Connectez-vous S'inscrire

Monde

Des organisations françaises en soutien aux ONG palestiniennes déclarées « terroristes » par Israël

Rédigé par | Vendredi 5 Novembre 2021 à 17:30

           

Une vingtaine d'organisations françaises ont appelé, vendredi 5 novembre, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, à condamner la décision israélienne plaçant six ONG palestiniennes dans la liste des organisations terroristes.



Des organisations françaises en soutien aux ONG palestiniennes déclarées « terroristes » par Israël
Six ONG palestiniennes ont été classées parmi les organisations « terroristes » par les autorités israéliennes : Addameer Prisoner Support and Human Rights Association, Al-Haq Law in the Service of Man (Al-Haq), Bisan Center for Research and Development, Defense for Children International-Palestine (DCI-P), Union of Agricultural Work Committees (UAWC) et Union of Palestinian Women’s Committees (UPWC). Une décision incompréhensible qui a soulevé, dès son annonce le 22 octobre, l’indignation de nombreuses organisations internationales.

Deux semaines après cette décision prise par le ministère israélien de la Défense, 26 organisations françaises ont décidé, ensemble, d’exprimer « leur pleine solidarité avec les six ONG palestiniennes ciblées, qui dénoncent les violations des droits humains en Palestine, et que le gouvernement israélien tente de réduire au silence ».

« Cette décision n’est pas un cas isolé d’atteinte à l’espace civique de la population palestinienne sous occupation israélienne, mais la dernière d’une série d’attaques contre les ONG palestiniennes de défense des droits humains, qui font l’objet d’accusations injustifiées, notamment d’appel à la haine, d’antisémitisme et de soutien au terrorisme ainsi que de menaces, d’intimidations, de restrictions de mouvements et d’arrestations, uniquement pour avoir fait leur travail », signifient-elles dans un communiqué commun lancé vendredi 5 novembre.

Les organisations, qui veulent du gouvernement français qu’il fournisse « une protection plus concrète aux défenseurs des droits humains en Palestine et en Israël, en particulier aux six ONG menacées », appellent le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian à condamner « cette attaque sans précédent contre la société civile palestinienne, qui criminalise de fait les défenseurs des droits humains en Palestine », mais aussi « à utiliser toutes (ses) ressources pour conduire le gouvernement israélien à annuler cette décision ».

Une délégitimation des ONG qui « participent in fine à la persistance des violations des droits de l’Homme »

« Les attaques du gouvernement israélien contre ces organisations constituent une menace exceptionnellement grave pour la société civile palestinienne qui s’efforce de surveiller et de documenter les violations des droits humains et de fournir des services de base au peuple palestinien », font-elles valoir.

Figurent, dans la liste des signataires, Amnesty International, l'Association France Palestine Solidarité (AFPS), CCFD-Terre Solidaire, Human Rights Watch (HRW), la Ligue des droits de l’homme (LDH), Médecins du Monde – France, Oxfam, l'Union juive française pour la Paix (UJFP) ou encore la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine. Cette dernière a publié le 14 octobre le rapport « Attaques, diffamations : décryptage des stratégies de délégitimation de la défense des Palestiniens » dans lequel est expliqué comment les associations et les personnes qui dénoncent les multiples violations des droits des Palestiniens font l’objet d’une recrudescence d’attaques visant à les délégitimer, « ce qui constitue une attaque contre les libertés associatives ».

Ces attaques, qui peuvent prendre diverses formes (atteinte à la réputation via des accusations d’antisémitisme, de soutien au terrorisme et de troubles à l’ordre public, culpabilité par association, poursuites judiciaires, annulations et modifications d’événements académiques et culturels, interpellation d’acteurs publics tiers (personnel politique, bailleurs publics...), « obéissent toujours à la même logique : les critiques du gouvernement israélien sont déformées pour les présenter comme des appels à la haine, ce qui entraîne une augmentation des risques liés au soutien des droits des Palestiniens. Ces entraves aux libertés associatives ont un effet de dissuasion, et participent in fine à la persistance des violations des droits de l’Homme ».

A force, souligne la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine, elles augmentent « le coût des prises de position en faveur des droits du peuple palestinien. Si de nombreuses stratégies échouent, les efforts nécessaires pour y résister que doivent fournir les organisations de la société civile, les bailleurs ou les pouvoirs publics peuvent être dissuasifs ».

Face à de tels constats, la France est appelée « à rejeter publiquement les attaques des acteurs de la délégitimation comme cela a déjà été le cas dans d’autres pays, et à engager une réflexion sur la mise en place d’une procédure de reconnaissance pour mieux protéger les associations qui défendent les droits de l’Homme ».

Lire aussi :
Malgré l'interdiction de manifester à Paris, le soutien à la Palestine visible
Le CFCM, en soutien aux Palestiniens, veut engager musulmans et mosquées de France
Israël dénoncé comme un Etat d’apartheid par l'ONG israélienne B'Tselem
Palestine : que dit le droit international du droit à la résistance ?


Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !