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Avec Rhapsodie des oubliés, une entrée réussie dans le monde des lettres pour Sofia Aouine

Rédigé par | Mercredi 4 Décembre 2019 à 12:06

           


Avec Rhapsodie des oubliés, une entrée réussie dans le monde des lettres pour Sofia Aouine
La rentrée littéraire, ce sont des livres et des auteurs que l’on attend. Et, quelques fois, ce sont des auteurs qu’on découvre, des plumes et des récits qui vous percutent par leur beauté et leur justesse.

Le premier roman de Sofia Aouine, Rhapsodie des oubliés, est de cette trempe-là. Disons-le tout de go : Sofia Aouine fait une entrée fracassante dans le monde des lettres.

Rhapsodie des oubliés relate l’histoire d’Abad, un adolescent réfugié, exilé avec ses parents du Liban, tourmenté par son passé et sa vie troublée dans le quartier de la Goutte-d’Or, à Paris. C’est par le truchement de sa voix et de son regard que se dévoile la vie des habitants du quartier. Les prostituées, la misère, l’amour derrière l’apparente laideur, les islamistes « Barbapapa »… Abad, avec ses mots crus, décrypte et perce la beauté de son quartier. Fin observateur de la vie de son quartier, Abad, à l’image d’un philosophe, nous fait découvrir un monde au-delà des apparences.

Si la narration et l’histoire de Rhapsodie des oubliés s’articule autour de la vie d’Abad, de « ses bêtises » commises avec son groupe d’adolescents, de ses démêlés avec l’aide à l’enfance et de sa relation avec ses parents, le roman a des accents de narration polyphonique.

Condamnée à consulter une psychiatre après une décision de justice, Abad fait la rencontre Ethel Futterman dont la voix s’entremêle à celle d’Abad et donne au roman un supplément d’âmes. Loin des clichés, des idées convenues, Sofia Aouine nous fait voir tout en finesse des destins bousculés, des destins d’exilés.

Si l’auteure reconnait volontiers avoir été inspirée par le cinéma de François Truffaut pour peindre le personnage d’Abad, les lecteurs de Romain Gary et d’Emile Ajar seront troublés de déceler le souffle et la verve du roman classique La Vie devant soi.

Le roman de Sofia Aaouine sonne juste. Récompensée par le Prix de Flore pour son premier roman, l’auteure de Rhapsodie des oubliés parvient à signer un livre plein de verve, à la plume acérée, qui nous laisse espérer de beaux moments de littérature pour les années à venir.

C’est tout ce que l’on peut souhaiter à Sofia Aouine et à ses lecteurs et lectrices déjà nombreux et nombreuses.

Avec Rhapsodie des oubliés, une entrée réussie dans le monde des lettres pour Sofia Aouine

Présentation de l'éditeur

« Ma rue raconte l’histoire du monde avec une odeur de poubelles. Elle s’appelle rue Léon, un nom de bon Français avec que des métèques et des visages bruns dedans. »

Abad, 13 ans, vit dans le quartier de Barbès, dans la Goutte d’Or, Paris XVIIIe. C’est l’âge des possibles : la sève coule, le cœur est plein de ronces, l’amour et le sexe torturent la tête. Pour arracher ses désirs au destin, Abad devra briser les règles. A la manière d’un Antoine Doinel, qui veut réaliser ses 400 coups à lui.

Rhapsodie des oubliés raconte sans concession le quotidien d’un quartier et l’odyssée de ses habitants. Derrière les clichés, le crack, les putes, la violence, le désir de vie, l’amour et l’enfance ne sont jamais loin.

Dans une langue explosive, influencée par le roman noir, la littérature naturaliste, le hip-hop et la soul music, Sofia Aouine nous livre un premier roman éblouissant.

Sofia Aouine, Rhapsodie des oubliés, La Martinière, août 2019, 208 p., 18 €


Samia Hathroubi
Ancienne professeure d'Histoire-Géographie dans le 9-3 après des études d'Histoire sur les débuts... En savoir plus sur cet auteur


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