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Sur le vif

Un policier dénonce des collègues pour des faits de racisme et de maltraitance, deux enquêtes ouvertes

Rédigé par Benjamin Andria | Mardi 28 Juillet 2020 à 17:15

           


Un policier dénonce des collègues pour des faits de racisme et de maltraitance, deux enquêtes ouvertes
Le brigadier-chef Amar Benmohamed a décidé de dénoncer à visage découvert certains de ses collègues qu’il accuse de propos racistes et de maltraitance envers les personnes retenues au dépôt du Tribunal de grande instance de Paris, dans les cellules où sont placées les personnes en attente d'un jugement ou d'une présentation devant un magistrat.

Ces faits, qui seraient réguliers depuis 2018 en particulier à l’égard de personnes de type arabe et noir, ont été dénoncés à de nombreuses reprises par le brigadier-chef, également délégué syndical chez Unité SGP-Police, auprès de la hiérarchie, provoquant l’ouverture d’une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Les faits dénoncés, qui vont jusqu'à la privation de nourriture de certains déférés, ont d’ailleurs été corroborés par plusieurs collègues d’Amar Benmohamed.

Mais alors que l’enquête est achevée depuis février et que les conclusions de l’enquête attestent de faits de racisme et, possiblement, de maltraitance, celle-ci n’a abouti à des sanctions que très récemment. La Préfecture de police de Paris a annoncé, lundi 27 juillet, des sanctions administratives contre cinq policiers tandis qu’un autre doit passer en conseil de discipline en septembre. Ces décisions, qui suivent les conclusions de l'IGPN, ont été annoncées le jour de la diffusion du témoignage accablant du brigadier-chef par StreetPress.

Le parquet de Paris a annoncé, mardi 28 juillet, l'ouverture d'une enquête pour « violences volontaires par personnes dépositaires de l'autorité publique », « injures publiques en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion » et « injures publiques en raison du sexe ou de l'orientation sexuelle ».

La Défenseure des droits, Claire Hédon, a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête indépendante afin d’analyser « tout manquement à l’aune des obligations déontologiques qui s‘imposent, en tout temps, à l’ensemble des agents des forces de sécurité, publiques comme privées ».

« Les faits dénoncés, d’une gravité sans précédent, révélant un système délictuel et d’impunités à l’égard de leurs auteurs, entachent d’indignité toute la justice pénale du TGI ainsi que les décisions qui y sont rendues », a dénoncé auprès de StreetPress Arié Alimi, avocat de Amar Benmohamed.

Celui-ci a déposé plainte contre X, lundi 27 juillet, pour « harcèlement » et a saisi le Défenseur des droits. « Le sujet du racisme est très difficile à exprimer au sein des forces de l’ordre. Quand on dénonce un problème dans la police, on devient le problème », affirme au Monde le brigadier-chef, estimant être un lanceur d’alerte. Un témoignage rare et précieux qui documente un peu plus la réalité des dérives de policiers.

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