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Sur le vif

Le lourd passé raciste rattrape un candidat RN aux municipales de Strasbourg

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 23 Octobre 2019 à 17:34

           


Thibault Gond-Manteaux, qui occupait jusqu'il y a peu le poste de délégué départemental du Rassemblement national (RN) dans le Bas-Rhin, avait été nommé le 17 octobre tête de liste du parti d’extrême droite pour les prochaines municipales de Strasbourg. Au lendemain de sa désignation, l'agent d'assurance de 34 ans s’était désisté en prétextant des « raisons professionnelles » et des « questions d’agenda ». Le motif est, en réalité, toute autre : l’homme traîne, en effet, derrière lui un lourd passé judiciaire.

Thibault Gond-Manteaux a été condamné à trois ans de prison assortis d’une période de sûreté de 18 mois, en octobre 2011, par le tribunal correctionnel d’Auxerre pour des faits particulièrement graves remontant à 2004 et 2005. Agé alors de 19 ans, l’homme, en lien avec l’Ordre national, un groupuscule d’extrême droite qui était actif dans l'Yonne, avait participé à l’agression de deux personnes d’origine maghrébine, qui ont reçu coups de couteau et coups de poing.

Un an après cette première condamnation, Thibault Gond-Manteaux a écopé en mai 2012 de cinq ans de prison dont trois ans et demi avec sursis pour participation à des « expéditions à visée raciste », dont huit « incendies aggravés » contre des commerces turcs et une boucherie halal, rapporte 20 Minutes. Selon les avocats de la partie civile, Thibault Gond-Manteaux faisait partie des meneurs d’un groupe de jeunes dont certains étaient encore mineurs à l’époque.

Selon la Fédération nationale des Maisons des Potes, qui s’était constituée partie civile dans cette affaire, Thibault Gond avait été interpellé courant 2005 et « lors de la perquisition du 7 novembre 2005 qui s’ensuivait au domicile de Thibault Gond, dans le cadre d’une enquête de flagrance pour port d’uniforme prohibé et port d’arme la police avait retrouvé, outre sa carte de membre du FN de 2005, la montre gravée de Gond avec "SS" et une croix gammée, le livre Mein Kampf, une carte du parti de L’Ordre national, dont il était le président-fondateur », rapporte DNA.

Le conseiller spécial de Marine Le Pen, Philippe Olivier, a affirmé que « tout le monde tombe des nues » et que ce lourd passif « était passé entièrement sous les radars ». Le parti assure avoir demandé à Thibault Gond-Manteaux de fournir son casier judiciaire, mais le document était vierge, ce que confirme 20 Minutes. Cet extrait du casier judiciaire ne contient que les peines d’emprisonnement ferme supérieures à deux ans. Par ailleurs, tout citoyen est en droit de demander l’effacement de certaines condamnations, à l’exclusion des meurtres, des agressions sexuelles et des viols. Il est possible que Thibault Gond-Manteaux ait pu en faire la demande mais rien ne le confirme.

« Nous avons appris (...) que (Thibault Gond-Manteaux) avait caché à la commission d'investiture (du RN) non seulement ces comportements inadmissibles, scandaleux, mais de surcroît des condamnations ou la condamnation, je n'en sais pas plus, qui en a été la conséquence », a expliqué à l'AFP la présidente du RN mercredi 23 octobre.

Son passé était-il vraiment inconnu des cadres du RN ? Toujours est-il que Thibault Gond-Manteaux, dont le compte Twitter a été supprimé dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 octobre, a démissionné de son poste de délégué départemental du Bas-Rhin.





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