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Culture & Médias

« Ces caricatures sont dangereuses pour les musulmans »

Entretien avec Maître Hafiz

Rédigé par Propos recueillis par Fouad Bahri | Vendredi 10 Février 2006 à 18:43

           

Après l’échec, mardi 7 février, de la procédure en référé intenté par le Conseil Français du culte musulman contre l’hebdomadaire satyrique Charlie Hebdo, Saphirnews revient avec le avocat, Maître Chems-eddine Hafiz, sur les circonstances de ce qu’il convient d’appeler maintenant « l’affaire des caricatures ».



Chems-eddine Hafiz, avocat du CFCM
Chems-eddine Hafiz, avocat du CFCM
SaphirNews.com : Maître Hafiz, la justice a annulé votre procédure de mise en référé pour cause de vice de forme. Que s'est-il passé ?

Maître Hafiz : Le droit de la presse a une procédure très particulière dont le formalisme contraignant permet d'éviter qu'on assigne un journal de façon un peu légère.
En ce qui concerne notre procédure, la requête a été déposée à 10h du matin. A 11h20, l'autorisation judiciaire de délivrer mon assignation avant 13h m'a été donnée pour l'audience de 15h. Matériellement, la dénonciation au parquet n'était pas possible, ni la délivrance de l'assignation au directeur de la publication. C'est sur cette faille que le tribunal a déclaré irrecevable notre requête pour interdire la parution de Charlie Hebdo ou son affichage, prévu le mercredi 8 février.

Certains ont qualifié ce nouvel échec de camouflet du CFCM. Que leur répondez-vous ?

Quant le CFCM ne fait rien, on l'accuse d'immobilisme. Quant il fait quelque chose, on emploie d'autres mots. Cette procédure a eu le mérite de montrer que les instances représentatives de l'Islam de France ont choisi de se battre sur le terrain du droit. En saisissant le juge, c'est au gardien des libertés fondamentales qu'elles s'adressent.

Que compte faire le CFCM ?

Nous envisageons une poursuite sur le fond contre Charlie hebdo. La liberté de croyance est un principe fondamental aussi important que celui de la liberté d'expression.

En cas d'échec, ne craignez-vous pas l'établissement d'une jurisprudence défavorable à l'encontre des musulmans ?

Il y a beaucoup de jurisprudences qui protègent les croyants, quant ils se sentent attaqués de manière injustifiée et offensante. Ainsi l'article 1 de la constitution de 1958 proclame que la République française « respecte toutes les croyances ». Même chose pour l'article 10 de la convention européenne. Des textes relatifs à la liberté de la presse prévoient l'infraction d'injure publique envers des personnes, en raison de leur appartenance à une religion. Des décisions de justice ont aussi été prononcées pour le respect des croyances comme pour la fresque publicitaire de la Cène.

Une manifestation pour le respect des religions et de la déontologie journalistique est organisée samedi par des associations musulmanes d'Ile-de-France. Le CFCM la soutient-elle ?
 
Le CFCM a choisi la voie judiciaire. Il estime que cette voie est la meilleure pour défendre sa cause. Il s'inscrit sur le terrain du droit. C'est un terrain où le seul risque que l'on prenne, c'est celui de perdre. Avec la manifestation, il y a plus de risques de débordement et de récupération. Cela peut porter préjudice à la communauté musulmane. Il faut que les musulmans apprennent à canaliser leurs sentiments car nous fonctionnons dans un cadre républicain. L'amalgame entre Islam et terrorisme m'a fait de la peine. Associer dans un dessin la profession de foi musulmane avec une bombe est inadmissible. Ces caricatures sont dangereuses pour les musulmans qui vivent leur islam en France. Ils doivent faire preuve de retenue.







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