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Economie

la fin de la spécificité française?

Rédigé par Lamine C. | Jeudi 19 Décembre 2002 à 00:00

           

Le nombre de personnes âgées par rapport au nombre d´actifs ferait peser, à l´horizon 2040, un risque sérieux sur la viabilité de notre système de retraites à la française. . Sous l´effet de l´arrivée massive à l´âge de la retraite des générations du baby-boom nées après 45 et du vieillissement démographique non compensé par une augmentation du nombre de cotisants, la situation financière des caisses de retraite risque donc de se dégrader tragiquement à partir de 2005 si nous ne prenons pas dés maintenant des mesures adéquates.



A écouter certains « techniciens » des questions démographiques, l´accroissement « incessant » du nombre de personnes âgées par rapport au nombre d´actifs ferait peser, à l´horizon 2040, un risque sérieux sur la viabilité de notre système de retraites à la française. L´allongement de la durée de la vie et le contre choc du baby-boom concrétisé en un étiolement des naissances à partir des années 70 font, qu´entre 2000 et 2040, la part des personnes de plus de 60 ans dans la population totale passerait de 20.6% en 2000 à 33.5% pour 2040. Sous l´effet de l´arrivée massive à l´âge de la retraite des générations du baby-boom nées après 45 et du vieillissement démographique non compensé par une augmentation du nombre de cotisants, la situation financière des caisses de retraite risque donc de se dégrader tragiquement à partir de 2005 si nous ne prenons pas dès maintenant des mesures adéquates.

La répartition : solidarité et réduction de la pauvreté
Le système français de retraite est donc fondé sur les principes de la répartition et de la solidarité inter-générationnelle. Les pensions versées durant une année aux retraités sont financées par des cotisations prélevées la même année auprès des cotisants. Ce système fait, qu´en 2001, environ 12 millions de personnes ont perçu une pension moyenne de 1050 euros net par mois. Au total, 183.6 milliards d´euros ( plus de 1200 milliards de francs) ont été distribués pour les retraites en 2001, soit 12.5% du produit intérieur brut (PIB). Au cour des dernières décennies, la généralisation de ce système a permis de réduire considérablement la pauvreté chez les populations âgées. Enfin, la répartition est fondée sur la solidarité entre générations et par nature collective. La capitalisation repose sur le principe inverse : chacun cotise pour sa propre retraite.

Se méfier des idées préconçues
Pour décrire cette épreuve, économistes et politiques libéraux ne se gênent pas pour utiliser un vocabulaire défaitiste voire alarmiste, telle la notion de « choc démographique ». A les écouter ou les lire, j´ai de plus en plus tendance à croire que la disposition séculaire à l´accroissement de la durée de vie moyenne est le drame de ce 21ème siècle. La puissance symbolique du concept de « choc démographique » modifie incontestablement la capacité de « M tout le monde » à considérer sereinement le problème. En déversant dans les médias ce type d´idées reçues ou stéréotypes, vous apeurez ces charmants et vulnérables cotisants, au point qu´ils ne regarderont plus jamais pareillement leurs tendres parents. Le stéréotype fait son effet, il se transforme en une idée ordinaire, académique et incontestable. Papy et mamie se mutent en une menace potentielle, un « péril vieux ». Conformément à ce raisonnement, je crains que la France soit d´ici quelques années le théâtre d´exactions punitives à l´encontre de nos abjects pépés et mémés qui ne s´arrêtent jamais de vivre, initiatives exécutées par des groupuscules d´individualistes extrémistes craignant d´être acculés financièrement sous la pression d´un « troisième âge » immuable. Il est déjà trop tard, la mécanique infernale des préjugés et des stéréotypes fait son effet. Je hais les personnes âgées responsables collectivement (sans procès équitable) de la déchéance de notre système français par répartition. Cette dialectique par idées préconçues peut être appliquée au cas à la communauté musulmane réduite à « tous ses arabes intégristes » ou « présumés intégristes » quand l´orateur nous fait le plaisir d´un discours nuancé.
Et si en fin de compte la « chose » décrite n´était pas déformée et amplifiée pour servir les intérêts financiers d´une petite catégorie d´agents économiques ? Est-ce que les assureurs, banquiers, milieux patronaux et fonds de pensions n´auraient-ils pas intérêts, en introduisant la capitalisation, à voir se déverser sur leurs comptes plus de 180 milliards d´euros tous les ans ?

Que faut-il donc faire ?
Sans vouloir minimiser la portée de l´enjeu, l´honnêteté intellectuelle devrait nous inciter à relativiser l´ampleur de ce « désastre » annoncé. Établir la capitalisation est une issue incorrecte, elle s´imprègne d´inégalités et d´individualisme.
Pour sauver notre système de retraite par répartition, les solutions existent. Encore faut-il que tous les acteurs économiques acceptent de faire des concessions. Certaines variables peuvent être modifiées:
-    Le taux de cotisation : l´idée est d´accroître la part du salaire versé tous les mois aux  régimes en charge du versement des pensions. La marge de manoeuvre est cependant limitée.
-    L´âge de départ à la retraite : dans un premier temps il faudra donc homogénéiser à 40 ans le nombre d´annuités nécessaires pour prétendre à une retraite pleine entre secteurs publics (37.5 ans) et privés (40 ans). Dans un second temps, il faudra augmenter ce nombre d´années à cotiser des deux secteurs d´au moins 3 ans. Ça risque d´être socialement chaud à faire passer.
-    Le montant des pensions versées : Cette variable ne peut être modifiée, au risque d´altérer sérieusement le pouvoir d´achat des personnes du 3ème âge. Diminuer le montant des pensions risquerait de pousser certains retraités dans l´indigence monétaire.
-    Le nombre de cotisants : Cette variable est l´élément clé. Pour accroître le nombre de cotisants, nous devons impérativement réduire le taux de chômage (actuellement à 9% de la population active), accroître l´employabilité catastrophique des personnes de plus de 55 ans et celle des femmes. Cela augmentera d´autant le nombre de cotisants.

Une autre option, beaucoup plus passionnelle, consistera à jouer des flux migratoires. Il faudra donc mettre fin à notre législation contemporaine restrictive qui borne les entrées nettes de migrants à environ 50000 personnes/an. Il est ahurissant, au regard des données statistiques établissant la France à son minimum historique et à l´ultime place européenne en terme d´entrées nettes sur le territoire national, que la rhétorique « le Pen » soit tant plébiscitée. Imaginez qu´au cour des Trente Glorieuses, la France « ingurgitait » en moyenne 200000 à 300000 personnes/an, avec un record d´un million de personne en 1963. Actuellement, nous sommes donc bien loin de ces sommets avec nos 50000 émigrés/an. Il deviendra indispensable au cour des prochaines décennies que les mouvements migratoires correspondent à un flux net moyen de l´ordre de 150000 à 250000 personnes par an. Il en ira de stabilité du financement de notre systèmede retraite.

En guise de cerise sur le gâteau, nous pourrions retrouver un caractère humain dans notre attitude à l´égard de ceux qui désirent « survivre » dans notre pays en supprimant la double peine, en accordant des cartes de séjour de 10 ans, en fermant les centres de rétention... Enfin, l´ultime alternative pour accroître le nombre de cotisants sera de trouver des mécanismes qui inciteront les ménages à avoir plus d´enfants. En effet, les nouveau-nés d´aujourd´hui sont les cotisants de demain !!!





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