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Economie

Scandale de la viande de cheval : Koft mise sur un halal éthique

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Jeudi 11 Avril 2013 à 07:00

           

Le Salon du halal à Paris s’est déroulé du mardi 9 au mercredi 10 avril. Koft, le leader algérien du surgelé, a choisi cet événement pour annoncer publiquement son implantation en France. Alors que Findus, le leader du surgelé en France, fait face à des difficultés après le scandale de la viande chevaline, Koft compte bien surfer sur l’argument de la transparence de sa production pour rassurer les consommateurs musulmans.



Farid Abbas Turki, le directeur général France de Koft, au salon Halal Expo, mardi 9 avril.
Farid Abbas Turki, le directeur général France de Koft, au salon Halal Expo, mardi 9 avril.
Pour la 10e année consécutive, le Halal Expo a ouvert ses portes à Paris. Une soixantaine d'exposants s’y sont donné rendez-vous pour présenter leurs produits aux professionnels de la distribution avec pour ambition d'implanter ou de renforcer leurs activités en France.

Parmi eux, Koft. Le leader du surgelé sur le marché algérien a choisi le Salon du halal de Paris pour annoncer publiquement son implantation en France dans l'espoir de s’imposer.

Findus associé à la viande chevaline

Les fortes ambitions de Koft, qui débarque sur le marché français, coïncide avec les difficultés que traversent Findus, le leader du surgelé dans l’Hexagone. Début février, la multinationale suédoise est au cœur d’un scandale alimentaire après que de la viande de cheval fut découverte dans ses plats préparés censés ne contenir uniquement que de la viande de bœuf.

Les retombées de ce scandale se sont immédiatement fait ressentir pour la marque qui a dû retirer tous les produits incriminés de la vente... à l'exception de sa gamme halal, toujours commercialisée, malgré le scandale qui a récemment éclaté au Maroc. Findus avait déjà subi des pertes « de plus d'un million d'euros» sur sa filiale française, indiquait Matthieu Lambeaux le directeur général de Findus France, le 21 février, soit environ une dizaine de jours seulement après la découverte de la fraude.

S'il se révèle que Findus a été trompé par une escroquerie à l'échelle européenne, l'entreprise reste associée à ce scandale aux yeux des consommateurs, y compris musulmans. Alors que la direction de Findus assure que les tests ADN réalisés sur sa gamme de produits halal ne révèlent aucune trace de viande de cheval, les autorités sanitaires marocaines ont décidé, début mars, de retirer de la vente ces mêmes produits après y avoir trouvé des traces de viande chevaline.

Face aux suspicions pesant sur le caractère halal d'aliments en France après des affaires comme celle d’Herta, la crise de confiance - légitime - des musulmans envers la filière agroalimentaire est au plus haut en France. Koft surfe sur cette réalité, en jouant la carte de la transparence la plus totale avec son slogan « La marque qui ne vous cache rien ».

« Le halal doit revenir aux musulmans »

« Notre préoccupation est de rassurer le consommateur », nous dit-on au stand de Koft. Pour cela, l’entreprise a décidé de mettre en place un système de traçabilité en ligne. Il permet aux consommateurs de connaître le parcours de la bête qu’il consomme : de son élevage à sa transformation.

Ce contrôle se fait par le biais du numéro de lot inscrit sur chaque produit vendu. Avec ce numéro en possession, le consommateur accède sur le site Internet de Koft aux informations relatives au parcours de l’animal, avec l’adresse des élevages et abattoirs ainsi que des photos de ces lieux. Au-delà des musulmans, Koft dit vouloir viser l’ensemble des clients « soucieux de l’origine des produits qu’ils consomment et exigeants sur la traçabilité des étapes du processus de production ».

Koft a choisi d'élaborer tous ses produits vendus en France sur le territoire français. Quant à la certification halal, elle a opté pour celle de l’Association rituelle de la Grande Mosquée de Lyon (ARGML). Un choix de « confiance », selon l’entreprise algérienne. « J’ai la légitimité d’être musulman. Je pense que le halal doit aussi revenir aux musulmans », juge Farid Abbas Turki, le directeur général France de Koft, qui insiste sur l’impératif de retrouver une éthique concernant le halal. « Je garantis l’aspect halal. C’est la même méthode d’abattage qu’en Algérie », ajoute-t-il.

Des produits spécifiques à la France

Si la méthode d’abattage rituel est la même pour l’Algérie et la France selon Koft, les produits proposés par la marque dans les deux pays sont différents. Ainsi, les plats préparés qui vont être mis prochainement en vente ont été spécialement conçus pour les consommateurs français.

Les 15 produits de lancement de la marque comportent des plats préparés aux saveurs exotiques comme le poulet tikka indien pour jouer la carte de « l’originalité ». En termes d'offre alimentaire halal, « on nous propose toujours la même chose. On veut nous enfermer dans les habitudes liées à nos pays d’origine alors qu’on est Français », constate ainsi M. Abbas Turki.

Ces plats spécifiques pour les consommateurs résidant en France ne sont pas proposés en Algérie, car cela n’est pas encore « ancré dans la culture », estime-t-il par ailleurs. Cette gamme de lancement va suivre une autre et elle va « surprendre », promet le directeur général France de Koft. Actuellement, l’entreprise algérienne est en cours de négociation avec plusieurs magasins de la grande distribution.

La France, un tremplin pour l'Europe

Créée en 2006, la marque fait partie d’un groupe familial (agroalimentaire, industrie pharmaceutique, distribution, plasturgie), dont le chiffre d’affaires pèse 800 millions d’euros. Koft a réalisé 10 millions d’euros de CA en 2012 et les prévisions pour 2013 sont de l'ordre de 15 millions d’euros, estime M. Abbas Turki. Après la France, la marque vise le reste de l’Europe, à qui elle souhaite exporter les produits fabriqués en France.

Si le directeur général France de Koft assure que l’intention de s’exporter en France remonte à longtemps, le scandale fragilisant la filière agroalimentaire tombe à point nommé pour la société, qui a compris tout l’intérêt de surfer dessus.







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