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Culture & Médias

Les caricatures du Prophète limogent le pédégé de France-Soir

| Jeudi 2 Février 2006 à 14:35

           

Dans un communiqué diffusé hier, Raymond Lakah, propriétaire de France-Soir, annonce le licenciement du président et directeur de publication de son journal. Cette mesure intervient alors que le quotidien français venait de publier des douze dessins humoristiques représentant le Prophète de l'islam. La Tunisie a refusé l'entrée du numéro sur son territoire. Le Conseil français du culte musulman appelle à protester dans le calme.



Les caricatures du Prophète limogent le pédégé de France-Soir
En septembre 2005, la publication des dessins incriminés dans le journal danois Jyllands-Posten a soulevé un tollé général dans le monde musulman. Après quelques débuts de solution le 5 janvier 2006, la polémique avait été relancée par la reprise des douzes caricatures dans un journal novergien, le 10 janvier.
Après de nombreuses manifestations, des menaces de mort, quelques incidents diplomatiques et une campagne de boycott de produits danois et norvégiens, Carsten Juste, rédacteur en chef de Jyllands-Posten , a reconnu avoir offensé les musulmans. Dans une lettre publiée le 30 janvier, il a présenté ses excuses tout en réaffirmant son attachement à la « liberté d'expression ».

Raymond Lakah: pour le respect des croyances et des convictions intimes de chaque individu
Raymond Lakah: pour le respect des croyances et des convictions intimes de chaque individu

France-Soir importe la polémique


C'est après toute cette agitation que France-Soir choisit d'importer la polémique en France, première puissance démographique musulmane d'Europe. Sous le titre provocateur « Oui, on a le droit de caricaturer Dieu » , le journal publie les caricatures en expliquant que la liberté religieuse se résume à la liberté « de croire ou de ne pas croire » . Il ajoute qu'une telle liberté ne peut aucunement « se transformer en liberté d'imposer à toute la société les règles relevant d'une seule conviction » .

Raymond Lakah, homme d'affaires français de références égyptiennes et propriétaire du journal, ne semble pas convaincu par cette belle thèse. Il a conscience que le public n'est pas une fiction et qu'il existe bel et bien. Il a donc estimé qu'il fallait « un signe fort de respect des croyances et des convictions intimes de chaque individu » . Le licenciement de son directeur de publication est le signe de M. Lakah en direction de son lectorat.

C'est au mois de septembre 2005 que Jacques Lefranc a été nommé pédégé de France-Soir . Ce banquier belge, connu pour ses compétences de gestionnaire, avait la lourde tâche de contribuer à redresser les finances du journal. Il a commencé par créer une « société de gestion de crises » pour aider ses équipes à garder la tête hors de l'eau. Mais il lui fallait faire plus.
Car le 19 décembre 2005, les agents du journal ont adressé une pétition au Premier ministre lui demandant une aide de l'Etat pour éviter la faillite. Dans le contexte de compétition acharnée où la presse gratuite menace, où l'Internet se démocratise, il y a fort à parier que France-Soir voulait faire un gros coup en osant faire ce qu'il savait offensant. L'opération est réussie. Mais le banquier belge laissera sa place à Eric Fauveau, directeur général de Presse alliance, la société d'édition de France-Soir .

Les réactions


Les responsables musulmans de France, ont gagné en maturité dans le traitement de la provocation islamophobe médiatique. L'heure est à la «protestation pacifique contre cette agression du Prophète de l'islam » affirme le Cheikh Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman. Mais nul n'est dupe, car « la faillite qui menace le journal a certainement joué un rôle clé » dans le choix de la publication de ces caricatures soutient Lhaj Breze, président de l'Union des organisations islamiques en France. Même son de cloche pour Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France, qui estime que France-Soir veut « utiliser les musulmans pour éviter sa faillite » .

Au Parti des musulmans de France, de Mohamed Ennacer Latrech, on « exige du Président de la République et du Premier ministre une condamnation ferme et des mesures immédiates pour mettre fin à cette nouvelle forme de profanation de l'Islam, de surenchère et d'incitation à la haine religieuse. » Le premier parti musulman de France demande au Garde des Sceaux de « déclencher la procédure judiciaire habituelle quant un fait majeur heurte la sensibilité de nombreux Français, il s'agit dans ce cas précis de millions de Français. »






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