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« Fillon 4 », le nouveau gouvernement en place

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Rédigé par Anissa Ammoura | Mercredi 24 Juin 2009 à 09:23

           

Le remaniement, initialement prévu pour mercredi 24 juin, a été révélé hier soir suite à l'annonce dans la journée de Frédéric Mitterand lui-même comme nouveau ministre de la Culture et de la Communication. Huit nouveaux ministres ont pris place au sein du gouvernement Fillon 4, huit changements de portefeuille se sont opérés et huit personnalités politiques ont été remerciées. Le premier Conseil des ministres et les passations de pouvoir ont eu lieu ce mercredi 24 juin.



Les huit nouveaux membres du gouvernement Fillon 4. De gauche à droite et de bas en haut : Frédéric Mitterrand, Michel Mercier, Pierre Lellouche, Nora Berra, Christian Estrosi, Marie-Luce Penchard et Henri de Raincourt.
Les huit nouveaux membres du gouvernement Fillon 4. De gauche à droite et de bas en haut : Frédéric Mitterrand, Michel Mercier, Pierre Lellouche, Nora Berra, Christian Estrosi, Marie-Luce Penchard et Henri de Raincourt.
Le remaniement ministériel, tant attendu, a enfin été annoncé hier soir. François Fillon reste le chef de bord de trente-huit ministres, parmi lesquels on compte huit entrées et huit changements de portefeuille.

Huit nouvelles têtes font donc leur entrée au gouvernement, à commencer par le député UMP de la Marne, Benoist Apparu, 39 ans, au poste de secrétaire d’État chargé du logement et de l’urbanisme. Il fut rapporteur de la loi LRU sur l'autonomie des universités de 2008.

La nouvelle secrétaire d'État chargée des aînés s’appelle Nora Berra. Fille d’un tirailleur algérien, âgée de 46 ans, elle est conseillère municipale de la préfecture du Rhône et, depuis les élections du 7 juin, députée européenne dans la circonscription Sud-Est.

Le poste de ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi, chargé de l’industrie, sera occupé par Christian Estrosi, député-maire de Nice, ancien ministre délégué à l’Aménagement du territoire (2005 à 2007), et ancien secrétaire d’État chargé de l’Outre-Mer auprès du ministère de l’Intérieur (2007-2008).

À 58 ans, Pierre Lellouche, avocat et député parisien depuis 1997, devient secrétaire d’État chargé des Affaires européennes.

Le sénateur centriste Michel Mercier, président du conseil général du Rhône, est le nouveau ministre de l'Aménagement du territoire et de l'espace rural.

La nomination qui est au centre de tous les bavardages est celle de Frédéric Mitterrand, 62 ans, neveu de l’ancien président et actuel directeur de la Villa Médicis à Rome, qui remplace Christine Albanel au ministère de la Culture et de la Communication. Il a lui-même annoncé sa nomination, mardi 23 juin, ce qui a eu pour effet d'avancer l'annonce officielle le soir même, initialement prévue pour le mercredi 24 juin. Sans étiquette politique, il adhère en juin 1993 au Mouvement des radicaux de gauche (MRG), mais appelle à voter pour Jacques Chirac à la présidentielle de 1995.

Marie-Luce Penchard, 50 ans, est nommée secrétaire d'État à l'Outre-Mer. Originaire de Guadeloupe, elle s’est fait connaître lors des élections régionales de 2004. En 2008, elle devient conseillère technique en charge de l'outre-mer et est nommée secrétaire nationale de l'UMP chargée de l'outre-mer.

Sénateur de l’Yonne depuis 1986, Henri de Raincourt devient à 61 ans ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. En 2008, il avait remplacé Josselin de Rohan à la tête du groupe UMP du Sénat.

La valse des ministères

Du côté des changements de ministères, Michèle Alliot-Marie lègue le ministère de l’Intérieur, de l’Outre-Mer et des collectivités territoriales à Brice Hortefeux, ancien ministre du Travail. Cette dernière remplace Rachida Dati au poste de ministre d'État, garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés.

Xavier Darcos quitte le ministère de l'Éducation nationale, pour le ministère du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité. Son remplaçant n’est autre que le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel.

La secrétaire d’État auprès du ministre des Affaires étrangères, Rama Yade, quitte les droits de l’homme – qui disparaît par la même occasion – pour celui des Sports.

Ex-secrétaire d’État chargée de la solidarité, Valérie Létard est nommée secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de l'Écologie et du Développement durable.

Jean-Louis Borloo, l’actuel ministre de l'Environnement, de l'Énergie et du Développement durable voit ses attributions élargies à la mer, aux technologies vertes et aux négociations sur le climat.

Ancien secrétaire d’État chargé des affaires européennes, Bruno Le Maire est nommé ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche.

Jean-Marie Bockel devient secrétaire d'État auprès du ministre de la Justice et des Libertés et laisse la place de secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants à Hubert Falco, lui-même ancien secrétaire d’État chargé de l’aménagement du territoire.

Nadine Morano est confirmée dans ses fonctions de secrétaire d'État chargée de la famille mais obtient en plus le portefeuille de la solidarité.

Hervé Novelli a été nommé secrétaire d'État chargé du commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation; et Christian Blanc, secrétaire d'État chargé de développement de la région capitale auprès du Premier ministre.

Sont confirmés dans leur fonction : Bernard Kouchner, Christine Lagarde, Valérie Pécresse, Patrick Devedjian, Hervé Morin, Roselyne Bachelot, Éric Besson, Laurent Wauquiez, Nathalie Kosciusko-Morizet, Dominique Bussereau, Fadela Amara, Alain Marleix, Anne-Marie Idrac, Alain Joyandet, Chantal Jouanno, Martin Hirsch.

Rachida Dati (Justice), Michel Barnier (Agriculture), Christine Boutin (Logement), Christine Albanel (Culture), Roger Karoutchi (Relations avec le Parlement), André Santini (Fonction publique), Bernard Laporte (Sports) et Yves Jégo (Outremer) quittent le gouvernement.

Les rumeurs sur l'entrée d'Alain Juppé et de Yazid Sabeg n'ont donc pas été confirmées.

Sarkozy à Versailles, un discours qui divise

Ce remaniement ministériel intervient à peine 24 heures après le discours du chef de l'État devant le Parlement réuni en congrès à Versailles lundi 22 juin, une première depuis 1848. Parmi les points importants de ce discours, la réforme des retraites sera étudiée « à la mi-2010 », et « toutes les options seront examinées » a déclaré Nicolas Sarkozy, « Il faudra que tout soit mis sur la table : l'âge de la retraite, la durée de cotisation et la pénibilité ».

Côté économie, un emprunt national est envisageable « pour financer les priorités du gouvernement ». « Le montant et les modalités » de cet emprunt, qui sera lancé « soit auprès des Français, soit auprès des marchés financiers », « seront arrêtés une fois que nous aurons fixé ensemble les priorités ». Mais il a précisé ne pas vouloir augmenter les impôts, « car cela retarderait longtemps la sortie de crise ».

Sur la commission d'enquête sur la pratique du port de la burqa, Nicolas Sarkozy a déclaré que « le problème de la burqa n'est pas un problème religieux, c'est un problème de liberté, de dignité de la femme (...). C'est un signe d'asservissement, c'est un signe d'abaissement », avant de préciser : « Nous ne devons pas nous tromper de combat, dans la République la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions. »

Concernant la loi Hadopi, le président a soutenu qu'il « irait jusqu'au bout » de cette loi sur le téléchargement illégal.

En matière d'éducation, le président a préconisé « une solution à tous les adolescents qui sortent du système scolaire à 16 ans sans rien » pour « leur éviter de rester en marge de la société ».

En matière sociale, le chef de l'État a affirmé que « tout licencié économique, je dis bien tout licencié économique, doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an ».

D'autre part, il a confirmé sa « détermination » à avancer sur la taxe carbone : « Plus nous taxerons la pollution, plus nous allégerons les charges pesant sur le travail. »

Comme on pouvait s'y attendre, les réactions au sein de l'opposition et de la majorité sont partagées, le scepticisme à l'égard du discours concernait essentiellement la question de l'emprunt national.

Pour le chef de file des députés UMP, Jean-François Copé, ce discours était « le message que nous attendions : comment, dans cette deuxième partie du quinquennat, préparer les Français à ce qui sera bientôt l'après-crise ».

Pour la première secrétaire du PS, Martine Aubry : « Du président de la République, on attendait qu'il soit à la hauteur du moment et du lieu. Le moment, une crise d'une gravité exceptionnelle, exigeait une vision. (...) Le discours présidentiel nous plonge dans la consternation : le chef de l'État paraît dépassé par les enjeux (...). Ce discours démontre malheureusement une absence de cap économique et confirme qu'il y aura bien un sévère tour de vis social. » Sur le grand emprunt, elle estime qu'« il ne s'agit pas d'une relance, mais d'un habillage pour masquer la responsabilité du pouvoir actuel dans l'aggravation des déficits, paquet et bouclier fiscal en tête, et l'absence de mesures pour combattre le chômage et augmenter le pouvoir d'achat des Français ».

Pour le président du MoDem, François Bayrou, le discours du chef de l'État s'apparente à un « incroyable catalogue de campagne électorale ». « L'annonce d'un nouvel emprunt a quelque chose de surréaliste, parce que de l'emprunt on en fait tous les jours (...). On en est à 140 milliards de déficit annuel annoncés par le ministre des Finances. Où sont les limites dans cette dérive qui semble ne plus avoir de frein ? », s'interroge-t-il.

La nouvelle équipe gouvernementale en charge de mener à bien la politique de Nicolas Sarkozy s'est réunie pour la première fois ce mercredi 24 juin en Conseil des ministres. Dans la même journée, avaient lieu les passations de pouvoir dans les ministères ainsi que la première séance de questions au gouvernement, à l'Assemblée nationale.




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