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Palestine: comprendre l'attaque de la prison de Jéricho

Par Veronique De Keyser, députée européenne

Rédigé par Véronique De Keyser | Vendredi 17 Mars 2006 à 20:06

           

Le mardi14 mars 2006, le Président Mahmoud Abbas a annulé son intervention au Parlement européen de Strasbourg, suite à l'assaut de la prison de Jéricho par les forces israéliennes. Cette annulation a suscité de nombreuses interventions des députés dans l'hémicycle du Parlement. Véronique De Keyser est chef de la mission d'observation électorale de l'UE en Palestine. Voici son exposé dans l'hémicycle du Parlement, le mercredi 15 février 2OO6.



Véronique De Keyser
Véronique De Keyser
Les événements de Jéricho ne sont pas un simple fait divers. Ils ont une signification politique.  Le premier visé est certes Mahmoud Abbas.  A peine avait-il quitté son pays que l'assaut contre la prison était lancé par les forces israéliennes.  C'est la déstabilisation délibérée d'un homme dont les Israéliens n'ont jamais vraiment voulu comme interlocuteur, alors qu'ils avaient déjà assiégé son prédécesseur et l'avait assigné à surveillance. 

Le second visé est le Conseil législatif palestinien.  On n'a pas assez dit que Ahmed Sadat, le prisonnier recherché, était un élu récent du CLP. Et si le Hamas a fait depuis les élections législatives de 2OO6 de timides pas vers la voie de reconnaissance de l'Etat d'Israël en ses frontières de 1967, les images humiliantes de prisonniers à moitié nus, yeux bandés et poignets attachés derrière le dos qui ont fait le tour du monde, l'empêche désormais d'aller plus loin. Mais l'Europe est visée aussi, et toute sa politique à l'égard de la Palestine. 

Nous nous apprêtions à recevoir Mahmoud Abbas à Strasbourg et nous voilà sans lui.  Non seulement la visite est annulée, mais les Européens sont devant un spectacle navrant: ce sont des Palestiniens qui kidnappent leurs ressortissants et qui saccagent les bureaux de l'Union européenne. Et certains députés de cet hémicycle commencent à s'interroger ; faut-il vraiment continuer à aider les Palestiniens après cette ingratitude- alors que nous sommes les premiers donateurs?

Mais ne vous y trompez pas, mes chers collègues, ce n'est pas une question d'argent.  Je vous le dit: même si les Palestiniens ont désespérément besoin d'aide pour survivre, il n'y en a pas un qui ne l'échangerait sans regret pour une position politique claire et forte de l'Union européenne!  Pouvons nous taire aujourd'hui qu'Israël a choisi est une voie unilatérale et sécuritaire qui n'a plus rien à voir avec la Road Map?  Le plan Olmert est unilatéral comme l'était le désengagement de Gaza, l'annexion de la rive du Jourdain, la main mise sur Jérusalem Est. 

C'est cela la réalité des Palestiniens : une interminable et sanglante occupation, un Mur condamné par la cour de la Haye mais toujours debout.  Tout l'argent que nous donnerons à la Palestine ne lui permettra pas d'échapper à cette réalité : la paix marche aujourd'hui à reculons. C'est pourquoi, s'il faut un plan B pour soutenir financièrement la Palestine, un plan  compatible avec nos règles de transparence et nos exigences éthiques, il faut surtout une riposte politique courageuse et crédible aux derniers événements! Si l'Europe reste silencieuse, comment pourrait-elle encore être porteuse d'un message d'espoir ?





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