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Points de vue

Quelle contribution au « monde d’après » ? Les musulmans de France aussi doivent savoir se réinventer

Rédigé par Anouar Kbibech | Mardi 9 Juin 2020 à 17:30

           


Quelle contribution au « monde d’après » ? Les musulmans de France aussi doivent savoir se réinventer
Dans son allocution du 13 avril dernier, le président de la République a fait plusieurs annonces pour la suite de la crise sanitaire du Covid-19. Mais le chef de l’Etat s’est également projeté dans l'après-crise.

« Il nous faudra bâtir une stratégie où nous retrouverons le temps long, la possibilité de planifier, la sobriété carbone, la prévention, la résilience », avait-il déclaré. « Sachons sortir des sentiers battus, des idéologies et sachons nous réinventer, moi le premier », a poursuivi Emmanuel Macron.

Aujourd’hui, alors que la phase 2 du déconfinement est lancée et que notre pays se prépare pour les phases suivantes, il est temps de se projeter dans le « monde d’après », celui de « l’après-Covid » qui est en train de se profiler petit à petit, par touches successives.

Les religions sont tout autant concernées

L’appel du président de la République « à nous réinventer » concerne l’ensemble des composantes de la Nation. Il concerne tous les citoyens, et notamment les citoyens français de confession musulmane.

En effet, dans la conception du monde d’après, les religions ont un rôle primordial à jouer. La crise que nous venons de traverser a montré et a démontré que la dimension spirituelle apportée par les religions est une « liberté fondamentale » qui ne peut être négligée ou mise de côté.

Dans le « monde d’après » qu’il faut (ré)inventer avec plus de solidarité, plus de justice sociale et économique, plus d’écologie, nous pensons que les religions peuvent, et même doivent apporter leur pierre à l’édifice et contribuer à la réflexion collective.

Quel apport des musulmans de France ?

En cette période trouble et incertaine, les Français de confession musulmane font preuve d’une grande responsabilité et d’une immense maturité. Ils sont ainsi invités à participer d’une manière constructive à la refondation du pacte social et républicain que nous devons renforcer plus que jamais. Ils doivent donc prendre toute leur part dans cette réflexion et apporter des éléments de réponses aux questions majeures qui se posent :

- Quelle place de l’Homme dans le monde de demain ?

- Quelles relations humaines et sociales dans la société de demain ?

- Quelle vision de la laïcité et quelle place des religions dans la République de demain ?

- Quelle vision de la place de l’islam et des musulmans dans la France de demain ?

Avec d’autres composantes de la communauté nationale, nous avons vocation à promouvoir une vision qui remet l’être humain au centre des préoccupations. Nous avons vocation à faire valoir un certain nombre de valeurs de solidarité, d’équité et de partage auprès de nos compatriotes.

Dans le « monde d’après », nous sommes amenés à faire valoir une démarche de « rupture » par rapport aux préjugés, aux blocages et aux postures d’hier. Autrement, cela sera tout simplement le retour vers le « monde d’avant ». Cette rupture doit s’opérer dans les cœurs et les esprits, au niveau de l’ensemble des citoyens, mais également dans les différentes sphères de décision.

Des déclics salvateurs

Pour y arriver, deux déclics indispensables doivent s’opérer : le premier au sein de la société française, le second au niveau des Français de confession musulmane.

En effet, il faut cesser de voir en l’islam « la religion de l’étranger », celui qui finira par retourner au « bled » un jour. Les musulmans font définitivement partie de la communauté nationale. Ils ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que leurs compatriotes de toute confession et de toute conviction.

Il faut également cesser de voir dans le musulman un « terroriste potentiel », insoluble dans la République laïque et incompatible avec les valeurs de son pays.

De même, les citoyens français de confession musulmane doivent également sortir de la posture de victimisation permanente.

En effet, sans minimiser la gravité des actes antimusulmans visant des personnes ou des édifices (mosquées, carrés musulmans…), les Français musulmans doivent se sentir et se comporter comme des citoyens à part entière, appelés à contribuer activement au vivre-ensemble et à l’édification de la France de demain.

Ils doivent ainsi s’inscrire dans l’action en créant l’événement et non se réfugier dans la réaction par rapport aux événements.

Vers un tournant historique ?

Le président de la République l’a bien senti et l’a bien dit : plus rien ne sera comme avant ! Et les mois à venir vont être décisifs pour dessiner la France des décennies à venir.

Dans ce « monde d’après », les musulmans de France doivent être maîtres de leur destin. Ils doivent contribuer activement à l’écriture du roman national. Ils ont tous les atouts pour y arriver. Il suffit d’y croire et de le vouloir.

Bien sûr, leurs tissus associatifs, leurs organisations et leurs instances représentatives ont un rôle primordial à jouer. Mais, le changement doit venir d’abord de chacun d’entre nous : « Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant que les gens le composant ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes. » (Sourate Ar Ra’d, Verset 11)

Sachons donc nous réinventer et soyons à la hauteur de ce défi majeur que nous devons tous relever.

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