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Sur le vif

Quatre incendiaires de mosquées devant les assises

| Lundi 4 Décembre 2006 à 16:01

           


Le procès de quatre hommes accusés d'avoir incendié deux lieux de culte musulman, en mars 2004 à Annecy et dans sa banlieue, s'est ouvert lundi matin à Sévrier devant les assises de Haute-Savoie.

Deux des accusés comparaissent détenus : Nicolas Paz, 28 ans, un ancien hooligan habitué des tribunes du Paris-Saint-Germain, et Michel Guégan, 25 ans, un ancien militaire, que ses amis surnommaient SS. Anthony S., militaire du 27e bataillon de chasseurs alpins (BCA) âgé de 24 ans, et Damien Gallaud, un chauffeur-livreur de 26 ans, se sont pour leur part présentés libres devant la cour.

Interpellés en février 2005 et mis en examen pour « dégradation grave du bien d'autrui à raison de la religion par un moyen dangereux pour les personnes », ils encourent jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle chacun. Trois de leurs amis, dont deux femmes, se trouvent à leurs côtés dans le box des accusés. Ils sont poursuivis pour « non dénonciation » et encourent trois ans de prison.

Dans la nuit du 4 au 5 mars 2004, une salle de prière musulmane située à Seynod, dans la banlieue d'Annecy, avait été complètement détruite par un incendie volontaire et la mosquée d'Annecy avait fait l'objet d'une tentative d'incendie, qui ne l'avait que partiellement endommagée. Ces attaques avaient suscité de vives condamnations, notamment du président de la République Jacques Chirac et du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui s'était rendu sur les lieux.

Huit mois plus tard, un témoignage avait mis les enquêteurs sur la piste d'individus qui s'étaient fait remarquer de leurs voisins par des chants nazis et des croix gammées sur les fenêtres de leur studio.

En février 2005, après avoir croisé les appels téléphoniques des suspects, les policiers procédaient à plusieurs interpellations. Dès leur garde à vue, quatre amis reconnaissaient avoir constitué deux groupes pour mettre le feu simultanément aux lieux de culte. Au cours de l'instruction, il est apparu qu'ils baignaient dans un milieu violent et xénophobe. Ainsi, Michel Guégan, 25 ans, était surnommé SS par son entourage et Nicolas Paz, 28 ans, reconnaissait avoir été un hooligan dans les tribunes du Paris Saint-Germain. Tous deux comparaîtront détenus. En revanche, Anthony S. et Damien Gallaud ont été placés sous contrôle judiciaire en février 2006 après un an de détention préventive.

« Ils sont d'extrême droite, mais ils n'ont jamais participé à aucun réseau, ou à des ratonnades. Ce sont des électrons libres », a estimé Marc Dufour, avocat de Nicolas Paz, qui espère qu'« on ne se serve pas de ce procès pour faire un exemple ». Au contraire, les six parties civiles attendent des sanctions exemplaires. « Ils sont racistes et le demeurent », a assuré Me David Métaxas, avocat de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA). « Mais surtout, ils sont passés à l'acte », a-t-il dit.

Ce procès, qui se tiendra jusqu'à vendredi, constitue une première : jusqu'ici, jamais personne n'avait été renvoyé devant une cour d'assises pour avoir incendié un lieu de culte.




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