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Sur le vif

Israël/Gaza : après le désaveu de Mohamed Kaci par TV5 Monde, le Syndicat national des journalistes dénonce

Rédigé par Lina Farelli | Mercredi 22 Novembre 2023 à 11:25

           


Israël/Gaza : après le désaveu de Mohamed Kaci par TV5 Monde, le Syndicat national des journalistes dénonce
La séquence télévisée a fait le tour de la Toile. Invité du journal de TV5 Monde le 15 novembre dernier pour parler de l’opération militaire en cours à Gaza et plus particulièrement dans l’hôpital Al-Shifa, le porte-parole francophone de l’armée israélienne, Olivier Rafowicz, n’a pas vu son interview avec le journaliste Mohamed Kaci se dérouler comme le représentant de Tsahal l’entendait.

« Entrer dans un hôpital, pour vous, ça correspond au respect des règles et du droit international, en particulier humanitaire ? », demande notamment Mohamed Kaci à son interlocuteur. « Et pour vous, un hôpital qui est utilisé comme base militaire, ça vous paraît normal ? (…) La réponse est non, évidemment. Vous connaissez le Hamas ? Vous avez vu ce qu'ils ont fait. Ils ont massacré des enfants, éventré des femmes, brûlé des gens, brûlé des maisons. Vous croyez qu'ils se comportent selon le droit international ? Qu'ils se comportent selon la justice, selon le respect du droit humain ? », lui rétorque-t-il. Ce qui inspire au présentateur la question rhétorique suivante : « Donc vous vous comportez comme le Hamas, c'est ce que vous nous dites ? »

Son interlocuteur, offusqué, reproche alors à Mohamed Kaci de ne pas se comporter « comme un journaliste » mais comme un militant « politique ». Alors que l’échange prend une tournure houleuse et face à l'impasse, le présentateur choisit de mettre fin à l’entretien de manière abrupte. Un choix que n’a pas apprécié la direction de TV5 Monde, qui s’est publiquement désolidarisée de son employé.

Dans un communiqué diffusé lundi 20 novembre, elle a fait part de sa position : « À la fin de l’entretien (...), les règles journalistiques, applicables à toute interview, n’ont pas été respectées. Ce qui a conduit à donner l’impression, dans la dernière question, que les modalités d’intervention de l’armée israélienne étaient équivalentes à la stratégie du Hamas, organisation considérée comme terroriste par de nombreux États. »

« Par ailleurs, l’entretien ne s’est pas terminé selon les normes en vigueur de maîtrise de l’antenne mais de façon trop abrupte. Ce que la direction de l’information de TV5 Monde regrette profondément », poursuit la direction d’une chaîne qui dit « redoubler encore de vigilance sur ses antennes et ses supports numériques » pour « donner une information factuelle et équilibrée de la situation » au Proche-Orient, « sans céder à l’émotion ni aux pressions, tout en donnant la parole à toutes les parties ».

Un soutien fort pour Mohamed Kaci

Le communiqué de la chaîne, par ailleurs relayé par Olivier Rafowicz, a très rapidement suscité une vague d’incompréhension et même d’indignation parmi les journalistes en France. Une énorme vague de solidarité s’est alors manifestée à l’endroit de Mohamed Kaci. La section du Syndicat national des journalistes (SNJ) de TV5 Monde a apporté son soutien « le plus ferme » à Mohamed Kaci.

S'étonnant du communiqué de presse de la direction « qui ressemble à un désaveu », il déclare ne pas bien comprendre « à qui il est destiné et qui il doit rassurer ». « Les compétences et le professionnalisme de Mohamed Kaci sont reconnus depuis de longues années. Sa présence toujours effective à l'antenne le confirme. (…) Son travail (…) n'a jamais eu à souffrir de manquements aux principes déontologiques », précise le SNJ, qui loue le présentateur pour « l'esprit critique, la véracité, l'exactitude, l'intégrité, l'équité, et l'impartialité pour les piliers de son action journalistique ».

« Aucun journaliste quel que soit son niveau de hiérarchie au sein de la rédaction ne saurait être tenu pour seul et unique responsable de l'antenne », indique le SNJ, pour qui « l’interview du 15 novembre, « comme toute production de la rédaction de TV5 Monde, est le fruit d'un travail commun ». Et de conclure : « Le journalisme est une lutte collective. Un combat à mener en gardant la tête froide, hors des réactions et buzz des réseaux sociaux, en faisant fi des pressions de tout ordre. »

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