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Cinéma, DVD

L'horizon ne s'arrête pas à La Courneuve : le portrait intimiste d'une artiste peintre du 9-3

Rédigé par Imane Youssfi | Mercredi 10 Mai 2017 à 08:30

           

Pour son premier documentaire, Dalila Choukri, enseignante établie à Genève depuis 2005, a écrit et réalisé un portrait intimiste de Mebrouka Hadjaj, une des dernières habitantes de la tour Debussy, située dans le quartier des 4 000 à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Diffusé dans le cadre de la 12e édition du Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCMMO), le film est sélectionné dans d’autres festivals où il a dépassé les frontières hexagonales.



Mebrouka Hadjaj, peintre et ancienne habitante de la tour Debussy à la Courneuve.
Mebrouka Hadjaj, peintre et ancienne habitante de la tour Debussy à la Courneuve.
Vouée à la démolition par grignotage dès l'été 2016, la tour Debussy - dit le Petit Debussy - s’est peu à peu vidée de ses locataires. Au moment où la réalisatrice Dalila Choukri pose ses caméras sur cet immeuble en mai 2015, Mebrouka Hadjaj était une des dernières résidentes.

Dans cette tour d’une dizaine d’étages, elle a tout connu, les problèmes d’ascenseurs, de gaz et bien d'autres désagréments. Malgré tout, cette barre HLM, c’est son bébé. C’est elle qui l’a recueilli alors qu’elle élevait seule ses trois garçons et rencontrait des problèmes de logement. Nostalgique, elle quitte à reculons ce logement au 11e étage où une nouvelle vie avait commencé pour elle.

A travers ce film, Dalila Choukri nous fait découvrir l’histoire de cette femme courageuse qui s’est découvert une passion pour la peinture en tombant sur des vieux tubes de gouache et des pinceaux inutilisés par ses enfants quelques années plus tôt. Sous le surnom de Bouka, Mebrouka Hadjaj devient artiste peintre plasticienne à part entière.

Le spectateur est invité à vivre à ses côtés des moments clés de sa vie : son déménagement à La Courneuve même, son retour auprès de sa famille dans le désert du Sahara à El Golea (Algérie), ses hommages aux victimes des attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre 2015. Malgré les péripéties, Mebrouka reste une femme forte et fière de vivre dans un quartier populaire qu’elle défend.


Un film autodidacte

« Je suis une personne très ouverte et j’ai ouvert mes bras à Dalila », raconte Mebrouka Hadjaj. C’est avec cette confiance que la réalisatrice a pu filmer en toute intimité son premier documentaire qu’elle réalise de manière autodidacte. « Malgré l’adversité et les difficultés, on fonce », raconte Dalila. La réalisatrice n’est pour le moins pas éloigné du monde du cinéma : enseignante de cette matière en Suisse, elle a présidé le Festival international du film oriental de Genève. En 2014, elle a également collaboré avec la Radio Télévision Suisse et le Salon du Livre de Genève à la création du court-métrage Six pieds sous terre.

La même année, Dalila Choukri rencontrait Mebrouka au palais de Tokyo lors de la manifestation « Banlieue is beautiful ». Elle y a vu ses toiles, raconter ses contes et lui a proposé un an plus tard un documentaire autour de son histoire. Pari réussi : la réalisatrice parvient à nous captiver et à nous attacher au personnage de Mebrouka en étant témoin de son authenticité, de son courage et de sa sensibilité.

Une page Facebook a été créée à l'occasion pour communiquer sur l'actualité du film. Dans le cadre du Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient (PCMMO), une prochaine diffusion aura lieu à Lyon Cinéma Lumière Bellecour vendredi 12 mai à 20h30 et au cinéma Le Studio d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) vendredi 23 juin.





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