent des subventions d’Etat.

Cette exception à la laïcité française s’explique du fait de l’annexion de ces trois régions par l’Allemagne, au moment où la loi de 1905 était votée en France. Au moment de leur réintégration, la République les a autorisées à conserver ce régime. Seul le culte musulman échappait à cette autorisation, du fait de son absence au moment du Concordat.

C’est pour réparer cette injustice de traitement que le député François Grosdidier a déposé en juin dernier un texte de loi étendant le Concordat au culte musulman. Une initiative aussitôt saluée par le Président du CRCM Alsace qui avait demandé à l’ensemble de la représentation nationale de voter cette loi. "Les deux propositions du député François GROSDIDIER, pour peu qu'elles soient votées par l'ensemble de la représentation nationale, contribueront certainement à faire évoluer, positivement, le traitement réservé à la deuxième religion de France par nos autorités administratives et politiques."

Dans ce contexte, les musulmans de Metz souhaitent obtenir de meilleures conditions de culte pour répondre à leurs besoins. Selon l’imam Mohamed Hicham Joudat, "il est très important que ce projet de loi passe car les moins élevés socialement sont ceux qui sont privés des bénéfices du Concordat, ce qui n’est pas juste."

Les principales revendications de l’association Amitié sont d’obtenir un financement d’Etat pour la construction d’un centre islamique et la rémunération de leur imam. « Nos activités dépassent les lieux que nous avons à notre disposition et nos salles sont trop moyennes » explique Nadia Oulad, militante d’Amitié.

Le député François Grosdidier a déposé un projet de loi pour inclure l'islam au Concordat
Le député François Grosdidier a déposé un projet de loi pour inclure l'islam au Concordat

Une recette pour l’amitié

Actifs localement, les musulmans de Metz souhaitent développer des cours d’arabes mais aussi des actions à destination des jeunes. "Nous préparons un forum sur l’orientation scolaire des jeunes avec notamment l’intervention de membres de la Chambre de commerce."

Soutenus par les autres communautés religieuses, à l’exception de la communauté juive qui a décliné l’invitation, les responsables d’Amitié estiment avoir été compris par les élus.

Mais toutes les conditions devront être réunies. Le dossier sur le financement et la construction de ce centre, encore à l’étape de la réflexion, devra être minutieusement élaboré.

L’une des difficultés sera aussi de fédérer à ce projet les autres associations musulmanes de Metz, en particulier les associations musulmanes turques, plutôt engagées dans une dynamique tournées vers les questions nationales ."La difficulté pour fédérer d’autres associations sera la localisation du centre que nous souhaitons construire dans le quartier de Metz/Borny, ce qui n’arrangera pas forcément les autres associations."

En attendant l'élargissement du Concordat au culte musulman, c’est la recette d’une bonne amitié que Nadia Oulad a déclamée aux élus. "Mettez de la sincérité à souhait, rajoutez trois cuillérées pleines de bonne volonté, saupoudrez d’Égalité, vous obtiendrez alors le meilleur gâteau de l’Amitié ! ". Avec succès…





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