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Sur le vif

Discriminations : le difficile accès au logement locatif pour les Noirs et les Arabes

Rédigé par Catherine Guenach | Vendredi 15 Décembre 2017 à 18:28

           


Pour obtenir un logement dans le secteur privé, il fait bon de s’appeler Sébastien Petit plutôt que Mohamed Chettouh ou Désiré Sambou. Selon une nouvelle étude portant sur la discrimination à l’accès au logement locatif, publiée vendredi 15 décembre et réalisée par le laboratoire de recherches du CNRS Travail emploi et politiques publiques (TEPP), les personnes ayant des origines supposées maghrébines et africaines ont 26 % à 32 % de chances de moins de visiter un logement à louer.

Dans le cadre du testing d’une ampleur inédite, réalisé par quatre chercheurs des universités de Bourgogne-Franche-Comté, Marne-la-Vallée et Le Mans, les profils de huit faux candidats ont été élaborés afin de répondre à plus de 5 000 annonces de location du parc privé émanant de particuliers et d’agences immobilières dans 50 villes. Tous recherchaient un deux pièces (F2), vide ou meublé, loué environ 500 euros par mois.

Le profil neutre – sans consonance étrangère - de Sébastien Petit recevait 14 % de réponses positives en vue de visiter un logement tandis que le profil maghrébin de Mohamed Chettouh n’en obtenait que 10,1 % de réponses, ce qui équivaut à 26,7 % de chances en moins entre les deux profils. Même quand le candidat d’origine maghrébine est fonctionnaire, le taux ne remonte qu’à 10,7 %. Le profil africain de Desiré Sambou n’a obtenu que 9,44 % de succès, soit 32,5 % de chances en moins.

Si les discriminations sont présentes partout, c’est Nice, Paris, Poitiers, Rouen, Bordeaux, Lorient, Nîmes, Pau, Reims et Montpellier qui sont parmi les villes les moins discriminantes selon l’étude, contrairement à Perpignan, Limoges, Valenciennes, Avignon, Nancy, Amiens, Bethune, Le Havre, Orléans et Caen.

Une enquête de perception sur le même sujet a été publiée jeudi 14 décembre par le Défenseur des droits. Sur 1 000 personnes qui ont cherché un logement à louer dans les parcs privé et social au cours de cinq dernières années, 14 % disent avoir été discriminées dans cette quête. Ce taux grimpe à 40 % chez les personnes perçues comme noires, 30 % comme arabes, 24 % pour les mères seules et 19 % pour les personnes en situation d'handicap. Les hommes vus comme blancs et diplômés ne sont que 5 % à se plaindre de discrimination.

« Les démarches entreprises pour faire valoir leurs droits par les personnes qui déclarent avoir été confrontées à une discrimination lors de leur recherche de logement restent peu fréquentes » avec 11 % des personnes concernées, indique le Défenseur des droits. « La difficulté de la preuve, la complexité des procédures ou encore des délais souvent dissuasifs, restent souvent des obstacles insurmontables en l’absence d’un solide accompagnement. »

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