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Monde

Syrie : face au drame humanitaire à Idlib, l'appel de 14 ministres d'Etats européens à la fin de l'offensive

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 26 Février 2020 à 20:15

           

La lutte contre le terrorisme « ne doit pas justifier les violations massives du droit international humanitaire ». Quatorze ministre des Affaires étrangères européens ont signé, mercredi 26 février, une tribune appelant urgemment le régime syrien et ses alliés à mettre fin à l'offensive militaire menée dans la région d'Idlib, où se noue un véritable drame humanitaire.



Face au drame humanitaire dans la province syrienne d’Idlib, 14 Etats européens réclament la fin de l’offensive. © UOSSM
Face au drame humanitaire dans la province syrienne d’Idlib, 14 Etats européens réclament la fin de l’offensive. © UOSSM
Dans la province d’Iblib, au nord-ouest de la Syrie, la situation est dramatique. Alors que quelque 900 000 personnes ont été forcées de se déplacer depuis décembre 2019 pour fuir les bombardements sanglants commis par les forces de Bachar al-Assad, les alertes lancées depuis des semaines par de nombreuses ONG de terrain sur le drame en cours trouvent un écho grandissant auprès de la communauté internationale.

Aujourd'hui, 14 ministres des Affaires étrangères de pays membres de l’Union européenne (UE), parmi lesquels le Français Jean-Yves Le Drian, ont appuyé le concert des condamnations à l’encontre du régime syrien et de ses alliés, au premier rang desquels se trouve la Russie, quelques jours après l'appel des dirigeants de l'UE à une cessation de l'offensive militaire menée par Damas.

La lutte contre le terrorisme « ne doit pas justifier les violations massives du droit international humanitaire »

« Le régime de Damas persiste dans une stratégie de reconquête militaire du pays à n’importe quel prix, quelles qu’en soient les conséquences pour les civils », ont déploré les ministres dans une tribune parue dans Le Monde mercredi 26 février.

« Au mépris du droit international humanitaire, les frappes visent délibérément des hôpitaux et des centres de santé, dont 79 ont dû cesser de fonctionner, des écoles et des abris. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, 298 civils ont trouvé la mort à Idlib, depuis le 1er janvier », dénoncent-ils.

« Nous sommes parfaitement lucides sur la présence de groupes radicaux à Idlib » mais « nous ne prendrons jamais à la légère le problème du terrorisme : nous le combattons avec détermination, et nous sommes engagés en première ligne dans la lutte contre l’organisation Etat islamique. Mais la lutte contre le terrorisme ne peut pas, ne doit pas justifier les violations massives du droit international humanitaire, auxquelles nous assistons chaque jour dans le nord-ouest de la Syrie », poursuivent les ministres, qui appellent le régime syrien et ses soutiens « à mettre un terme à cette offensive et à en revenir aux arrangements de cessez-le-feu de l’automne 2018 ».

« Nous les appelons à la cessation immédiate des hostilités et au respect de leurs obligations au titre du droit international humanitaire, en particulier la protection des travailleurs humanitaires et des personnels médicaux, qui paient de leur vie leur engagement en faveur des populations civiles », indiquent-ils.

Au-delà d’une trêve, la fin de l’impunité souhaitée

« Au-delà de l’urgence d’une trêve, nous appelons la Russie à ne pas empêcher, dans les prochains mois, le renouvellement par le Conseil de sécurité de l’ONU du mécanisme permettant d’acheminer vers le Nord-Ouest syrien une aide humanitaire transfrontalière dont la région a cruellement besoin. Ce mécanisme, la Russie l’a déjà fermé dans le Nord-Est, où nous devons maintenant trouver des alternatives », font part les ministres. « Qui peut penser aujourd’hui que le régime syrien autorisera lui-même l’aide à parvenir à ceux qui en ont besoin, alors qu’il est le premier responsable de leur situation ? »

Au-delà de l'aide humanitaire, « notre responsabilité, c’est aussi de lutter contre l’impunité pour les crimes commis en Syrie. C’est une question de principe et de justice. C’est aussi une condition nécessaire à une paix durable, au sein d’une société syrienne déchirée par près de dix années de conflit », soulignent aussi les ministres, qui assurent que l’UE « continue d’exercer des pressions sur le régime pour qu’il s’engage véritablement dans le processus politique », citant l’adoption en février de sanctions ciblant, à titre individuel, « les hommes d’affaires syriens qui alimentent l’effort de guerre du régime et prospèrent sur ses retombées ».

« Nous entendons poursuivre notre soutien aux mécanismes de lutte contre l’impunité, mis en place par l’ONU, dont les travaux de collecte de preuves sont indispensables pour préparer de futures poursuites contre les responsables des crimes les plus graves : la Commission d’enquête internationale sur la Syrie et le Mécanisme d’enquête international, impartial et indépendant », ajoutent-ils, déclarant aussi « œuvrer en faveur d’une saisine de la Cour pénale internationale » afin « que les crimes commis en Syrie ne restent pas impunis ».

Dans une déclaration commune émise vendredi 21 février, les dirigeants de l'UE ont appelé « tous les acteurs à cesser immédiatement les hostilités et demande instamment à toutes les parties au conflit de permettre un accès humanitaire direct et sans entrave à tous ceux qui sont dans le besoin », estimant que « la nouvelle offensive militaire du régime syrien et de ses alliés à Idlib, qui provoque d'énormes souffrances humaines, est inacceptable ».

*Les 14 ministres signataires sont Stephanus Blok (Pays-Bas), Simon Coveney (Irlande), Jacek Czaputowicz (Pologne), Luigi Di Maio (Italie), Philippe Goffin (Belgique), Arancha Gonzalez Laya (Espagne), Pekka Haavisto (Finlande), Jeppe Kofod (Danemark), Jean-Yves Le Drian (France), Ann Linde (Suède) ; Linas Linkevicius (Lituanie), Heiko Maas (Allemagne), Urmas Reinsalu (Estonie), Augusto Ernesto Santos Silva (Portugal).

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