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Grâce à nos différences

Vivre ensemble : et si on s'inspirait de l'expérience du Liban ?

Rédigé par | Mercredi 27 Mars 2019 à 09:00

           


Ces quelques derniers jours, la communauté de Taizé a organisé avec le Conseil oeucuménique des Églises sa première rencontre régionale de jeunes au Moyen-Orient et dans le monde arabe au Liban.

À cette occasion, j’étais à Beyrouth avec un peu plus d’un millier de jeunes, un tiers d’Européens, un tiers de Libanais, et un tiers d’Arabes issus notamment de Syrie, d'Irak, de Jordanie et de Palestine. Plus de 15 Églises chrétiennes étaient représentées par leurs fidèles, leurs patriarches ou leurs évêques autour de l’humble et simple prière de Taizé, assis par terre, dans une salle du parc des expositions de Beyrouth. Quel signe incroyable d’être au Liban pour réunir pour la première fois des chrétiens des deux rives dans une région si tourmentée !

La rencontre se tenait jusqu’au 25 mars, date de l’Annonciation. Un symbole fort pour élargir la recherche d’unité des chrétiens à la recherche d’unité entre toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté.

L’Annonciation est, en effet, une fête commune aux chrétiens et aux musulmans puisqu’elle célèbre la visite de l’ange Gabriel auprès de Marie. Un récit raconté presqu’à l’identique dans la Bible et dans le Coran. Un récit aux identités plurielles.

Vivre et faire ensemble est possible entre les ravins des extrêmes

La lecture d’Amin Maalouf m’a aidé à comprendre les possibilités infinies des identités plurielles. Les Identités meurtrières de l’écrivain franco-libanais ne me quittent plus depuis mon année de seconde. Je puise des trésors de sagesse dans ses phrases telles que : « C’est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c’est notre regard aussi qui peut les libérer. »

« Parallèlement, chacun devrait pouvoir inclure, dans ce qu’il estime être son identité, une composante nouvelle, appelée à prendre de plus en plus d’importance au cours du nouveau siècle, du nouveau millénaire : le sentiment d’appartenir aussi à l’aventure humaine », écrit-il également.

La guerre civile au Liban (1975-1990) est arrivée, selon lui, comme le fruit d’un processus où les jeunes Libanais se trouvaient face à deux injonctions impossibles : « Sois enraciné, mais renonce aux autres » ou bien « Sois ouvert, mais renonce à toi-même ». Comme s’il fallait choisir entre les racines et les branches.

C’est cet arbitrage cornélien qui aurait embrasé le pays du Cèdre. Le Liban vivra sur une ligne de crête s’il veut vivre. Inspirons-nous du modèle et de l’expérience du Liban pour apprendre que vivre et faire ensemble est possible sur un chemin de haute montagne, en équilibre entre les ravins des extrêmes.

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Samuel Grzybowski
Samuel Grzybowski est entrepreneur social et militant associatif. Il est fondateur de Coexister... En savoir plus sur cet auteur


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