Connectez-vous S'inscrire

Sur le vif

Plusieurs Etats de l’Inde refusent l’application de la loi discriminatoire sur la citoyenneté

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 18 Décembre 2019 à 11:03

           


Plusieurs Etats de l’Inde refusent l’application de la loi discriminatoire sur la citoyenneté
Depuis l’adoption, le 10 décembre, de la loi excluant les migrants de confession musulmane ayant fui l’Afghanistan, le Pakistan et le Bangladesh de la citoyenneté indienne, le mouvement de contestation prend une forte ampleur dans le pays. Des dizaines de milliers de personnes font ainsi valoir leur colère dans les rues du pays ces derniers jours lors de manifestations qui ont, pour plusieurs d’entre elles, été la proie de violences policières et ont conduit à des arrestations de masse.

Les étudiants figurent en tête du mouvement de contestation. De nombreuses manifestations ont ainsi été organisées aux abords des universités. Les forces de l’ordre n’ont pas hésité à réprimer certaines d’entre elles, comme à l’Université musulmane d’Aligarh, dans l’Uttar Pradesh, ou encore à l’Université islamique Jamia Millia, à New Delhi. Comme le rapporte France 24, deux mosquées de cet établissement ont été vandalisées, dimanche 15 décembre, tandis que des étudiants ont été violentés.

Des ministres en chef se rebellent contre le pouvoir central

C’est dans ce contexte que plusieurs Etats ont annoncé leur refus d’appliquer la loi discriminatoire sur la citoyenneté, dite CAA /CAB pour Citizenship Amendment Act/Citizenship Amendment Bill : le Bengale-Occidental et le Punjab, des provinces respectivement frontalières avec le Bengladesh et le Pakistan, ainsi que le Kerala.

Le ministre en chef du Kerala, Pinarayi Vijayan a ainsi déclaré, mardi 17 décembre, qu'il refuse de mettre en oeuvre une loi qu'il juge « inconstitutionnelle » et qui mène à une « division du peuple (indien) sur la base de la religion ».

Avant lui, la ministre en chef du Bengale-Occidental, Mamata Banerjee a fait savoir que la loi tant décriée ne sera pas instaurée dans son Etat « tant (qu’elle est) vivante », n’hésitant pas à mener des manifestations de masse, à Kolkata pour la dernière en date mardi 17 décembre.

« S'ils veulent mettre en œuvre la loi, ils devront le faire sur mon cadavre », a affirmé la fondatrice du parti politique All India Trinamool Congress qu’elle dirige. Elle a assuré de la même manière que le Registre national du citoyen (NRC) comme instauré dans l’Etat d’Assam et qui exclut des millions de musulmans de la citoyenneté, ne sera pas instauré dans le Bengale-Occidental.

Lire aussi : Inde : une vague de suicide parmi les musulmans d’Assam craignant de devenir apatrides

« Il est du devoir d'un gouvernement élu de sauvegarder les précieuses valeurs inscrites dans la Constitution et de ne pas les réduire à néant. Comment pouvez-vous exclure une grande partie de la population indienne de la protection dont ils bénéficient dès lors que nous avons déclaré que l'Inde était une République souveraine, socialiste, laïque et démocratique, assurant à ses citoyens justice, égalité et liberté ? », a soutenu, pour sa part, Amarinder Singh, le ministre en chef du Punjab.

La Cour suprême indienne a été appelée à se pencher sur la loi controversée que le pouvoir central, mené par les ultranationalistes hindous du BJP, est bien décidé à mettre en oeuvre.

Mise à jour jeudi 26 décembre : Le mouvement de contestation contre la loi discriminatoire sur la citoyenneté ne faiblit pas, plusieurs morts sont à déplorer dans des manifestations.

Lire aussi :
Inde : le gouvernement plaide pour l'exclusion des migrants musulmans de la citoyenneté
Au Cachemire indien, les plus grandes mosquées sont fermées depuis des mois




SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !