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Sur le vif

Honneur à Emile Poulat, sociologue à la source de la laïcité

Rédigé par La Rédaction | Mercredi 19 Décembre 2012 à 12:34

           


Le sociologue des religions Emile Poulat s’est vu élever au rang d'officier de la légion d’honneur par François Hollande dimanche 9 décembre. Pour rendre hommage à ce spécialiste de la laïcité, la date choisie pour lui remettre la légion d’honneur n’avait pas été choisie au hasard car elle coïncidait avec le jour anniversaire de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat.

Emile Poulat, 92 ans aujourd’hui, s’est illustré par sa recherche prolixe dans le domaine de la laïcité. « Ce sociologue des religions a consacré sa vie à la recherche, et à l'enseignement en France et dans le monde et a contribué à promouvoir la laïcité comme une valeur essentielle de notre vivre-ensemble », avait déclaré François Hollande en lui remettant la légion d’honneur.

Bien loin d’une laïcité s’opposant aux religions comme n’hésitent pas à brandir certains politiques, il offre une autre lecture de la laïcité, la vraie. « Ceux qui prétendent faire une interprétation "dure" de la loi 1905 l’ont-ils vraiment lue ? Il ne peut pas y avoir deux lectures ! Si on est dans l’idéologie, on est en dehors du réel et donc du texte de la loi. Il y a une loi, qui accorde à l’Église la liberté. (…) Désormais, les Églises jouissent d’une totale et entière liberté, elles n’ont pas de compte à rendre. C’est ça, la loi de 1905 », commentait-il dans ce sens, dernièrement, sur le site Famillechrétienne.fr.

« Tout le monde parle de la laïcité mais personne ne sait vraiment de quoi l’on parle », affirmait-il déjà sur Saphirnews l’an dernier. Pour lui, ce concept ne repose que sur la séparation de l’Etat et des religions « régie par les textes et non pas par les idées qui circulent ».

Quant à l’idée de François Hollande d’inscrire la loi de 1905 dans la Constitution, il la trouve « absurde ». « Mettre la loi de 1905 dans la Constitution, c’est impossible. Seuls les deux premiers articles pourraient éventuellement y entrer. Mais tous les autres articles de la loi – dont certains sont périmés, comme celui qui évoque le service militaire des séminaristes – ne peuvent être constitutionnalisés », explique-t-il.

Soucieux de revenir aux sources de la laïcité, le sociologue est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, dont Scruter la loi de 1905, la République française et la religion (Fayard, 2010) et Notre laïcité publique (Berg international, 2003) mais aussi La Question religieuse et ses turbulences (Berg international, 2005) ou encore Intégrisme et catholicisme intégral (Casterman, 1969).

A un moment où la laïcité est de plus en plus instrumentalisée, les positions du directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), également directeur de recherche au CNRS et historien de l'Église contemporaine, méritent d’être saluées.

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