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Forum des migrations à Madrid : éliminer les frontières juridiques et sociales

| Mardi 16 Septembre 2008 à 09:13

           

Plusieurs milliers de personnes, citoyens et représentants d'associations et d'ONG venus de 90 pays, ont manifesté dimanche 14 septembre dans la capitale espagnole pour réclamer "un monde sans murs", en clôture du troisième Forum mondial des migrations. Pendant trois jours, à Rivas près de Madrid, du 11 au 13 septembre, les débats ont porté sur la situation de plus en plus difficile des populations immigrées. Parmi les mesures particulièrement critiquées, la "directive de la honte", adoptée récemment par les pays européens.



Forum des migrations à Madrid : éliminer les frontières juridiques et sociales
Les pays de l’Union Européenne (UE), mauvais élèves du 3ème Forum mondial des migrations. Cette émanation du Forum social mondial lancé à Porto Alegre (Brésil) en 2001 a réuni environ 2000 délégués venus de 90 pays pendant trois jours du 11 au 13 septembre à Rivas près de Madrid (Espagne). Le mot d’ordre : dénoncer tous les « murs physiques, juridiques et sociaux qui empêchent la libre circulation des personnes ». La "directive de la honte", adoptée en juin dernier par l’UE, a été la principale cible des critiques de ces rencontres internationales. Cette disposition sur le retour des migrants, permet de détenir jusqu’à dix huit mois les étrangers en situation irrégulière, et fixe la durée de l’éloignement hors des frontières européennes à cinq ans. A l’ouverture des trois jours de débats, le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit des migrants a fustigé cette directive qui selon lui constitue « une escalade dans la criminalisation des migrants » (1).

« Ce ne doit pas être toujours les mêmes qui subissent le plus les crises, les pauvres, les migrants, il faut éliminer les frontières géographiques et mentales » (2) a déclaré le maire de Rivas, José Masa. L'Espagne qui a toujours été un exemple dans ses politiques d'accueil des populations immigrées n'a pas été épargnée par la critique. Pour des raisons économiques, le gouvernement Zapatero va réduire très fortement son quota de main-d’œuvre étrangère en 2009. Mais, si les responsables du Forum s’accordent à dire que la crise actuelle qui touche plusieurs pays n’est pas la seule en cause dans le raffermissement des politiques migratoires, pour l’évêque brésilien, Démétrio Valentini, ces mesures révèlent que « nous sommes face à une crise de civilisation qui affecte l’humanité tout entière ». Les pays riches se crispent face à l’afflux des déplacés. Et les mouvements vont s’amplifier dans les quarante prochaines années puisque 150 à 200 millions de personnes seront contraintes par le dérèglement climatique.

L’Europe doit « retrouver sa vocation à travailler à une intégration mondiale », indique la résolution finale du Forum qui réclame également le retrait de la directive européenne. Les pays européens sont invités à signer la Convention de l’ONU sur les droits des migrants, un texte adopté en 1990 et qui n’a été ratifiée par aucun des états de l'UE. « Un premier pas important serait que nous soyons le premier pays européen à ratifier la Convention des Nations Unies sur les droits des travailleurs migrants et de leurs familles » avait déclaré à l’ouverture Ignacio Diaz de Aguilar, président de la Commission espagnole d’aide aux réfugiés (CEAR) et coordinateur du FSMM. Il avait par ailleurs plaidé pour la création d’une « agence internationale de l’ONU qui défende les droits de ces personnes, dans les pays d’origine, de transit et d’arrivée », afin de « palier à la vulnérabilité dans laquelle vivent des millions de migrants dans le monde ». Une revendication qui apparaît également dans la "déclaration de Rivas ".



(1) "La politique migratoire de l'UE au banc des accusés à Madrid, Le Monde, 15 septembre 2008
(2) "Un forum social en faveur des migrants", RFI, 14 septembre 2008




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